Fanny Ruwet et Thomas Wiesel au Kings of Comedy Club

Juliette Follin 06/09/2022

C’est une affiche qui ferait pĂąlir toutes les finales des ligues des champions de l’histoire. Fanny Ruwet et Thomas Wiesel jouaient ensemble au Kings of Comedy Club au plein cƓur du mois d’aoĂ»t. Une soirĂ©e aux allures de scoop, tant les rodages Ă©taient riches en informations !

Week-end express Ă  Bruxelles pour voir Fanny Ruwet et Thomas Wiesel : ça vaut l’escapade ?

DĂ©couvrir Bruxelles le week-end du 15 aoĂ»t en pleine canicule, ça n’est pas l’expĂ©rience la plus fun qui soit. Mais un argument massue allait nous faire supporter le dĂ©placement : la programmation de Thomas Wiesel et Fanny Ruwet.

Ceux que personne ne surnomme les enfants terribles du stand-up à lunettes se retrouvaient donc au Kings of Comedy Club. Le contrat : 30 minutes de blagues chacun. En apéritif, deux premiÚres parties introduisaient le show.

PremiÚres parties : Gaëtan DelferiÚre et Moana

GaĂ«tan DelferiĂšre ouvrait donc le bal avec des vannes sur JosĂ©phine Ange Gardien. On n’a jamais vu quelqu’un Ă©tirer autant de blagues sur un personnage aussi
 Par respect pour le stand-up, je ne terminerai pas cette phrase. Blague Ă  part, c’est un trĂšs bel exercice, tĂ©moignage de l’amour du stand-up chez la nouvelle gĂ©nĂ©ration. Ils ont les codes.

La deuxiĂšme premiĂšre partie, Moana, plaçait beaucoup d’efforts sur le jeu. L’entrĂ©e en matiĂšre Ă©tait presque trop travaillĂ©e. C’est souvent le symptĂŽme d’un artiste qui se cherche encore et apprend. PrĂ©sentĂ©e comme un espoir en devenir, Moana prouvait qu’elle Ă©tait dans les temps. La preuve : le lendemain, sur un plateau en plein air avec des confirmĂ©s selon les organisateurs, elle Ă©tait au-dessus de certains.

Fanny Ruwet au Kings of Comedy Club : on ne fait pas plus local

VoilĂ  pour le bonus. Fanny Ruwet, puisqu’elle reçoit un invitĂ©, lançait le 30-30. C’est un rodage dans la continuitĂ© du prĂ©cĂ©dent, avec un style comique plus affirmĂ©. Maintenant qu’elle mĂȘle le talent de la geek de stand-up et l’expĂ©rience, elle est au-dessus.

Jouer Ă  domicile, c’est un avantage. La connivence avec le public se ressentait. ParenthĂšse sur le public de stand-up Ă  Bruxelles (Ixelles) : le Kings et les collectifs belges What the Fun et La vie est une fĂȘte les font applaudir gĂ©nĂ©reusement. C’est parfois trop, mais ce n’est pas plus mal : les artistes gĂšrent mieux leur temps avec les applaudissements. Comme pour la chauffe, ça s’apprend !

Une équilibriste en tenue de foot

Au niveau des thĂšmes, Fanny Ruwet continue clairement sur sa lancĂ©e. C’est une autre dĂ©clinaison de Joie de vivre par Charles Nouveau, avec un dĂ©bit similaire Ă  Thomas Wiesel. Ajoutez Ă  ça les « vannes con » qui font sa marque de fabrique sur Inter
 Vous savez, ces boutades qu’elle ponctue avec des rires car elle sait gĂ©rer la limite de l’abus. Fanny, c’est une Ă©quilibriste qui porte des tenues de foot (en tout cas ce soir-lĂ ). Cette conjugaison entre style scĂ©nique et vestimentaire sonne juste. En effet, elle n’a rien des artifices de toute cette bande de nouveaux comiques qui pensent au style avant la comĂ©die.

Thomas Wiesel rode un nouveau spectacle sur le travail, voilĂ  le genre d’exclu people dont on raffole

Thomas Wiesel enchaĂźnait. Avec le dĂ©veloppement de ses captations vidĂ©o, on sait directement oĂč on va en le regardant jouer. Quelques commentaires sur le reste de la soirĂ©e, puis les contenus arrivent.

