Motel Comedy Kids : du goûter d’anniversaire au stand-up
Le Motel Comedy Club du 5 juin 2022 est une date historique pour le stand-up. On n’avait pas vu autant d’enfants sur un lieu d’humour depuis le Jamel Comedy Kids. Seul problème : au Motel Comedy Kids, ils n’étaient pas venus pour des sketches. Récit d’une soirée stand-up insolite.
OPA hostile de gamins en comedy club
Tout commence à 18 heures, ouverture officielle du bar du Motel à la clientèle. Je revenais de Suisse après un marathon d’événements humoristiques. Je pensais donc trouver un bar désert, comme la fois précédente où j’ai choisi ce lieu pour un date. Le mec ressemblait à Thomas Wiesel (promis, ça se voyait pas sur les photos). Il m’a généreusement éconduite malgré ma volonté de tringler local (c’était pas Thomas Wiesel, Ndlr.).
Là, aucun sosie d’humoriste en vue… mais une horde d’enfants pour le goûter d’anniversaire de la descendance du mec du bar. Ou du photographe. Je ne sais plus qui fait quoi à ce stade : je gère ma pédophobie. À ne pas comprendre à la pratique illégale, puisque la pédophobie renvoie à la peur des enfants.
Ils se battent à 6 autour du micro pour chanter Une souris verte, ils courent avec des bombes à eau… Certains essaient même de me parler. Un autre a l’audace morbide de me dire au revoir et de ne pas partir. Celui-là, s’il fait du stand-up, il fera des blagues provoc’ excessives pour tenter d’exister, et il fera chier tout le monde en dépassant le temps.
Au Motel Comedy Kids, le stand-up reprend ses droits… dans des conditions particulières
Une heure passe et mon invitée arrive (ouf !). La salle dédiée au stand-up est en place, le public prend place. La moitié du public provient du goûter d’anniversaire et n’a aucune idée de ce qu’il va voir. Nachos, le chien du MC Hugo Gertner, rencontre un autre chien, celui d’un membre du public. À un moment, on a dû garder Nachos et pour qu’il reste à proximité, je lui récitais les blagues de Hugo. « Vous savez combien y a de juifs dans le monde ? » Nachos se blottit contre moi. Mission accomplie.
Deux chiens dans la salle, une dizaine d’enfants côté bar et dehors… Tout va bien se passer au Motel Comedy Kids, non ? Le show commence, Manu Bibard arrive avec sa casquette Tag Heuer trouvée en friperie. J’essaie de lui acheter tant elle est cool, il ne cède pas d’un iota. Et pour cause : il y a des blagues de voitures dans le set. Probablement rien à voir avec son nouveau style, puisqu’il se la joue plus hipster que pro du tuning. Question comédie, il sait y faire et son mime remplace habilement son autotune. Comme quoi, Manu a plus de cartouches à dégainer que son fameux « piou-piou » ne semblait l’indiquer.
Élie Oury entre ensuite en scène. Le passage est moins performant, mais il s’en sort avec quelques réussites. En sachant que l’ambiance est particulière, rien de grave à signaler. Sophie Bergeot enchaîne, mon invitée du soir adore son passage — très bon signe.
Jean-Philippe de Tinguy, daron de l’humour
Je ne sais plus si Jean-Philippe de Tinguy passait avant ou après Sophie. La dynamique de son set ressemblait à celle du Trempoint quelques semaines plus tôt. Un medley de ses bonnes blagues, le retour du sketch que j’avais initié… Flottements et fulgurances se mêlaient, un cocktail dont JPdT a le secret.
Mais là où la soirée est partie en sucette, c’est quand Jean-Philippe a grondé les enfants qui essayaient de rentrer dans la salle. Un public turbulent, c’est déjà embêtant. Mais quand il n’a pas l’âge, bonjour la catastrophe (et non la cacastrophe, arrêtez de me proposer cette publicité sur YouTube SVP). Une fois ce public interdit puni, le chien positionné au coin tentait de quitter la salle. Fidèle à son sens de l’observation, JPdT relevait l’incident tel un arbitre de touche-sniper. Pour la petite histoire, il confiait vouloir être grand-père directement dans le podcast de Louis Dubourg #throwback.
La fin de soirée ne remontait pas le niveau, puisque Julien Sabas prenait place. Le bide était franc et clôturait une soirée éclectique, hors du commun et étrangement inoubliable. C’était si bizarre que 6 personnes se levaient à la fin de son passage. Hugo Gertner s’inquiétait et nous demandait alors ce que Julien avait bien pu nous dire pour tous les faire fuir.
Ainsi s’achevait la première soirée stand-up fusion de ma vie. Cette rencontre improbable entre un goûter d’anniversaire et test de blagues, c’est ce pourquoi il faut régulièrement voir de l’humour en vrai. Une saveur particulière, où le meilleur et le pire se côtoient. Si c’était à refaire ? Je signe d’emblée, car des histoires comme ça cassent la routine. Et permettent d’apprécier bien plus encore le prochain carton !