Sacha BĂ©har et Augustin Shackelpopoulos
Dimanche dernier, un rendez-vous nous tendait les bras : le Bunker Comedy Club aux Ăcuries. Aux manettes de ce nouveau plateau : Sacha BĂ©har et Augustin Shackelpopoulos. Des comiques qui se font rares, pour lesquels leur fanbase sâextasie sur deux syllabes : DAVA.
Sacha BĂ©har et Augustin Shackelpopoulos : dâoĂč vient cette hype ?
Pour ĂȘtre honnĂȘte, on nâa pas compris, au dĂ©but. On a bien saisi le phĂ©nomĂšne de raretĂ© : deux gars qui semblent dĂ©sinvoltes, au talent fou, qui se font dĂ©sirer. On sâest interrogĂ© : sont-ce des humoristes de bobos ? Aucune foutue idĂ©e.
Pour paraphraser un Gaspard Proust, les mĂ©dias branchĂ©s comme Les Inrocks se branlent littĂ©ralement sur le phĂ©nomĂšne. Avec cette maniĂšre si habituelle de les annoncer comme les futurs grands de je ne sais quoi. Mon cher petit journaliste, pourrais-tu mâexpliquer pourquoi au lieu de mâexclure du dĂ©lire Paris-intramuros ? Tu ne mâentends pas, je suis au-delĂ du pĂ©riphâ alors bon.
Sauf quâon est en train de tomber dans le piĂšge Ă notre tour. Des gens trĂšs, trĂšs diffĂ©rents citent Augustin Shackelpopoulos (ça a lâair dâĂȘtre le plus attendu des deux*) comme une rĂ©fĂ©rence⊠Il leur a donnĂ© envie de faire du stand-up, parfois. Il y a des gens comme Anne Dupin, Bobbin, Humourman⊠La liste nâest clairement pas exhaustive.
*AprĂšs vĂ©rification, les fans apprĂ©cient les deux de la mĂȘme maniĂšre. La force de Sacha serait le texte, celle dâAugustin, le clown. Si Augustin paraissait plus attendu, câĂ©tait pour son absence des plateaux depuis longtemps. Reprenons lâenquĂȘteâŠ
Lors de leur plateau, Haroun a jouĂ©. Et il a commencĂ© son set par une dĂ©claration dâamour Ă leur humour. Un truc dâadmiration quâon attendrait dâun petit nouveau, mais pas dâun mec aussi capĂ© que Haroun. Je le regardais pendant le passage dâAugustin : non seulement, il Ă©coutait, mais il Ă©tait mort de rire tout le long.
Leur arme fatale : la technique
Sacha BĂ©har et Augustin Shackelpopoulos sont lĂ pour performer. Techniquement, câest parfait : ils nous amĂšnent lĂ oĂč ils veulent, quand ils le veulent, et nous font atterrir Ă un endroit que lâon nâaurait jamais imaginĂ©. Et cela, ils y parviennent Ă chaque blague.
Il leur en faut, de la technique, en vrai. Parce que vu leur attrait pour les blagues qui font rĂ©fĂ©rence aux nazis, on pourrait vraiment tomber dans de la grosse daube. Je ne sais pas si câest la mĂ©fiance face Ă une foule de fanatiques ou lâĂ©nergie de la salle qui me contaminait, mais jâĂ©tais un peu perdue. Dâhabitude, soit jâaime, soit je nâaime pas. LĂ , je tombe dans le mĂȘme Ă©cueil que Les Inrocks et je me mets Ă regarder ça comme de lâart.
Un lieu propice au stand-up de qualitĂ© : les Ăcuries
Il y a prĂšs de trois ans, je me rendais aux Ăcuries pour la premiĂšre fois. CâĂ©tait le premier vrai plateau que je voyais. Je suis mĂȘme dans lâĂ©mission de radio, câest vous dire que le spot du rire Ă©tait en train de naĂźtre.
