Sacha BĂ©har et Augustin Shackelpopoulos

Juliette Follin 24/10/2019

Dimanche dernier, un rendez-vous nous tendait les bras : le Bunker Comedy Club aux Écuries. Aux manettes de ce nouveau plateau : Sacha BĂ©har et Augustin Shackelpopoulos. Des comiques qui se font rares, pour lesquels leur fanbase s’extasie sur deux syllabes : DAVA.

Sacha BĂ©har et Augustin Shackelpopoulos : d’oĂč vient cette hype ?

Pour ĂȘtre honnĂȘte, on n’a pas compris, au dĂ©but. On a bien saisi le phĂ©nomĂšne de raretĂ© : deux gars qui semblent dĂ©sinvoltes, au talent fou, qui se font dĂ©sirer. On s’est interrogĂ© : sont-ce des humoristes de bobos ? Aucune foutue idĂ©e.

Pour paraphraser un Gaspard Proust, les mĂ©dias branchĂ©s comme Les Inrocks se branlent littĂ©ralement sur le phĂ©nomĂšne. Avec cette maniĂšre si habituelle de les annoncer comme les futurs grands de je ne sais quoi. Mon cher petit journaliste, pourrais-tu m’expliquer pourquoi au lieu de m’exclure du dĂ©lire Paris-intramuros ? Tu ne m’entends pas, je suis au-delĂ  du pĂ©riph’ alors bon.

Sauf qu’on est en train de tomber dans le piĂšge Ă  notre tour. Des gens trĂšs, trĂšs diffĂ©rents citent Augustin Shackelpopoulos (ça a l’air d’ĂȘtre le plus attendu des deux*) comme une rĂ©fĂ©rence
 Il leur a donnĂ© envie de faire du stand-up, parfois. Il y a des gens comme Anne Dupin, Bobbin, Humourman
 La liste n’est clairement pas exhaustive.

*AprĂšs vĂ©rification, les fans apprĂ©cient les deux de la mĂȘme maniĂšre. La force de Sacha serait le texte, celle d’Augustin, le clown. Si Augustin paraissait plus attendu, c’était pour son absence des plateaux depuis longtemps. Reprenons l’enquĂȘte


Lors de leur plateau, Haroun a jouĂ©. Et il a commencĂ© son set par une dĂ©claration d’amour Ă  leur humour. Un truc d’admiration qu’on attendrait d’un petit nouveau, mais pas d’un mec aussi capĂ© que Haroun. Je le regardais pendant le passage d’Augustin : non seulement, il Ă©coutait, mais il Ă©tait mort de rire tout le long.

Leur arme fatale : la technique

Sacha BĂ©har et Augustin Shackelpopoulos sont lĂ  pour performer. Techniquement, c’est parfait : ils nous amĂšnent lĂ  oĂč ils veulent, quand ils le veulent, et nous font atterrir Ă  un endroit que l’on n’aurait jamais imaginĂ©. Et cela, ils y parviennent Ă  chaque blague.

Il leur en faut, de la technique, en vrai. Parce que vu leur attrait pour les blagues qui font rĂ©fĂ©rence aux nazis, on pourrait vraiment tomber dans de la grosse daube. Je ne sais pas si c’est la mĂ©fiance face Ă  une foule de fanatiques ou l’énergie de la salle qui me contaminait, mais j’étais un peu perdue. D’habitude, soit j’aime, soit je n’aime pas. LĂ , je tombe dans le mĂȘme Ă©cueil que Les Inrocks et je me mets Ă  regarder ça comme de l’art.

Un lieu propice au stand-up de qualitĂ© : les Écuries

Il y a prĂšs de trois ans, je me rendais aux Écuries pour la premiĂšre fois. C’était le premier vrai plateau que je voyais. Je suis mĂȘme dans l’émission de radio, c’est vous dire que le spot du rire Ă©tait en train de naĂźtre.

