Passion de l’humour : comment faire perdurer le plaisir
Je me dĂ©finis souvent comme une passionnĂ©e de l’humour. Mes interlocuteurs me disent, d’ailleurs, qu’ils ne savent pas comment je fais pour assister Ă tant de shows. Aujourd’hui, je me le demande. Je ne pense pas devenir aigrie face Ă ce milieu. Au contraire, c’est l’occasion idĂ©ale de dessiner avec vous l’aprĂšs de cette lune de miel. L’humour et moi, on est comme un vieux couple. Ainsi, on doit trouver des stratagĂšmes pour raviver la flamme. DĂ©couvrez pourquoi la passion de l’humour Ă©volue avec le temps !
Passion de l’humour : que faire quand cela devient un sport extrĂȘme
Ces derniers mois, j’ai vu mon rapport Ă l’humour Ă©voluer. Aujourd’hui, lorsque je vois une personne s’extasier Ă la publication d’un plateau ou d’un spectacle particulier, capable de faire des kilomĂštres pour y assister, je ne suis plus dans l’ambiance. Avant, je faisais des allers-retours en province pour une soirĂ©e d’humour. J’accumulais avec un plaisir total des plateaux tantĂŽt miteux, tantĂŽt huppĂ©s. Je pouvais voir cinquante fois le mĂȘme passage, jusqu’Ă connaĂźtre les blagues de tout le monde.
Je critiquais alors l’entre-soi. J’Ă©tais lĂ Ă trouver le public ingrat de ne pas apprĂ©cier toute la grandeur qu’on lui proposait. Je voulais dĂ©couvrir tout le monde, mĂȘme si je savais que j’allais passer de mauvaises soirĂ©es. Au moins, j’allais savoir pourquoi tel ou tel humoriste ne valait pas le coup. J’Ă©tais prĂȘte Ă sacrifier du temps pour cela. En grande quantitĂ©, qui plus est.
Les effets bĂ©nĂ©fiques de la passion de l’humour
L’humour a toujours Ă©tĂ© un guide dans ma vie. Il Ă©tait lĂ quand je n’avais personne Ă qui parler. Je regardais les DVD d’Eric et Ramzy, y trouvant de l’espoir pour surmonter les problĂšmes. L’humour thĂ©rapeutique va de soi pour moi, et ce depuis toujours. Depuis deux ans, j’ai complĂštement sombrĂ© dans cet univers. En m’engouffrant dans ces caves, j’Ă©tais lĂ Ă oublier mes soucis et Ă me reconstruire. Je me souviens avec un peu de honte de la maniĂšre gauche avec laquelle j’abordais les gens de ce milieu.
Si seulement j’avais eu ce conseil de Roman Frayssinet avant. Vous savez, celui oĂč il explique qu’il ne faut jamais mettre quelqu’un sur un piĂ©destal ou en-dessous de vous.
Se noyer dans les podcasts humour
RĂ©cemment, l’un de mes collĂšgues m’a donnĂ© un avis intĂ©ressant : et si traĂźner avec tous ces humoristes, tout le temps, devenait toxique ? Je prĂ©cise qu’il ne m’a pas prise Ă parti pour m’humilier, la discussion Ă©tait trĂšs constructive. Dans le mĂȘme temps, j’ai rencontrĂ© ThĂ©o Guyon. Ce tout jeune humoriste se pose dĂ©jĂ mille questions sur comment faire de l’humour. Il Ă©coute tous les podcasts (il en a mĂȘme un !). Ăgalement, il connaĂźt tout l’univers du stand-up. C’est un passionnĂ© hard-core de l’humour, et dans le bon sens du terme. Comme moi, il peut citer des passages de podcasts, car comme moi, il les a tous entendus.
Je les aime, ces podcasts. DĂšs qu’il y en a un de disponible, je l’intĂšgre au SoundCloud du spot du rire. C’est toujours hyper cĂ©rĂ©bral, un peu nĂ©vrotique. Parfois, j’aspire Ă un peu plus de lĂ©gĂšretĂ©, un dĂ©sir de dĂ©connexion.
Passion de l’humour : reconnecter avec le rire
Je vous ai dĂ©jĂ parlĂ© de Koober. Depuis septembre, mes nouveaux collĂšgues me font hurler de rire. Je pleure de rire quand j’en vois un traire une vache avec une Nintendo Switch lors de la pause dĂ©jeuner. Je prends un malin plaisir Ă faire le pitre pour mon voisin de bureau. C’est encore plus jouissif quand tout cela contamine l’open-space.
