Témoignage – Harlem était à Génération Paname

L'invité du spot 01/01/2020

Harlem, vous la connaissez peut-être déjà. On a vécu ses premières minutes sur scène, bien avant son passage du côté du Québec pour fouler la salle de ses rêves, le Bordel Comédie Club. Revenue à Paris depuis, elle a assisté au tournage de Génération Paname.

Le projet était assez confidentiel, et il régnait une certaine incertitude sur la diffusion effective de ce plateau d’humour sur le service public. Avant la diffusion ce soir de la première à 23h35 sur France 2 (ou sur le net jusqu’au 9 janvier), vivez cette soirée de l’intérieur, en immersion. Merci à Harlem pour son témoignage !

Des plateaux télé aux plateaux stand-up, l’aller… 

Comme pas mal d’humoristes de ma génération, avant de triper sur Louis C. K., Bill Burr ou d’autres grands noms du stand-up américain, on a tous une chose en commun. On a tous grandi avec le Jamel Comedy Club et on est tous passé par le Paname Art Café un jour. Aller/retour entre plateaux télé et plateaux d’humour, l’éternel amour… 

Avant de devenir le temple du stand-up parisien que l’on connait aujourd’hui, le Jamel Comedy Club a d’abord été une émission télé produite par Jamel Debbouze et Kader Aoun pour Canal+ en 2006. Enregistrée au Réservoir, elle a donné naissance à la 1re génération de stand-uppers français et a changé, à jamais, le visage de l’humour en France et pour beaucoup, nos vies.

Les premières idoles d’une génération

Mes préférés étaient déjà Yacine Belhousse et Blanche Gardin. Voir les 2 ensemble, c’était juste magique ! Ils m’ont tellement marquée que j’ai fini par pousser la porte du Jamel Comedy Club pour voir du stand-up en vrai.

C’est là que j’ai entendu parler du Paname pour la première fois. C’était via Shirley Souagnon et Tony Saint Laurent, croisés là bas, avec qui on a parlé écriture et jeu. 

J’étais journaliste à la télé à l’époque. J’invitais souvent des humoristes sur le plateau de Ce soir (ou jamais !). Or je rêvais déjà secrètement de quitter les plateaux télé pour faire du stand-up, moi aussi. Shirley et Tony m’ont appris que Le Paname était un peu le camp d’entraînement des humoristes de la troupe. Là où tu fais tes armes, le lieu où tu testes tes vannes sur le public. En somme, la salle est un labo, un incubateur et un révélateur de talents. Là-bas, tu t’essaies à l’art du stand-up. Ouvert par Kader Aoun, Karim Kachour et Abdé, il y a 10 ans, le lieu — j’allais l’apprendre plus tard — est le rite de passage de tout humoriste.

Génération Paname : franchir le pas

Ça m’a pris encore quelques années avant de passer enfin la porte du Paname. Ce temps de maturation est souvent nécessaire pour assumer son envie d’écrire et de faire rire. Je ne savais pas comment m’y prendre. Écrire, je l’avais toujours fait, mais jamais pour parler de moi ! Je ne savais pas quoi dire, je bloquais.

Donc, j’ai décidé d’aller voir du stand-up tous les soirs, en commençant par la salle historique du Paname, un soir de février 2018. Et la magie a opéré ! Je tombe par hasard sur Adib Alkhalidey, dont je suis fan absolue. Il arrivait de Montréal pour jouer un mois à Paris et tester ce qui allait être la base, un an plus tard, de son 30 minutes sur Netflix, consacré aux Humoristes du monde.

Rencontres inoubliables

Ce soir là, discuter avec Adib, le voir jouer… Découvrir Rédouane Bougheraba, Fadily Camara et toute la nouvelle génération de stand-uppers… Tout cela m’a libérée. J’ai ri, la base pour écrire ! Je l’avais juste oublié, en fait. Je suis rentrée chez moi, inspirée et j’ai écrit mon premier 5 minutes. J’ai pu le tester au Paname, peu de temps après et il m’a conduit à Montréal, 6 mois plus tard au Bordel Comédie Club, sur la trace de mon idole québécoise, où je retourne jouer chaque fois que je le peux. Là bas le rire est une industrie, super pro et le niveau est très haut, c’est hyper stimulant. 

