Gus illusionniste : le meilleur cadeau pour les fĂȘtes ?

Juliette Follin 15/12/2018

Dans quelques temps, je vais avoir la chance de revoir un artiste qui ne fait pas de stand-up. Gus est un illusionniste qui joue actuellement Ă  la ComĂ©die des Champs ÉlysĂ©es, et que j’ai dĂ©couvert l’an dernier.

Cette annĂ©e, j’y suis invitĂ©e par une production, qui a pour habitude d’offrir deux places par dĂ©faut. Je vais en profiter pour offrir une place supplĂ©mentaire Ă  une personne que j’accompagne avec l’association Parrains par mille. Le but de cette structure : offrir un parrainage socio-culturel pas trop contraignant, en fonction de vos aspirations et de celles d’un enfant ou d’un adolescent.

Avant cela, je voulais vous raconter comment j’ai dĂ©couvert cet artiste, le 31 dĂ©cembre dernier.

Gus : l’illusionniste qui sauve votre 31 dĂ©cembre

Gus est l’un des jeunes artistes qui plaisent Ă  la fois Ă  la tĂ©lĂ©vision et sur les planches. Le genre de mec qui dĂ©barque avec son bagout, un sourire Ă©clatant qui fait jalouser Shakira, probablement. Le genre d’artistes que tu vas voir en cachette le 31 dĂ©cembre parce que tu n’as rien Ă  faire d’autre, personne d’autre Ă  inviter mais que tu veux te donner l’illusion de passer une bonne transition d’une annĂ©e Ă  l’autre.

C’est exactement ce que j’ai fait, fin 2017. Je me souviens de cette soirĂ©e comme si c’Ă©tait hier. En arrivant au Théùtre des Feux de la Rampe, j’ai vu tout ce monde attendre patiemment pour entrer. Je me suis mise tout au fond de la salle car j’ai peur des magiciens et de leurs tours stupides. J’ai attendu que le spectacle commence, en observant toutes ces familles qui passaient un bon moment avant de se prĂ©parer Ă  affronter l’un des repas les plus costauds de l’annĂ©e.

Au fond, je me fichais un peu de ce qu’on aurait pu penser en me voyant lĂ . Ce qui est tout Ă  fait faux, soit dit en passant : c’est justement pour cacher cela qu’on Ă©crit des phrases comme telles. J’avais envie d’ajouter un sĂ©ducteur dans le game, et de choisir qui il s’agirait, pour une fois. On n’aime pas l’avouer, mais les jours de grande vulnĂ©rabilitĂ© comme ceux-lĂ , il faut bien l’assumer. D’ailleurs, la salle est pleine…

Gus, actes I et II

En 2017, j’avais adorĂ© le spectacle. Je trouvais Gus moderne. Je croyais mĂȘme en son Ă©popĂ©e lyrique pour le romantisme. Normalement, on se dit qu’un beau gosse comme ça ne peut que nous baratiner sur le sujet. Mais il connaissait Love Actually, et ça, c’est dĂ©jĂ  une preuve. Suffisante pour le 31 dĂ©cembre, soit.

Sur le chemin du retour, vers 22 heures, j’ai croisĂ© trois personnes dĂ©jĂ  bien Ă©mĂ©chĂ©es. Je ne peux qu’estimer le taux d’alcool dans le sang, comme j’ignore cette sensation. Ils m’avaient bien fait marrer, avec leur accent du sud et leur insouciance. Je peinais Ă  entrer dans leur dĂ©lire, et j’ai eu la grande surprise de me voir proposer de les accompagner.

Dans les yeux de ce gars bourrĂ©, entourĂ© de deux de ses copines, j’ai senti qu’il Ă©tait peinĂ© de me voir seule et sobre. AprĂšs, je me rĂ©jouissais que l’une d’elles ait la mĂȘme voix que Laura Domenge. Je leur ai donnĂ© le flyer de son spectacle que j’avais sur moi.

Enfin, je ne les ai pas suivis, je suis rentrée tranquillement pour dormir bien avant les douze coups de minuit.

En 2018, je le dĂ©couvre dans une salle plus petite que j’imaginais. La ComĂ©die des Champs ÉlysĂ©es, je pensais qu’il ne s’agissait que d’un seul lieu. Le lieu majestueux oĂč j’avais vu Gaspard Proust deux ans plus tĂŽt, avant qu’il joue au Théùtre Antoine, puis Ă  l’Olympia ce mois-ci.

J’essaie de faire abstraction de l’ambiance bizarre, de l’ouvreuse dĂ©sorganisĂ©e et de la dĂ©coration carrĂ©ment vieillotte. Avec un tel dĂ©cor, comment un garçon comme lui va-t-il apporter de la modernitĂ© ? Jouera-t-il au FĂ©lix Radu ou au RĂ©da Seddiki, en faisant le pont avec une sensibilitĂ© qui semble appartenir au passĂ© et Ă  notre Ă©poque de snaps, de tweets et de swipes ?

Le spectacle a Ă©voluĂ© depuis l’an passĂ©. L’esprit reste cependant le mĂȘme. Cette autodĂ©rision, ce romantisme latent, d’oĂč viennent-ils ? Quand je le vois afficher tant d’assurance, je suis Ă©tonnĂ©e devant le phĂ©nomĂšne. Une heure plus tard, je suis apaisĂ©e. Presque aussi Ă©merveillĂ©e que la derniĂšre fois. J’ai particuliĂšrement apprĂ©ciĂ© le final, un Ă©cho aux premiĂšres minutes d’ambiance intimiste immĂ©diate.


Le théùtre et l’humour : aux grands maux, les grands remĂšdes

Pourquoi je vous raconte cette histoire qui fait sacrĂ©ment de la peine ? Juste parce que, le temps d’un moment, Gus m’a offert une autre expĂ©rience. Ce n’Ă©tait plus grave de ne pas avoir quelqu’un avec qui passer ce cap de la nouvelle annĂ©e. Le spectacle vivant accompagne cette transition plutĂŽt bien, si vous voulez mon avis. En 2016, j’avais choisi Seb Mellia. Ne vous inquiĂ©tez pas pour moi, j’ai un plan avec des Moldus (non-humoristes, Ndlr.) pour cette annĂ©e…

Pour les autres galĂ©riens du Nouvel An, actuellement dĂ©cryptĂ©s par des chroniqueurs radio de France Info comme des gens qui souffrent de solitude alors qu’ils ne les ont jamais vus… Si vous pouvez vous offrir une parenthĂšse enchantĂ©e avec Gus, allez-y. Je vous la conseille, mĂȘme si le théùtre reste un luxe pour beaucoup. C’est peut-ĂȘtre ça aussi, le problĂšme.

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