Et puis, quand je reviens voir du stand-up, les rires sont plus rares. C’est comme si les plateaux avaient perdu cette lĂ©gĂšretĂ© Ă faire de l’humour. Heureusement, il reste des lieux oĂč j’arrive Ă rire. J’Ă©tais Ă l’Etage Marrant – Dimanche Marrant Ă©tendu au week-end, Ndlr. Il n’y avait que des cadors. On n’avait pas forcĂ©ment Fary ou des mecs 100% produits. Pour moi, c’Ă©tait plutĂŽt agrĂ©able parce que Charles Nouveau et Jean-Philippe de Tinguy Ă©taient Ă nouveau rĂ©unis. Ces deux-lĂ ont un caractĂšre spĂ©cial pour moi, comme tout le monde sait.
Rire au bon endroit, au bon moment
Discours typique de l’entre-soi, mais je m’en fous. C’est lĂ oĂč cette passion de l’humour est nĂ©e, c’est normal que ça me ressource. Je n’ai plus de gĂȘne Ă le dire et je me moque bien de ce qu’on peut en penser. Avant, c’Ă©tait diffĂ©rent. Le moindre commentaire me faisait vriller. Trop de passion, sans doute.
Il y avait aussi Pierre Thevenoux, l’humoriste le plus connu… dans mon open-space. La chance Ă un ami en commun du gars qui trait des vaches avec de la technologie. Si vous ĂȘtes perdus, c’est l’Ă©poque qui veut ça. J’ai aussi vu Wary Nichen. Ce gars-lĂ , c’est drĂŽle, parce que je ne le trouvais vraiment pas drĂŽle au dĂ©but. C’est notamment grĂące au podcast de Louis Dubourg que j’ai un peu plus dĂ©couvert le personnage. La connexion dĂ©sormais opĂ©rĂ©e, je comprends beaucoup mieux son statut et je ris de bon cĆur.
Jason Brokerss, aussi, m’a demandĂ© du temps pour connecter. Ce soir-lĂ , le signal Ă©tait bon. C’est drĂŽle, quelques heures plus tard, le petit Ă©cran permettait Ă Laurent Ruquier de le confondre avec Fary et de lui faire de la pub.
Mon rapport aux artistes a changé
Depuis septembre, j’ai assistĂ©, comme tout le monde, l’explosion de nouveaux plateaux d’humour Ă Paris. Vous ne lirez pas une analyse sur ce changement, parce que j’ai essayĂ© de l’Ă©crire et mon texte a mutĂ© en une critique parfois virulente. En cause : le sentiment de harcĂšlement pour venir tel ou tel soir.
Je le comprends : chacun veut avoir sa part du gĂąteau et chacun est en droit d’ĂȘtre rĂ©fĂ©rencĂ© ici. Or, avec tant de soirĂ©es, l’offre devient illisible et on ne sait plus oĂč donner de la tĂȘte. J’ai bien du mal Ă diffĂ©rencier les plateaux qui Ă©mergent, surtout quand ils sont tenus par de parfaits inconnus. MĂȘme pour moi.
Le #MeToo d’applaudissements
Tout ceci ne sont que des pĂ©ripĂ©ties. En revanche, sur scĂšne, j’ai dĂ©couvert des humoristes absolument inutiles. Avant, je pensais qu’il fallait des c*uilles pour monter sur scĂšne et je respectais tout le monde. Cette pĂ©riode est rĂ©volue. En effet, certains artistes formatĂ©s de maniĂšre scolaire au style d’humour Jamel Comedy Club (intonation, rythme, thĂšmes, etc.) me donnent souvent envie de quitter la salle.
Ce sont ceux qui vous forcent Ă applaudir. La passion de l’humour, on repassera… La situation est simple :
- L’humoriste sort une blague qui ne fait rire personne.
- Il laisse un silence pour laisser aux gens le temps de rire.
- Le public reste silencieux.
- L’humoriste, devenu agressif, rĂ©clame qu’on applaudisse, arguant que c’est sa meilleure blague. Bien sĂ»r, il rĂ©pĂ©tera 3 fois l’opĂ©ration en 7 minutes.
- Bonus spĂ©cial influenceur : s’il est programmĂ© pour son nombre d’abonnĂ©s, l’antipathie atteint des sommets.
