Interviews du spot du rire : revivez 10 moments cultes

Juliette Follin 21/05/2020

J’ai profité de ce mois de pause pour me replonger dans les interviews du spot du rire et les améliorer ! Ça m’a aussi permis d’en sélectionner quelques uns des meilleurs extraits. Comme les interviews sont un long format, ces instants de grâce vous ont peut-être échappé.

Les interviews du spot du rire : le best-of

Dans ces 10 moments cultes des interviews du spot du rire, vous retrouverez Nadim, Shirley Souagnon, Pierre Thevenoux, Rosa Bursztein et bien d’autres encore !


1. Nadim explique qu’en cas d’attaque extraterrestre, toutes les nations du monde vont finir par s’entraider


Ton humour comporte plusieurs facettes, assez folles et touchantes si l’on juge l’affiche de ton spectacle Premier contact, et son slogan : un one-man touchant. Est-ce une manière d’oser des choses qui ne se font pas socialement, de transgresser des limites dans la relation avec les gens ?

Je n’ai pas compris la question, mais tu es sympa.

On est d’accord que, dans la vie, tu ne peux pas aborder quelqu’un dans la rue et lui crier « Séverine ! ». Seuls tes spectateurs peuvent comprendre…

Dans l’absolu, tu peux le faire ! Mais la personne se dit « tiens, il ne va pas bien, celui-là ». Dans la vie, je cherche à provoquer quelque chose chez l’autre pour aller le remuer, le faire sortir des sentiers battus. Et que cette personne soit plus dans la vérité par la suite.

Je trouve que c’est bien d’aller plus loin, et partir du postulat que les gens sont tous fous… Mais en vrai, c’est la société qui est complètement barge et qui rend les gens déglingués. Sur scène, j’ai envie de provoquer les gens de façon à ce qu’ils soient tous soudés les uns aux autres, dans le même bateau, en communion. Qu’ils se disent qu’ils ont affaire à un type étrange… Comme quand il y a une attaque extraterrestre contre la Terre : toutes les nations finissent par se tenir la main et s’entraider. Dans mon spectacle, j’essaie de faire en sorte que les gens rient ensemble, en se « moquant » de moi positivement et dans une ambiance bienveillante.


2. Les membres de 2 Tocards font du stand-up esquivent un piège d’intervieweuse malicieuse


La scène nantaise est peut-être la plus dynamique/désirable hors Paris.

Kévin : Ce n’est pas peut-être, c’est la plus dynamique !

Maxime : Je pense que ce n’est pas nécessaire de nous mettre après Paris…

[Kévin se marre encore longuement.]

Peut-on dire que Paris, c’est la quantité, et Nantes, la qualité ?

Kévin : Non, tu ne peux pas dire ça, Juliette ! Tu ne nous laisses pas parler…

Maxime : Tu es vraiment forte parce que certaines de tes questions engendrent un compliment sous-entendu ou une manière de souligner du mérite.

Kévin : Certaines de mes questions ?

Maxime : Certaines des questions de Juliette. Et toi, Kévin, tu es très bon pour les esquiver et ne pas passer pour un fils de… Moi, je tombe dans le panneau, à dire « oui, évidemment ! ». C’est super gênant.


3. Shirley Souagnon a dû répondre à LA question à ne jamais poser : j’ai honte, mais je vous dois la vérité

Il n’y a pas que des moments de fierté à partager parmi les interviews du spot du rire ! En toute transparence, je vous montre une erreur de jeunesse (pas si grave, en réalité !).


Avec toutes ces expériences, couplées à ta masterclass stand-up, es-tu sollicitée par les autres humoristes pour des conseils ?

La masterclass faisait partie de mes activités précédentes, mais cela va s’arrêter : ça prend beaucoup d’énergie. C’est quand même génial, très enrichissant : en enseignant, on apprend encore plus à écrire mieux par exemple. Pour les conseils, c’est plutôt moi qui en donne à tout-va, parce que je suis passionnée de mon travail. Je vais aussi arrêter de le faire, mais c’est vrai que quand je voyais un truc, j’avais envie de dire : « Tiens, tu aurais dû faire ça, ou aborder ce sujet différemment… » j’ai tendance à mettre en garde sur des trucs racistes, misogynes ou homophobes par exemple.

On ne peut pas rire de tout, alors ?…

Si, mais avec finesse. Tu sens tout de suite quand quelqu’un connaît le sujet, et a contrario, quand quelqu’un balance un truc cliché pour juste le balancer. Ou alors, c’est sa pensée première, sa manière de voir les choses qui peut être touchy. Je considère qu’en tant qu’artiste, on doit élever le débat, sa propre mentalité. Pour moi, le stand-up, c’est la philosophie des temps modernes. Je m’applique ces conseils aussi, car parfois je me dis que je pourrais faire mieux !


