Debout Paris Festival : une première réussie qui donne la banane

Fabien Tarabiscotto 20/09/2018

Imaginé par la polyvalente humoriste et productrice Shirley Souagnon, le 1er festival 100% stand-up en France, Debout Paris Festival, a vu le jour le week-end du 14 au 16 septembre. On retrouve également Jessie Varin, directrice artistique de la Nouvelle Seine, à l’organisation. Le tout pour nous permettre de passer ces 3 jours sous le signe du rire, il n’y a pas mieux en astrologie.

Voir aussi : Debout Paris Festival : retour sur la soirée Topito Open Mic Night

3 jours, 3 péniches (le Flow, la Nouvelle Seine, le Jardin Sauvage), plus d’une vingtaine de shows, documentaires, ateliers-rencontres et expos. Tout ça avec du beau temps de la bonne humeur… et un peu d’alcool comme dans tout festival qui se respecte, et le départ est donné.

Premiers pas à Debout Paris

Sur les quais de Seine règne une ambiance légère. Les touristes prennent des photos, se pressent près de Notre-Dame, mais j’ai le sentiment que tous rateront l’essentiel. Malgré un drapeau « Debout Paris » planté devant l’entrée de la Nouvelle Seine tout le week-end, la plupart y adresseront un regard furtif avant de retourner à leurs selfies. Je peine à y croire. C’est comme ouvrir un vieux placard, fouiller dans les vieux manteaux, sentir la fraîcheur de la neige… et le refermer sans se rendre compte qu’au bout il y a Narnia. Blague à part, aujourd’hui je tâte toujours le fond des armoires… on ne sait jamais !

Le festival débute par un atelier-rencontre sur le thème de la professionnalisation du « stand-up » en partenariat avec la SACEM. Un public jeune, amateur de stand-up et en quête d’informations s’y rend. On ne se connait pas mais on partage tous la même passion. J’ai l’impression de rencontrer une famille éloignée que je n’aurais jamais vu.

La conférence, animée par des professionnels du milieu, portera sur des zones d’ombres du métier d’humoriste. Droits d’auteur et gestion de la communication sont ainsi au centre du débat. On écoute, on apprend, on sourit, on échange. Le décor est ainsi planté : discussions intéressantes, ambiance bienveillante, du partage et du rire. Le premier événement sera donc à l’image du festival : drôle, sympathique et chaleureux.

Les documentaires : du stand-up sur grand écran

Quand on aime le stand-up, on aime en voir, parfois en faire, mais on aime aussi tout le contenu qui l’entoure : podcasts, interviews, documentaires. À ce niveau-là, le Debout Paris Festival va nous combler.

Samedi 15 septembre, c’est séance ciné. 5 euros le documentaire. L’occasion de payer pour du contenu gratuit que j’avais déjà vu. Stupide à première vue, mais j’avais l’impression de soutenir les artistes de cette façon. Du coup, 15 euros pour les 3 documentaires, soit le même prix que pour un nouveau Star Wars en 3D… sauf que là, il y a un scénario.

Cependant, on n’a pas la 3D. Mieux : on a la 4D : les humoristes/réalisateurs sont disponibles pour des questions à la fin des projections. Ambiance conviviale et intimiste. Pas de salle comble, à croire que tout le monde préfère manger du pâté au festival de la bouffe du sud-ouest en face sur les quais. Festival où François Hollande (l’Andy Kaufman français), pourtant un des meilleurs stand-uppers actuels, a préféré passer.

Personnellement le programme des documentaires me faisait plus saliver :

On vous conseille naturellement d’aller regarder chaque documentaire. Chacun est bien différent des autres et aborde le stand-up sous différents angles.

Visionnez les documentaires stand-up !

Dans le premier, Shirley Souagnon explique ce qu’est le stand-up pour un public non initié et nous parle de son évolution en France lors de ses dernières années, notamment à travers ses échanges avec ses collègues humoristes. On pourra apprécier les vidéos en backstage avec le ressenti des artistes pris sur le vif.

Le deuxième nous fait voyager et découvrir le stand-up dans de nombreux pays (Russie, Allemagne, Angleterre, Etats-Unis, Belgique, Canada…). Yacine Belhousse parcourt le monde et à travers des entretiens avec des humoristes locaux, on découvre l’aspect universel de l’humour. On pourra apprécier la découverte des différentes cultures de l’humour, selon les pays, qui parviennent toutefois à se réunir autour du stand-up.

