Les Best de l’Humour : retour sur la finale à l’Alhambra
Lundi 15 janvier, 12 finalistes se partageaient la scène de l’Alhambra pour devenir le Best de l’Humour. Par meilleur, on entend découvertes : ce tremplin francophone a réuni des candidats venus de tous horizons. Six d’entre eux seront en tournée avec le Printemps du rire. La grande gagnante, Farah, sera en première partie d’une soirée au Zénith de Toulouse et bénéficiera de 2 showcases. Le spot du rire y était, et on vous raconte.
Du beau monde sur la scène comme dans le public
Arriver à l’Alhambra lors d’une procession de jeunes artistes, c’est la garantie d’en voir autant dans le public. On retrouve donc de nombreux talents sur les sièges de l’Alhambra. Nadim, Félix Radu, Jean-Patrick Bettini ou encore Edgar-Yves Monnou et Florent Mathey n’ont pas perdu une miette du show. La soirée, organisée par Mo Hadji de l’agence Bazar, se prolongera pendant plusieurs heures. L’Eurovision n’a qu’à bien se tenir.
Sur scène, Clément Kah, nouveau poulain du Cactus Comedy, est le maître de cérémonie. Ce jeune humoriste, sorti d’une école de journalisme, est dans son élément. Il alterne les passages d’humour et la présentation des différents humoristes. Cette soirée est l’occasion de placer de nombreux artistes, dont les DesGars qui mêlent humour potache et acrobaties.
De belles découvertes
Parmi les 12 finalistes, certains jeunes talents étaient effectivement prometteurs. On retrouvait notamment la très talentueuse Alexandra Pizzagali, notre découverte d’octobre. Au spot du rire et avec tous les artistes stand-up présents dans le public, on a adoubé à l’unanimité Nicolas Fabié. Sélectionné au West Side Comedy Club à Nantes, ce jeune talent s’est bercé dans la culture stand-up et ça se voit. Aujourd’hui, la thématique de la rupture est répandue : Kyan Khojandi, Charles Nouveau et bien d’autres l’ont fait avec originalité.
Il n’empêche : on avait l’impression de voir une prestation pleine de fraîcheur. Autant vous dire que lors du verdict, on était déçu de son absence dans les 6 retenus pour la tournée ! Il y en aura d’autres, les festivals et autres sélections n’ont jamais bâti des carrières. Le talent, si. Le jeune Bruno Hausler a aussi démontré qu’il n’avait pas volé sa place. Les habitués du Paname Art Café ont aussi pu retrouver l’étonnant Yassine Hitch et son corps élastique.
Quant à la gagnante, Farah, elle n’était plus vraiment une découverte puisqu’elle est une habituée du Cactus Comedy ! Son humour, souvent qualifié de trash ou féministe, rejoint la lignée d’autres humoristes sur ce créneau. Cela ressemble un peu à ce que fait Tania Dutel, mais il ne faudrait pas faire l’erreur de comparer les deux femmes. Non seulement, Farah est dans le milieu depuis 2 ans seulement, et puis il est bien plus facile de se faire une idée du talent de Tania, qui a déjà joué plusieurs spectacles. Ce type d’humour n’est pas pour tout le monde, mais il faut souligner les belles trouvailles dans le passage de Farah !
Un niveau inégal
Proposer 12 talents, c’est audacieux pour deux raisons :
- cela prend du temps ;
- leur offrir de longs temps de passage allonge la durée du spectacle ;
- le niveau est hétérogène.
A l’inverse, sans ce type de soirée, beaucoup n’auraient jamais pu jouer dans une grande salle de spectacle. De même, aller dénicher des talents est difficile. Il faut compter sur un bon cru lors des sélections et faire les bons choix. Quand l’œil s’habitue à voir certaines formes d’humour et à en délaisser d’autres, difficile de réécouter des blagues faciles, vues et revues. Et lorsque le spectateur juge, il a du mal à identifier si le passage est un raté d’un soir ou symptomatique d’un humour qui ne marche pas. Un rapide coup d’œil aux critiques sur le web montrent que nous n’avons pas dû voir les mêmes prestations, tant ces critiques sont dithyrambiques et unanimes.
Moralité : en finir avec la culture à 2 vitesses, ce serait sympa, non ?
Une chose est sûre : je me dis, après cette soirée, que l’on ne doit plus se dire que ça marchera en province, mais ici, ce n’est plus possible de voir ça. Pourquoi ? Parce qu’avoir la paresse de proposer un humour à 2 vitesses, c’est dénigrer le public. J’ai amené du public de province et parisien au Paname Art Café, et je peux vous dire que ceux qui ont le plus ri des subtilités du stand-up, ce sont les premiers. Et je me souviens de l’offre théâtrale résumée en 2 ou 3 têtes d’affiche à 50 kilomètres du domicile… Au final, on va voir celui qui vient au détriment de celui que l’on veut voir… A l’inverse, penser que le public parisien peut n’apprécier que de l’humour élitiste, perché ou autre, c’est peut-être aussi se tromper. Mais c’est sûrement mon côté normand qui ne tranche jamais qui doit parler !
En résumé : merci aux initiatives, comme celles-ci ou le Point Virgule on the Road, d’aller toucher les publics !