J’ai croisĂ© l’un d’entre eux Ă l’Underground Comedy Club. Pour le coup, c’est un plateau assez historique. En sortant, je ne l’avais pas vu dans mon champ de vision, et le gars m’interpelle et me demande de sourire quand je passe devant lui. On atteint des sommets. Si vous voulez savoir de qui il s’agit, je suis navrĂ©e, je n’ai pas retenu son nom. Mais vous le reconnaĂźtrez, et puis d’ailleurs, il n’est pas tout seul.
Une note positive
Aujourd’hui, j’ai une vision plus objective de l’humour. Je ne prends plus forcĂ©ment le parti des artistes, mĂȘme si je garde un profond attachement pour les plus sincĂšres d’entre eux. En rĂ©alitĂ©, j’aime toujours l’humour. Je l’aime quand il est sincĂšre, qu’il ne rĂ©pond pas Ă un patchwork de recettes qui ont marchĂ©. Parce que c’est l’art de cuisiner tous ces ingrĂ©dients qui distingue un bon humoriste d’un chef Ă©toilĂ© du rire.
Passion de l’humour : ce que j’aime chez les humoristes
Je prĂ©fĂšre un jeune humoriste qui donne tout, mĂȘme si cela n’a rien de parfait, Ă un gars qui a de l’assurance mais aucune idĂ©e. Quelqu’un m’a dit que j’Ă©tais trop complaisante avec certains humoristes (vous pouvez vous aussi donner votre avis !). En rĂ©alitĂ©, j’aime parler d’artistes comme Florent Mathey ou SalomĂ© Partouche.
Ils ont certes peu d’expĂ©rience, mais ils sont allĂ©s au bout de leur crĂ©ation artistique. Le premier joue sur des imitations ridicules, mais il donne tout dans son jeu. La seconde, qui n’a pas Ă©mu l’un de mes contacts manager d’artistes, a Ă©tĂ© un coup de cĆur immĂ©diat. Je me souviens encore de ce Dimanche Marrant, lorsqu’elle jouait encore du stand-up. AdhĂ©sion immĂ©diate, identification face Ă sa folie… Et son spectacle ! Elle a eu le courage de dĂ©vier d’un format qui plaĂźt pour proposer un seul-en-scĂšne poĂ©tique. Je crois l’avoir vu plusieurs fois, elle fait partie de ces gens qui m’attirent Ă plusieurs reprises dans leurs salles. Je les compte sur les doigts de mes mains.
A mon avis, il ne s’agit pas de complaisance, mais de la maniĂšre d’exprimer ma passion de l’humour – toujours un peu vivante. J’ai toujours du mal Ă me plier Ă l’exercice de la critique, parce qu’il suffit d’aller en plateau d’humour pour comprendre qui va vous faire rire. Au final, ce n’est pas Ă moi de vous dire qui n’est pas drĂŽle, vous ĂȘtes assez lucide pour le dĂ©couvrir.
Un mot sur la photo
Cette photo date du mois d’octobre. Je n’Ă©tais pas prĂ©sente Ă la soirĂ©e, mais je suis passĂ©e en coup de vent. Je devais sĂ»rement aller au One More. J’ai vĂ©rifiĂ©, c’Ă©tait effectivement le premier late show de Tania Dutel. C’est mon nouveau mode de fonctionnement : j’alterne entre les invitations et les moments privilĂ©giĂ©s avec la fine fleur de l’humour.
Je me dis parfois que j’ai envie d’ĂȘtre le Philippe ManĆuvre de l’humour. Ensuite, j’ai lu son livre et ses confessions. En vrai, il tisait grave avec les artistes, ça va ĂȘtre dur d’en faire de mĂȘme #modedeviesain #commePierreThevenoux. Cette envie d’ĂȘtre lĂ , d’avancer ensemble et de partager avec eux des lendemains qui chantent… Elle est bien lĂ , par contre !
Cette photo capture merveilleusement bien les bons cĂŽtĂ©s de l’humour. Jean-Patrick la joue lubrique, Laurent Sciamma s’enfile un peu de breuvage OKLM… Antek est, plus que jamais, heureux. Rey Mendes est aussi grand qu’il en a l’air. Et il y a mĂȘme une tĂȘte que je ne connais pas, Cindy Mostacci. Le signe que je dois encore dĂ©couvrir de nombreuses personnes et que ma mission continue đ