Ă lâĂ©poque, je dĂ©couvrais RĂ©mi Boyes. Il Ă©tait encore lĂ le soir du Bunker Comedy Club, et il y rejouait quelques passages sur Batman et les souris. Ăa mâa mis un coup de vieux, et ça mâa aussi rassurĂ©e. Les bonnes choses restent les mĂȘmes. Tant quâil y a de lâhumour aux Ăcuries, tout va bien.
Il est de bon ton dâaller aux Ăcuries. En cela, le Bunker Comedy Club a de quoi devenir le nouveau Dimanche Marrant. Ăa fonctionne pareil : il faut arriver bien en avance, parce que la communautĂ© rĂ©pond toujours prĂ©sente et que câest blindĂ©. Des gens debout, il y en a au-delĂ de la scĂšne.
Sur scĂšne, ce nâest plus Guilhem, ce sont Sacha et Augustin. Ăa reste un peu le mĂȘme cercle, il ne manque plus que Jean-Philippe de Tinguy. Pardon, mes tocs me reprennent. Mais tout est liĂ©, car câest grĂące Ă Jean-Philippe que jâai dĂ©couvert un fait dâarmes de Sacha BĂ©har.
Ă la fin de la soirĂ©e, Bobbin mâa demandĂ© pourquoi je nâinterviewais pas ces deux compĂšres. Je lui rĂ©pondais que câĂ©tait un peu comme pour Yacine Belhousse. Face Ă tant de fans autour de moi, jâavais peur de poser des questions bĂȘtes ou de ressentir un syndrome de lâimposteur.
Deux minutes plus tard, on sâapprochait de Haroun et Augustin avec Humourman. Et jâai enchaĂźnĂ© sur une discussion sur la Formule 1 surrĂ©aliste avec Augustin. Elle durait, elle durait. Je ne comprenais pas, et je compris encore moins ensuite : peut-ĂȘtre quâil ironise sur le fait dâĂȘtre intĂ©ressĂ© et quâil est dans son personnage. What the⊠Le mec avait lâair normal, jâai sans doute encore loupĂ© un truc. Ou bien suis-je la seule Ă conserver un brin de luciditĂ© ? Je suis, plus que jamais, perplexe.
Mais câest aussi une occasion en or de vulgariser un humour pour le faire comprendre au grand public. Une question subsiste : veut-on aller sur cette pente, ou ces deux compĂšres doivent-ils continuer dâappartenir Ă leur communautĂ© ? Je ne veux pas y rĂ©pondre pour le moment, semble-t-il. Il va falloir attendre. Sacha BĂ©har et Augustin Shackelpopoulos aiment faire languir les gens, ils le comprendront trĂšs bien.
En résumé
Je suis rentrĂ©e bien, et bien rentrĂ©e, aprĂšs cette premiĂšre aux Ăcuries. Je nâai toujours pas compris la diffĂ©rence entre les plateaux DAVA et Bunker Comedy Club**, vu que ça se passe aux Ăcuries Ă chaque fois. Peu importe, il y avait du beau monde dans le public â et on nâĂ©tait pas au BarbĂšs Comedy Club. Il y avait mĂȘme, selon mes interlocuteurs, Babor. Encore une rĂ©fĂ©rence ultra-conne pour certains, absolument inconnue pour dâautres.
**Apparemment, DAVA câest un truc Ă deux, tandis que Sacha BĂ©har organise le plateauâŠ
Trois ans aprĂšs ce premier plateau aux Ăcuries oĂč je ne connaissais et parlais Ă personne, la scĂšne humoristique a bien Ă©voluĂ©. On regrette lâabsence de femmes sur la premiĂšre du plateau, mais je crois que ce soir-lĂ , tout le monde sâen cognait. Les deux stars de la soirĂ©e Ă©taient bien Sacha BĂ©har et Augustin Shackelpopoulos, ou Augustin Shackelpopoulos et Sacha BĂ©har. Faut-il les citer dans un sens prĂ©dĂ©fini ? Si vous ĂȘtes fans et que vous me dĂ©testez de cette interrogation, expliquez-moi, ça aidera tout le monde.