Haroun et ses spectacles express : taille patron
Doit-on encore présenter Haroun ? Quand je me pose cette question, je ne saurai pas comment le qualifier. La presse a écrit tant de belles choses écrites sur ce futur très grand de l’humour, déjà bien grand par ailleurs. Ses collègues humoristes l’adorent, le public est tout aussi enthousiaste… L’une des raisons : la prise de risque.
Haroun : des spectacles en 2 mois chrono
En plus de son spectacle régulier au République, Haroun s’est déjà lancé 2 gros défis. Lors des élections présidentielles, il propose ainsi un spectacle spécial élections. Quelques mois seulement pour écrire, jouer et parfaire tout en restant concentré sur l’actualité. Lors des élections, on a été gâté avec les scandales divers et habituels du monde politique.
Pour y parvenir, la discipline d’Haroun est militaire. Passer par tous les plateaux d’humour de Paris et tester, tester sans relâche. Lunettes vissées sur la tête, Haroun ne laisse rien au hasard. La prise de risque semble être son moteur. C’est ainsi que pendant un certain temps, il a lancé l’opération Ta blague. Le principe : les internautes proposent des sujets, il en prend un au hasard et doit le traiter la semaine suivante. Pour la première, il a dû se débrouiller avec la gravitation quantique à boucles. Défi accepté et relevé… avec brio !
Internet etc. : Haroun récidive
En 2018, Haroun reprend le même mode opératoire. Le sujet, internet, lui permet de poser les bases du spectacle avec plus de latitude. Pas de calendrier électoral cette fois-ci, mais un sujet plutôt difficile. Si tout le monde connaît internet, il y a tant à en dire et tant d’angles possibles. Le sujet est d’ailleurs technique lorsqu’on touche à des choses comme les données personnelles et la protection de la vie privée.
Internet est aussi un sujet sur lequel les humoristes doivent se positionner. Pas tous, évidemment, mais cette technologie impacte tellement l’évolution du monde actuel que l’observer est nécessaire. Ça touche tout : la guerre, la drague, les rapports humains, l’évolution du travail. Et ne me lancez pas sur l’intelligence artificielle et les robots sexuels… Cela devient compliqué et un peu creepy.
Verdict
Après un rodage en plateaux puis en spectacle d’une heure, Haroun a proposé ce spectacle au Théâtre de l’Atelier pour 3 dates mi-mai. Pour la dernière, le spectacle a été diffusé en direct… Ils ont choisi de le diffuser indépendamment de YouTube, un parti-pris en phase avec la volonté de garder une parole et une diffusion indépendantes – bien joué.
Mis à part un passage sur les Kardashian qui ne m’a pas emballée, j’ai trouvé ce spectacle truffé de punchlines bien pensées. La raison de ce désintérêt provient plus de ma méconnaissance de la thématique qu’autre chose, donc il n’y a pas mort d’homme. La qualité est encore au rendez-vous, et on salue le travail effectué sur un sujet aussi complexe ! Je pense qu’on le vit toutefois mieux dans la salle que dans son salon. Mais c’est comme tout. S’il fallait choisir, je préférais le spectacle spécial élections… mais je ne saurai pas vous dire si c’est parce que je l’ai vécu dans la salle. (Et que le rire emblématique de Jean-Philippe de Tinguy a pu porter mon appréciation…)
Au début, le site a été victime de son succès… mais ils n’ont rien lâché à la technique et on a pu voir l’ensemble du spectacle avec un léger délai. Inférieur au délai de la fausse alerte de missile à Hawaï, ce qui est plutôt très bien, n’est-ce pas ? Pour comprendre la référence, on vous invite à regarder le spectacle en entier !
Le spectacle est diffusé en live avec une participation au chapeau numérique. Encore une innovation dont Haroun a le secret. Chapeau l’artiste et chapeau la production aussi. Sans mauvais jeu de mot.
L’avis de la concurrence : podcast Driss te parle
Pasquinade : une révolution
En septembre 2019, Haroun rempile après avoir joué En vrac dans des théâtres tenus secrets. Visionnez le spectacle dès le 20 septembre sur pasquinade.fr !
En juillet 2020, Pasquinade devient une plateforme où vous pouvez retrouver les contenus de plusieurs artistes. Le moment est historique : enfin du stand-up indépendant à la sauce francophone. On aime et on adhère !
Crédits photo
© Capture d’écran Onrigolebien.fr – Jean-Philippe Bouchard