Podkassos : Franjo, Urbain et Pierre Thevenoux régalent Biarritz
En fin de saison dernière, j’ai profité de la venue des trois mousquetaires de Podkassos à Biarritz. Franjo, Urbain et Pierre Thevenoux y lançaient leur tournée de blagues devant une assemblée quasi-complète.
Depuis plusieurs années, les trois membres de Podkassos régalent les amateurs de stand-up dans les comedy clubs et les salles de spectacles de francophonie. La recette du succès : trois univers affirmés, aussi inimitables que distincts, qui ne les met pas en concurrence d’un iota.
La team Podkassos composée de Franjo, Pierre Thevenoux et Urbain : trois styles d’humour iconique pour un régal comique
De Melun à Biarritz, Franjo régale avec ses one-lines
Franjo mise sur les one-liners à la façon blagues Carambar. Le processus est si assumé que ça marche, quand bien d’autres s’y casseraient les dents. Si Franjo se révèle plus fort dans ses vidéos, où le jeu est présent, il parvient tout de même à satisfaire le public. Ses tests étaient encore perfectibles ; ainsi, l’honnêteté du public basque l’aidera à trier le bon grain de l’ivraie.
Depuis ma première rencontre avec ce simili (devenu vrai) surfeur désinvolte au Café Oscar, Franjo a su construire sa légitimité. Toujours très populaire, l’artiste numéro 1 de Melun a étendu son influence à vitesse grand V. Ses salles semblent se remplir en un clin d’œil, aucune tournée ne semble l’effrayer… Contrairement à d’autres, sa réussite ne m’agace pas. Ce je-ne-sais-quoi qui le rend pertinent, quitte à se faire vanner par ses camarades, le rend indéboulonnable.
Pierre Thevenoux, le comique underground devenu culte
Pierre Thevenoux assurait à la fois la chauffe-crowd work et un passage en milieu de soirée. L’humoriste poitevin m’a fait peur en entame de soirée. En effet, allait-il simplement se comporter un peu mieux qu’un chauffeur de salle ? Heureusement, cette introduction bonus n’était pas le seul tour dans son sac.
Son set était assez habituel, solide sur ses appuis. Fort de son style de néo-beauf repenti, Pierre a su garder son naturel en toutes circonstances. Toujours le même capital sympathie et les punchlines qui fusent et restent en mémoire. Son premier spectacle va bientôt finir dans les archives du rire.
J’ai l’impression que ses débuts où il retournait le Jamel Comedy Club, ou le Start-up de Nam, remontent à hier. Et pourtant, ça va bientôt faire dix piges que le Thev, désormais validé par Télérama, régale la foule.
Loin de Topito et de Clermont, Urbain dévoile un stand-up arrivé à maturité
Urbain clôturait la soirée. S’il s’excusait en préambule d’être le moins connu, il se plaçait comme meilleur artiste du soir. Il ne fallait pas à se fier à sa dégaine de fin de séjour — une sorte de pantacourt-baggy qui signifie qu’il a baissé les bras. Or Urbain n’en est qu’à son premier opus, malgré ses airs de vieux briscard de la blague.
Peut-être connaissais-je mieux l’univers et quelques blagues de Pierre pour échapper à l’émerveillement côté poitevin… En tout cas, Urbain était le seul à me décrocher des rires incontrôlables. Dans un style où il racontait autant qu’il faisait rire, il montait en puissance et nous rappelait que le stand-up pur n’est vraiment pas de la merde. Salvateur à l’ère du stand-up industrialisable par les plateformes…
Parfois, on se demande si la nouvelle génération des humoristes se heurte à un plafond de verre. C’est sympa, mais de là à rivaliser avec la crème de la crème américaine ? L’idée fait son chemin dans bien des esprits. Quelle erreur commet-on là ! Bien sûr, de nombreux artistes atteignent une vitesse de croisière et se reposent sur leurs lauriers. Mais les véritables artisans de la blague, les pur-sang du rire, ne s’arrêtent jamais. Peut-être Urbain sera-t-il le George Carlin français ? On prend les paris !
Podkassos, le plateau : une leçon de stand-up pour la nouvelle génération des humoristes
Quelle morale faut-il retenir de cette histoire ? Faut-il aller jusqu’à Biarritz pour se réconcilier avec les plateaux d’humour ? Non, malgré un cadre idyllique et des sièges confortables, avouons-le. D’ailleurs, la tournée ne fait que commencer et vous pouvez les soutenir sur Tipeee (projet indépendant oblige).
Et ils le méritent, car cela nous rappelle que les stand-uppers expérimentés, au style bien défini, savent régaler à Paris. S’ils s’éloignent des sets assénés en pilotage automatique, alors ils ont une chance de détruire le semblant d’uniformité qui hante les loges du stand-up parisien.