One More Joke au Grand Rex : entre performance et pointe d’émotion
Le 4 avril dernier, le One More Joke investissait un Grand Rex complet pour « créer un souvenir ». Retour sur une soirée stand-up particulière.
One More Joke au Grand Rex : une soirée pas comme les autres
Pour juger ce type de soirée, il faut changer de perspective. L’expérience stand-up comme on l’aime ne passe pas les portes du Grand Rex. J’ai vu Fary là-bas, je n’ai pas trouvé ça dingue. Selon ses dires, le spectacle que j’ai vu était moins bien qu’Hexagone. Si on l’écoute encore, on se rappelle que les grandes salles ne sont pas faites pour le stand-up. C’est indéniable.
Alors faisons abstraction de la capacité de la salle. La soirée, c’est surtout une démonstration de remplissage. Autant vous dire que le public se retrouve un peu comme dans une cage à lapins dans une cité. On est ensemble, mais pour vivre quoi ?
Le gratin des humoristes… dans le public
Je dois vous l’avouer, je ne voulais pas en être. Je me sentais contrainte par l’enjeu : ce plateau, c’est un pan de l’histoire du stand-up. Il y a ce côté « il faut en être ». Un peu comme la coupe du monde 98. La programmation ne me plaisait pas : trop tête d’affiche, pour peu de plaisir et de personnalités attachantes. Je retiens surtout les performances de Haroun, Verino, Marina Rollman, Guillermo Guiz, Romain Barreda et Roman Frayssinet. Apparemment, Baptiste Lecaplain était très bon, mais j’ai un vrai souci à rentrer dans son univers. Au bout du compte, c’est une expérience de plateau classique !
Mais j’ai trouvé une source de motivation : amener du monde. On s’en est donné à cœur joie pour commenter dans les entractes et les passages musicaux avec la nouvelle génération dans le public. Vu que ça ne m’intéresse pas, c’était une perte de temps, mais c’est le problème des événements de ce type. Les puristes s’en fichent de la création de fresques ou d’intermèdes musicaux. Mais c’est surtout moi qui suis rabat-joie.
Une soirée comme un matin de Noël… pour Certe
Au final, ceux qui étaient les plus heureux, c’était l’équipe du One More Joke. Leur plaisir à vivre cette soirée était communicatif. Certe Mathurin était aussi enthousiasmé que quand il arrive à aligner des têtes d’affiche dans son plateau.
J’ai trouvé son texte sur la passion très juste et émouvant. Pour le coup, là, il a réussi à créer un souvenir communicatif. C’est pour moi le temps fort de la soirée. Elle était globalement réussie, mais il m’a manqué un truc en plus. Je n’ai pas retrouvé l’essence du plateau. Il y avait évidemment des poids lourds et un peu de gens de Nova (on aurait pu s’en passer), mais il manquait Louis Dubourg. Détective Froussin, Fred Cham ou Rémi Boyes auraient pu faire le pont avec l’ADN véritable du plateau. Je suis restée sur ma faim, mais je ne peux pas vous dire que c’était un raté.
S’il n’y avait pas le One More Joke, il n’y aurait pas cette vulgarisation du stand-up actuel. D’ailleurs, la preuve ultime, c’est que le nouveau plateau du 44 rue de la Folie Méricourt (Punk up !) ne fonctionne pas vraiment. Ce n’est pas un lieu qui fait tout, mais l’esprit d’une soirée. Et aussi la qualité de la programmation, qui donne envie de se bouger. Quel que soit l’avenir du plateau, espérons qu’il garde son identité !