4. Quand Rémi Boyes parle de Joseph Roussin, et que je démontre avoir raté ma vocation de détective privé


On ne peut pas y couper… parlons de Joseph [Roussin] !

C’est mon moment préféré !

Tu partages des 30-30 et autres visionnages de Star Trek avec Joseph, vous vous êtes connus au labo du rire, c’est ça ? Comment cette complicité est née et évolue avec le temps ?

Tu veux toute l’histoire ?

Clairement, oui.

A mes débuts, au labo du rire, c’était l’un des rares qui m’a fait rire. Au labo, ça débute sévère. Joseph faisait ça depuis un an, et pour moi, c’était cool de voir quelqu’un de drôle dans ces petits plateaux ! On a discuté un peu, et ensuite, je l’ai stalké sur Facebook. Je lui ai envoyé un message pour boire un café avec lui : j’avais envie de parler de comédie, de créer des trucs, écrire des vidéos avec des gens. En fait, c’est mon voisin !

Oui, l’un habite au 39, l’autre au 45…

C’est chelou que tu saches ça !

Tu l’as dit sur Antek on R. Je ne t’ai pas suivi chez toi, rassure-toi…

(Rires) « J’ai des photos… »


5. Rosa Bursztein explique comment elle a passé un cap


Je me souviens du moment où tu as trouvé ton « personnage de stand-up ». Ça t’a fait complètement remanier ton spectacle et tes passages en plateau. Tu ne négligeais aucun détail, en te demandant même si tu devais garder ta frange ! Avec cette nouvelle identité scénique, trouves-tu que cela est plus facile de te présenter au public ?

Absolument ! À un moment, j’ai pris confiance en moi. Dans mon premier spectacle, je pense que j’ai proposé un pot-pourri de plein d’idées différentes. Je voulais faire de l’humour noir, m’inspirer du ton des chroniques politiques, parler d’oppression aussi…

En réalité, je crois que je n’arrivais pas à assumer ce que je voulais vraiment aborder. Je voulais parler d’amour, des relations entre les hommes et les femmes et bien sûr de moi à travers ça. J’ai eu peur d’être à la fois plus forte et plus vulnérable : d’avoir plus confiance en moi, et dans le même temps, montrer mes failles. Il fallait donc que j’assume une part de sensibilité.

Pour progresser, je travaille sur les aspects suivants : ne pas mentir, me dévoiler et aussi gagner en confiance. Au fur et à mesure, j’ai cherché à identifier ce que j’avais vraiment envie de dire. Ça devenait limpide : le stand-up était plus vaste que l’image que je m’en faisais. Dans le même temps, j’ai assumé l’idée que oui, j’étais marrante.


6. Anissa Omri explique le génie de Squeezie (on ne regardait pas, on est désormais accro…)


Comme tu le sais, Le spot du rire fait fi des échelles de popularité ou de notoriété. Je voulais te rassurer sur un point : je connais plus ton univers que celui de Squeezie. J’utilise cette manière détournée pour te laisser parler de Squeezie, car il paraît que tu l’aimes bien. Donc, on parle de Squeezie ?

J’adore Squeezie ! Je l’aime trop, je ne sais pas pourquoi. Je ne l’ai jamais rencontré, mais je ne sais pas, je le trouve hyper sympa. J’ai l’impression que c’est comme un pote. J’imagine que c’est tout le marketing autour de lui qui veut ça. J’ai tendance à vite tomber dans ces trucs-là !

Squeezie, j’ai l’impression qu’on a le même âge et qu’on pense les mêmes choses. Si j’étais lui, si j’avais une chaîne leader sur YouTube, je ferais pareil que lui. J’aurais une vidéo pour dire que je me moque des placements de produit ou des partenariats. Je vais faire ce que j’ai envie de faire, si je veux faire de la couture ou de la poterie, je le fais et je m’en fous. Je le trouve hyper honnête et transparent, même dans sa façon de parler d’argent ou du fait qu’il est blindé de thune.

Il n’est pas nécessairement hyper drôle, je ne le verrais pas passer de YouTube à la scène comme un Norman. Je le trouve jovial, lumineux, ça me fait du bien de le regarder. Il a un truc vachement apaisant à regarder, c’est comme si on avait des private jokes, lui et moi — alors qu’il y a 14 millions de personnes qui les partagent.


7. Les confessions de Pierre Thevenoux : comment il a « ramené des dames à la base » grâce au JCC

Pierre Thevenoux se dit parfois qu’il abuse. Dans l’extrait suivant, témoignage de vérité parmi les interviews du spot du rire, on découvre un comique qui dévoile une stratégie vieille comme le monde. Alors que je suis sûre qu’il a juste à prononcer les mots « dame » et « la base » pour parler des femmes et de son chez lui pour en faire tomber deux-trois. Mais bon, un aveu reste un aveu, et nous vous le partageons dans son plus simple appareil…


Aujourd’hui, as-tu des groupies ?

