Soixante artistes – Kyan Khojandi joue la montre
Soixante, c’est le programme dâhumour diffusĂ© le 26 juin sur Canal+ en prime-time. Le concept : Kyan Khojandi invite 60 artistes pour une heure de blagues. Retour sur un Ă©vĂ©nement de type « dĂ©monstration de force » oĂč chacun avait 1 minute pour sâexprimer, montre en main.
đ Vous cherchez la critique de Soixante 2 ? Elle est ici !
Soixante : une sĂ©lection forcĂ©ment frustranteâŠ
Pendant cette heure de spectacle tĂ©lĂ©visĂ©, je me suis transformĂ©e en supporter beauf. Je hurlais de bonheur Ă quelques (rares) reprises, avant de me lamenter. Oh non, pas lui/elle ! (Au passage, la paritĂ© semblait au rendez-vous â je nâai pas comptĂ© prĂ©cisĂ©ment mais ça avait lâairâŠ)
Je mâattendais Ă un Ă©vĂ©nement davantage axĂ© sur les dĂ©couvertes humour. PrĂ©cision : jâĂ©coute lâĂ©mission de niche Les bras cassĂ©s sur Couleur 3 en Ă©crivant ces lignes. Autant vous dire que si je me penche sur le sujet, alors je vais ĂȘtre critique.
Soixante, câest beaucoup moins que le nombre dâhumoristes en activitĂ©. Pas de Ghislain Blique ou de Pierre Thevenoux, mais on a eu le droit Ă Paul Mirabel, SolĂšne Rossignol, Marie Desroles et RĂ©mi Boyes.
Lâart de la nonchalance
Le problĂšme, ce nâest pas le casting. On reviendra sur quelques perles totalement Ă©tonnantes et surprenantes, qui obligent Ă des fĂ©licitations. Non, câest la nonchalance de certains humoristes prĂ©sents.
Je pense notamment Ă Fary et son personnage de scĂšne ultra-arrogant. Avec ton talent, copain, tu peux faire une minute de blagues. AprĂšs, câĂ©tait aussi nul que malin, donc ça passe encore. LĂ oĂč je suis plus dubitative, câest sur le passage de Melha Bedia. Elle a mangĂ© un poulet Ă main nues, en y versant une tonne de mayonnaise dans son temps imparti.
Issa Doumbia sâest quant Ă lui contentĂ© de scander le nom des deux humoristes avant et aprĂšs lui : Yacine Belhousse et SolĂšne Rossignol.
Les amis, la nonchalance, cela se crĂ©e avec un peu plus de subtilitĂ© que ça. Prenez Monsieur Fraize. Sa prestation ? Pas un mot, puis une rĂ©fĂ©rence au fait quâil nâa pas de texte. DerniĂšres secondes consacrĂ©es Ă regarder le chronomĂštre derriĂšre lui. Et pourtant⊠ça marche ! Câest le meilleur teaser possible de son spectacle, car il est fidĂšle Ă lui-mĂȘme et le spectateur ne se dit pas quâil se fout de la gueule du monde.
Sâil se le dit, câest quâil nâest pas rĂ©ceptif du tout Ă ce type dâhumour. Quoi quâil en soit, le spectateur sait immĂ©diatement si ça vaut le coup de se dĂ©placer. Beau tour de force !
Soixante : de jolis coups de maĂźtre
Qui sâattendait Ă voir Monsieur Fraize dans un format plateau dâhumour ? Sâil joue Ă L’EuropĂ©en, oĂč se tenait la soirĂ©e, la scĂšne avait de quoi surprendre. Mais ma plus belle surprise, câĂ©tait la venue de Kad et Olivier.
Le bonheur Ă©tait palpable : ces deux-lĂ ont marquĂ© des gĂ©nĂ©rations et continuent dâĂ©crire leur histoire au prĂ©sent. Ă mille lieues de la performance dâĂlie Semoun. Mais soyons honnĂȘtes : critiquer Ălie Semoun, câest un peu tirer sur lâambulance. Invoquer le point Nadine Morano ou Ăric Zemmour. Et dâailleurs, 100 % des gens qui mâont parlĂ© de Soixante dĂ©crivaient en des termes peu Ă©logieux sa prestation. Pas besoin dâen dire plus.
Alors, câĂ©tait bien ou pas ?
Je vais ĂȘtre fidĂšle Ă mes origines normandes : les deux ! On ne peut rien reprocher Ă cette soirĂ©e, mis Ă part quelques dĂ©tails. Ceux qui aiment lâhumour Ă haute dose peuvent dĂ©plorer la venue de Bigflo et Oli ou Orelsan et tous les intermĂšdes musicaux. Mais dâautres peuvent au contraire trouver ces respirations bĂ©nĂ©fiques.
Autre Ă©lĂ©ment clivant : la direction artistique. Le format tĂ©lĂ©visuel demande une certaine rigueur, que Navo a apportĂ© avec un talent incroyable. ChronomĂ©trer chaque passage pour quâil dure soixante secondes, câest une chose. Maintenir ce cadre, je ne mâattendais pas Ă le voir de mon vivant. Certains ont dĂ©passĂ© de⊠3 secondes, excusez du peu !
Parfait, donc ? Le souci, dans ces soirĂ©es extrĂȘmement construites, câest de perdre un petit grain de folie. Jâai pris un plaisir plutĂŽt modĂ©rĂ©, parce que jâaime quand lâimprĂ©vu arrive. ProblĂšme de formatâŠ
Ce format reste un excellent coup marketing, comme Le Point Virgule fait lâOlympia sait aussi le faire â mais en mieux. La soirĂ©e a suscitĂ© plus de presse que DerriĂšre un micro, une soirĂ©e stand-up plus classique avec⊠Kyan Khojandi dĂ©jĂ . En tant que public habituĂ© du stand-up, câest lĂ quâil faut sâorienter en prioritĂ©.
Crédits photo
© Canal+ / Jaad Productions