Swann Perissé part à la recherche de l’humour engagé dans le troisième. A l’instar d’autres humoristes dont elle croise le chemin, elle cherche à mettre dans son texte ses convictions personnelles. Elle rencontrera des comédiens qui, parfois malgré les risques liés aux contraintes politiques ou religieuses, prennent position ou dénoncent, toujours avec humour. On pourra apprécier l’observation des réflexions de Swann et son évolution au fil du documentaire.

Le podcast, pour entendre parler stand-up, en live

Le podcast c’est ce format que j’aime tant pour sa capacité à être écouté n’importe quand : en courant, en faisant les courses, dans les transports, en travaillant… Alors assister à un podcast en live ça peut paraître absurde, mais quand c’est pour « Donc Voilà Quoi » on n’hésite pas et on vient.

« Donc Voilà Quoi », c’est le podcast de Sebastian Marx. Un humoriste américain qui reçoit à chaque épisode ses « potes comiques » pour parler notamment de leur parcours, leurs actualités et évidemment pour parler stand-up. Ce dimanche 14h, nous ne sommes que peu dans la salle, pourtant la liste des invités est élogieuse, ils sont 3 et demi pour l’occasion : Marina Rollman, Yacine Belhousse ainsi que Jason Brokerss et sa fille, qui déjà jeune, manie mieux le micro que le hochet.

L’épisode a fini par sortir à la mi-novembre et je vous conseille fortement de l’écouter. La discussion a porté sur la manière donc chacun aborde le stand-up, l’écriture des blagues ou encore une partie sur la créativité qui était plus qu’intéressante. Parsemés de petites touches d’absurde, dont la présence de Yacine Belhousse n’a rien d’innocente, les échanges étaient vraiment instructifs. J’ai hâte de pouvoir le réécouter. De plus, la valeur ajoutée du live a permis une partie « questions du public » qui réserve quelques pépites.

La crème des plateaux d’humour

L’objectif du festival était notamment de montrer en un week-end ce qu’est le stand-up. Pour ça, le meilleur des plateaux de Paris était réuni. Je n’ai pas pu tous les faire, mais ceux auxquels j’ai assisté étaient au top. Les artistes, de haut niveau, ont fait un sans faute sur scène, et le public pas toujours constitué d’habitué fut à chaque fois conquis.

Tout ça pour finir en apothéose au gala de clôture. Dans une ambiance pétillante et posée que Shirley Souagnon sait installer à la perfection, la salle comble sera la dernière vague de rire du week-end dans ce raz-de-marée de stand-up. Vagues sur lesquelles les humoristes de talent ont surfé et éclaboussé les spectateurs. Les blagues ont ricoché pour ne jamais nous retirer ce rire qui a inondé les salles à en faire couler les péniches.

Un gros merci et à l’année prochaine

Un condensé de rire, d’émotions et de partage en un week-end. On n’en attendait pas tant pour une première édition. La disponibilité et la simplicité des artistes ont créé une atmosphère chaleureuse et magique lors de ce festival. Il ne manquait plus qu’un camping pour pouvoir accueillir, à l’instar de certains festivals musicaux, des provinciaux plus facilement.

Enfin, je voulais remercier Shirley Souagnon, Jessie Varin ainsi que tout ceux qui ont participé à l’organisation et à la bonne tenue de ce festival. J’avais prévu de faire un tour au festival de l’huma pendant le week-end… je n’ai pas pu. L’ambiance de Debout Paris m’a poussé à rester. Merci également à la Nouvelle Seine, que j’ai squattée tout le week-end, et toute son équipe pour leur accueil bienveillant. Je vous conseille par ailleurs d’y faire un tour, les spectacles sont souvent de qualité et la scène est magnifique. De plus, l’expérience « péniche » qui tangue et vous berce durant les shows offre des sensations atypiques.

J’ai peut-être l’écriture optimiste sur cet article mais c’est tel que je suis. Et il n’y a objectivement pas grand-chose à redire sur ce festival. C’est mieux que Narnia en fait. Du coup, la seule pensée qui me vient en partant c’est : vivement l’année prochaine !

Crédits photo

© Christine Coquilleau / La croisière s’amuse au Jardin sauvage

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