Je suis, depuis, une fidèle du Paname. J’y viens autant pour voir le meilleur du stand-up, qu’y faire mes classes d’humoriste, moi aussi. J’y teste régulièrement mes textes. Je fais un peu moi aussi partie de cette Génération Paname. Il m’est arrivé de partager le Labo du rire, l’open mic du Paname avec Fary, venu tester son nouveau stock. Avant qu’il n’ouvre son lieu, en novembre dernier, Madame Sarfati comme Shirley, un mois avant lui avec son Barbès Comedy Club

Des plateaux stand-up aux plateaux télé, le retour… 

Aujourd’hui les clubs se multiplient en France et plus seulement à Paris, les Québécois viennent jouer à Paris. Le stand-up est partout, jusqu’à la télé sur France 2.

Ce soir, mercredi 1er janvier, à 23h35 on pourra voir la première émission de Génération Paname. Consacrée aux talents confirmés du lieu, elle met en lumière les grands de l’humour d’aujourd’hui et demain. J’étais là, le 6 novembre dernier, le soir de l’enregistrement des 2 premiers volets de la série, comme 70 fidèles. Et on nous a gâtés. 

Le Paname a fait peau neuve : exit la cave, la scène du Paname telle qu’on l’a toujours connue. « Le repaire de Batman » comme l’appelle Kader Aoun, qui a pris le temps de répondre à mes questions. On a eu droit à une toute nouvelle scénographie et à un dispositif exceptionnel pour la captation. Lumières tamisées, fresque murale de toute beauté est signée Stéphane Malka. Il revisite les codes du stand-up US classique avec son mur de briques tout en l’éclatant et l’éclairant de néons. « La nouvelle scène fait partie intégrante du Paname aujourd’hui, on l’utilise régulièrement ». La cave reste également : « Pas de Paname sans la cave »

Génération Paname, c’est quoi ?

« C’est une émission de stand-up classique, avec Mathieu Madénian en MC » pour animer un show de plus d’une heure. « 70 minutes, exactement », précise Kader. Sur scène, on retrouve les figures emblématiques et les plus prometteuses de la salle. Au total, 10 humoristes se succèdent par émission. Parmi eux figurent Norman, Djimo, Ahmed Sparrow, Marie Réno, Pierre Thevenoux, AZ, Redouane Bougheraba et Lenny M’Bunga, entre autres. 

« J’ai l’impression que ça s’est presque déroulé comme une soirée habituelle au Paname. La plupart des artistes sont tellement rodés à l’exercice que ça s’est fait très naturellement et dans une ambiance très détendue », confie Kader. C’est vrai, on a oublié que la télé était là. Pas de caméras dérangeantes, pas de problème technique. Tout a été fait dans les conditions du direct, avec de rares re-takes. 

Des générations du rire qui se croisent sans cesse

C’est marrant la vie, avant j’étais journaliste à France Télévisions. Mathieu Madénian assurait la voix-off d’Un gars, une fille, il y a 15 ans. Aujourd’hui, le voilà présentateur pour France 2 et moi, jeune humoriste. J’ai fait ma première scène sous les yeux de Yacine Belhousse que j’adorais ! Le plus drôle ? Sans le savoir, ce soir-là, j’allais côtoyer les personnes avec qui j’ai travaillé à la télé des années auparavant… 

L’émission, produite par Kader Aoun Productions est née « à l’origine, quand Michel Field (actuellement, directeur de la culture et des spectacles vivants de France Télévision) est venu un soir au Paname, accompagné de ses 2 collaboratrices Solène Saint-Gilles (responsable des émissions culturelles) et Sonia Djalali (coordinatrice éditoriale) », m’apprend Kader. « Ils ont été conquis par le ton des spectacles et par l’esprit du lieu et m’ont proposé d’en faire une émission de télé ».

Le monde est petit !

Solène Saint-Gilles était ma conseillère de programme sur Ce soir (ou jamais !). Elle avait tenu à me rencontrer quand Frédéric Taddeï m’a choisi comme nouvelle journaliste de l’émission. Nous avons travaillé ensemble avec plaisir, elle est jeune, brillante et curieuse et c’est tant mieux pour France 2. La réalisation soignée de l’émission est aussi signée par un vieil ami de la télévision, Thierry Gautier, à la tête de Gautier & Leduc avec Sylvain Leduc, également chef monteur de l’émission.

« Le générique est concocté par Ilan Cohen. Nous avons tourné 2 émissions pour l’instant, nous serions ravis d’en produire de nouvelles ». On ne sait donc pas pas encore s’il est question d’une suite « Inch’Allah », confie Kader. En scène comme à la télé, c’est donc au public de décider du succès de Génération Paname. Pour ce faire, rendez-vous ce soir à 23h35 sur France 2 ou dès maintenant sur le site de France TV.

— Dalila Abdi, Harlem sur scène

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