À l’époque, je dĂ©couvrais RĂ©mi Boyes. Il Ă©tait encore lĂ  le soir du Bunker Comedy Club, et il y rejouait quelques passages sur Batman et les souris. Ça m’a mis un coup de vieux, et ça m’a aussi rassurĂ©e. Les bonnes choses restent les mĂȘmes. Tant qu’il y a de l’humour aux Écuries, tout va bien.

Il est de bon ton d’aller aux Écuries. En cela, le Bunker Comedy Club a de quoi devenir le nouveau Dimanche Marrant. Ça fonctionne pareil : il faut arriver bien en avance, parce que la communautĂ© rĂ©pond toujours prĂ©sente et que c’est blindĂ©. Des gens debout, il y en a au-delĂ  de la scĂšne.

Sur scĂšne, ce n’est plus Guilhem, ce sont Sacha et Augustin. Ça reste un peu le mĂȘme cercle, il ne manque plus que Jean-Philippe de Tinguy. Pardon, mes tocs me reprennent. Mais tout est liĂ©, car c’est grĂące Ă  Jean-Philippe que j’ai dĂ©couvert un fait d’armes de Sacha BĂ©har.

À la fin de la soirĂ©e, Bobbin m’a demandĂ© pourquoi je n’interviewais pas ces deux compĂšres. Je lui rĂ©pondais que c’était un peu comme pour Yacine Belhousse. Face Ă  tant de fans autour de moi, j’avais peur de poser des questions bĂȘtes ou de ressentir un syndrome de l’imposteur.

Deux minutes plus tard, on s’approchait de Haroun et Augustin avec Humourman. Et j’ai enchaĂźnĂ© sur une discussion sur la Formule 1 surrĂ©aliste avec Augustin. Elle durait, elle durait. Je ne comprenais pas, et je compris encore moins ensuite : peut-ĂȘtre qu’il ironise sur le fait d’ĂȘtre intĂ©ressĂ© et qu’il est dans son personnage. What the
 Le mec avait l’air normal, j’ai sans doute encore loupĂ© un truc. Ou bien suis-je la seule Ă  conserver un brin de luciditĂ© ? Je suis, plus que jamais, perplexe.

Mais c’est aussi une occasion en or de vulgariser un humour pour le faire comprendre au grand public. Une question subsiste : veut-on aller sur cette pente, ou ces deux compĂšres doivent-ils continuer d’appartenir Ă  leur communautĂ© ? Je ne veux pas y rĂ©pondre pour le moment, semble-t-il. Il va falloir attendre. Sacha BĂ©har et Augustin Shackelpopoulos aiment faire languir les gens, ils le comprendront trĂšs bien.

En résumé

Je suis rentrĂ©e bien, et bien rentrĂ©e, aprĂšs cette premiĂšre aux Écuries. Je n’ai toujours pas compris la diffĂ©rence entre les plateaux DAVA et Bunker Comedy Club**, vu que ça se passe aux Écuries Ă  chaque fois. Peu importe, il y avait du beau monde dans le public — et on n’était pas au BarbĂšs Comedy Club. Il y avait mĂȘme, selon mes interlocuteurs, Babor. Encore une rĂ©fĂ©rence ultra-conne pour certains, absolument inconnue pour d’autres.

**Apparemment, DAVA c’est un truc Ă  deux, tandis que Sacha BĂ©har organise le plateau


Trois ans aprĂšs ce premier plateau aux Écuries oĂč je ne connaissais et parlais Ă  personne, la scĂšne humoristique a bien Ă©voluĂ©. On regrette l’absence de femmes sur la premiĂšre du plateau, mais je crois que ce soir-lĂ , tout le monde s’en cognait. Les deux stars de la soirĂ©e Ă©taient bien Sacha BĂ©har et Augustin Shackelpopoulos, ou Augustin Shackelpopoulos et Sacha BĂ©har. Faut-il les citer dans un sens prĂ©dĂ©fini ? Si vous ĂȘtes fans et que vous me dĂ©testez de cette interrogation, expliquez-moi, ça aidera tout le monde.

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