Non… Il y a des dames qui m’écrivent de temps en temps. Je me suis déjà servi du stand-up pour euh… Comment on dit ? Pour ramener des dames à la base ! (rires)

Il y a certains humoristes, comme Guillermo Guiz, qui sont plus dans un truc de séducteur. Moi, pas trop !

L’amour des vannes, et c’est tout ?

On aurait tort de… Ceux qui disent qui ne se sont jamais servi de ce métier pour choper… Bien sûr que oui, quand je n’avais pas de meuf, je m’en servais ! J’ai déjà fait des trucs scandaleux, du genre choper en disant que j’avais fait le Jamel Comedy Club. (rires)

Mais, tu l’avais fait, je me trompe ?

Oui, mais c’est scandaleux d’utiliser ça pour ça ! Ta phrase d’accroche, ce n’est pas : « tiens, je suis un mec intéressant », mais « j’ai fait ça ». Et ça a marché.


8. Les conseils bien-être de Yazid Assoumani à destination des comiques


Un conseil pour être serein avant un plateau et arriver à déconner et décompresser ?

Dormir, c’est cool ! Je me dis qu’à la base, j’étais étudiant à la fac. Rien ne me destinait à faire du stand-up : je voulais être psychologue. Je ne suis pas censé être là, c’est déjà trop cool ! Il n’y a donc pas de stress à avoir.

Si on m’appelle ou on me propose une première partie, c’est que j’ai déjà été marrant. Il faut juste se dire qu’on est chanceux d’être là et d’avoir ces opportunités. Il y a tant de stand-uppers débutants, ça rappelle qu’on n’est pas sûr d’y arriver. Gravir les échelons petit à petit, c’est un truc de dingue. Il faut donc profiter de ces opportunités : yolo ! (rires)


9. Coup de foudre en plateau d’humour : comment conquérir Adrien Montowski sur scène

Les interviews du spot du rire permettent de réaliser que si certains veulent mourir sur scène, d’autres y préfèrent une expérience basée sur le plaisir. Parce que nous ressentons la même chose qu’Adrien Montowski, on espère vous donner envie de vous faire séduire par un comique.


Faisons plus simple : quand tu vois quelqu’un sur scène, qu’aimes-tu retrouver chez cet artiste ? Tu parlais des failles, par exemple.

J’ai dit tout à l’heure que j’avais du mal avec la punchline. Avec le temps, je commence à l’apprécier, parfois. Je fais surtout attention aux premiers instants, avant de prendre la parole. Comment la personne arrive, quelle tête elle a…

Je suis attentif au flow, à la manière de balancer ses vannes, peut-être plus que le texte en lui-même. Je cherche à savoir qui va me parler, plus que le contenu en lui-même. Ce côté : « Comment tu vas me prendre ? Prends-moi ! »

[Il l’a dit avec beaucoup de fougue, pour la petite histoire. Ndlr.]

En résumé, tu aimes te laisser séduire par la personne sur scène.

Ouais ! Et qu’elle me surprenne : si je pense que tu vas à droite, et que tu m’emmènes dans une autre direction. Là, tu m’as — et pour la vie ! (rires)


10. Échanger des rires et du chocolat : quand les spectateurs nourrissent Jean-Philippe de Tinguy

Ok, c’est mon moment préféré à moi. Oui, dans cette sélection d’interviews du spot du rire, je tire la couverture sur un souvenir personnel. Est-ce que je regrette ? Non. Est-ce que je referai pareil avec le recul ? Évidemment. Cette dernière anecdote va vous donner faim ! Merci d’avoir tout lu, en tout cas 😉


Avant que tu me dises ton meilleur souvenir sur scène, petit aparté : je vais prendre un mouchoir si jamais je ne suis pas dedans… il se peut que je ne le prenne pas super bien !

[Rires]. C’est quand on m’a offert un Kinder Bueno !

Tu sais, quelqu’un d’autre l’a fait !

Non ?! Qui ?

Ce n’était pas comme toi, pendant le spectacle : après le spectacle, quelqu’un est allé à l’épicerie à côté du Point Virgule pour m’en acheter un…

C’est cool quand même, je valide.

Le meilleur souvenir sur scène, je le dois à une amie de Nova, Isadora. Elle est venue en décembre 2016 à mon deuxième showcase au Point Virgule. On a l’habitude de rire ensemble, presque aux larmes, et comme elle était là, j’ai ri avec elle. Ça a porté le spectacle et ça m’a porté.

Encore aujourd’hui, ça me file des frissons. C’était un très bon souvenir de partage : on rit ensemble, avec toute la salle, mais quand on connaît quelqu’un, ça va encore plus loin parce que tu sais pourquoi elle rit. C’est un très bon souvenir, très profond. A tel point que j’y repense parfois quand je suis un peu triste, ou que je ne suis pas d’humeur à jouer. Et ce souvenir de rire ensemble si fort me redonne le sourire !

Crédits photo

© Thomas O’Brien

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