Humour instantané – Bas les masques !

Juliette Follin 15/07/2020

Depuis la réouverture de certains théâtres et plateaux d’humour, j’éprouve encore une certaine réticence à me déplacer. J’aimerais beaucoup consommer de la comédie comme avant. Les injonctions multiples sur les règles sanitaires (masques…*) divergeant de lieu en lieu, j’avoue être un peu perdue.

Dans ce plateau d’humour où le masque est obligatoire selon un écriteau que personne ne voit, je fronce les sourcils. Il me suffit de jeter un rapide coup d’œil aux alentours pour voir que personne n’en porte. J’adresse un 2673e vent à un humoriste qui tente une bise. J’entame alors un dialogue interne avec mon moi hypocondriaque. C’est pas possible, ils savent que se tripoter entre eux, ces comiques, ou quoi ?

Les masques tombent

Dans un théâtre assez connu cette fois-ci, le port du masque est effectivement obligatoire. Mais le préposé à la billetterie nous confie que chacun fait ce qu’il veut une fois dans la salle.

« Responsabilité individuelle » est un gros mot en France, je crois.

Au bout de 2 minutes, 80 % des gens passent en mode « visage naturiste ». J’ai l’impression de déborder de courage 30 minutes. 30 minutes à résister au laxisme de mes voisins… Or je suis la dernière personne à imiter l’autre irréductible qui finit par céder à la pression populaire. Avec cette impression d’avoir l’air stupide quand j’en porte, puis quand je n’en porte pas.

Vous la vivez aussi, cette schizophrénie ? Ou alors mon angoisse a pris le contrôle ? J’enrage toute seule face à un pays qui a besoin d’interdictions ou d’amendes pour se responsabiliser. Pardonnez-moi cet égarement… J’écoute un peu trop RMC chez moi. Alors que j’aimerais tant profiter de la vie et gérer ma partie de cache-cache avec un virus mondial.

J’essaie ensuite de me convaincre que de toute façon, ils ne protègent pas à 100 %, ces masques. Que la vie, c’est déjà un risque en soi, alors autant sortir de son appartement. Mon dialogue interne s’arrête face à mon flux d’actualité. Dans cet enfer de pixels et de masques sociaux, une ribambelle d’artistes taille la nouvelle ministre de la culture. Ils demandent encore de l’argent, toujours de l’argent. Tout cela au nom de la création ou l’exception culturelle. Mais commençons par la familiariser à la nouveauté

En résumé, je me fais chier. Je me demande si je ne vais pas rester cloîtrée chez moi 14 jours. Vous savez, histoire de maintenir mes parents en sécurité avant de leur rendre visite. Dans mes rares entraves à mon auto-assignation à résidence, je croise des nouveaux humoristes que je ne connais pas. J’aimerais bien les voir… Mais je me limite à 3 sorties par semaine (et encore, quand je suis vraiment dévergondée !). Celles-ci se font de préférence dans la même bulle… Alors imaginez croiser 73 open-micers qui se disent bonjour avec le poing (vous avez des coudes, bande de boloss ?)…

En quelques mois, je suis devenue esclave de l’entre-soi. Alors si vous sortez à ma place, racontez-le en contribuant au site ! Pendant ce temps, je vais dompter mon hypocondrie au mieux…

Un dernier mot

*Maintenant, on sait qu’en août, les masques seront obligatoires en lieu clos.

Mais cet article est surtout un billet d’humeur qui vous partage mes angoisses à l’instant T. Je suis clairement frustrée de ne pas profiter autant de la reprise, en tant que spectatrice, que les humoristes. Ces derniers sont en réalité obligés de jouer un maximum de peur d’être de nouveau confinés et de voir leurs revenus disparaître.

Si je ressens ça, j’imagine que d’autres amateurs d’humour peuvent se dire la même chose… Alors je le partage !

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