Contrairement Ă  Ça va, un spectacle plus introspectif, Thomas Wiesel construit aujourd’hui un spectacle sur le travail. Ma rĂ©action immĂ©diate : Karim Duval doit-il trembler ? La thĂ©matique est terriblement actuelle. Ainsi, on philosophe tous un peu dans son coin sur le sujet.

Sujet prometteur mais casse-gueule, donc. Il faut avoir un certain bagage pour bien le manier. En la matiĂšre, Thomas Wiesel est peut-ĂȘtre l’un des tous meilleurs. Mais on le voit souvent : garder son niveau de jeu, spectacle aprĂšs spectacle, est l’apanage d’un cercle trĂšs fermĂ©.

Pour le dire simplement : Thomas Wiesel a dĂ©bordĂ©. Et Ă  aucun moment, je n’ai ressenti de colĂšre. Et dans le genre impatiente/overdosĂ©e d’humour, je rĂ©ponds prĂ©sent. Plus parlant encore : je n’ai pas su chiffrer ce dĂ©passement. Au moment oĂč je me disais que ça faisait long, il ne restait qu’un souffle de blagues.

Les indiscrétions du spot du rire : pourquoi ça bosse dur en rodage

Petit bonus : quelques temps plus tĂŽt, Thomas a rodĂ© 15 minutes de ce mĂȘme spectacle. L’une de nos taupes bien renseignĂ©es Ă©tait sur place. Moins convaincue que nous, elle nous faisait part d’un problĂšme sur une blague autour des chefs de projet. La bonne nouvelle, c’est que le rodage est fait pour ça ! La preuve : il n’y avait plus de chef de projet, mais un autre corps de mĂ©tier plus pertinent pour la blague
 Merci Ă  notre indic sur place pour l’exclusivitĂ©.

Autre indiscrĂ©tion (cette fois-ci, la source, c’est l’artiste !) : le rodage n’en est encore qu’Ă  ses tous dĂ©buts. Comprenez : ce n’est pas le moment de communiquer officiellement sur ce nouveau spectacle. Vous en entendrez parler plus tard, en long et en large. Il faudra alors rĂ©server vite ! Thomas Wiesel a beau dĂ©noncer le fait de trop travailler, il dĂ©voue un temps colossal pour prĂ©parer ce nouvel opus.

En résumé, voir Fanny Ruwet et Thomas Wiesel en rodage est un privilÚge !

Pour moins de vingt balles, dĂ©couvrir ces blagues avant tout le monde et profiter d’un trĂšs haut niveau
 C’est fort, et ça vaut bien les frais supplĂ©mentaires de dĂ©placement.

Et le Kings of Comedy Club vaut-il de sortir de sa rĂ©gion ? Ce comedy club a Ă©tĂ© prĂ©curseur. ArrivĂ© bien avant Madame Sarfati ou le Fridge, il semble plus authentique. Le premier fait un peu m’as-tu vu mais a au moins le mĂ©rite de livrer une promesse de qualitĂ©. Le second mise sur le pluralisme et des styles d’humour trĂšs diffĂ©rents
 Et ces lieux ne sont pas exempts de tous reproches. En outre, entre la promesse et la rĂ©alitĂ©, on voit quand mĂȘme des humoristes plus superficiels que la moyenne.

Au Kings of Comedy Club, la tĂȘte de gondole brille plus par son talent que par son compteur d’abonnĂ©s. On rode, on dĂ©couvre, on peaufine, on sait recevoir sans trop de chichis. Je n’ai pas le mĂȘme affect qu’en Suisse, mais la salle a beaucoup de cachet et les programmations sont soignĂ©es. Ce lieu mĂ©rite sa rĂ©putation. De la mĂȘme maniĂšre que le Jamel Comedy Club Ă  Paris, c’est un passage obligĂ© pour tout amateur de LOL.

Insolite : au-dessus du Kings, un appartement artiste que vous pouvez louer quand il est libre !

Et pour ceux qui ont envie d’une immersion totale, il y a un appartement « artistes » au-dessus du comedy club. Il est aussi disponible Ă  la location si vous aimez les attractions. Si vous avez le sommeil lĂ©ger et que vous ĂȘtes un couche-tĂŽt, changez de style de vie. Mais voilĂ  une ambiance unique, vue nulle part ailleurs.

PrĂ©cision tout de mĂȘme : il y avait exceptionnellement une sĂ©ance supplĂ©mentaire Ă  22h30. La faute Ă  l’aura de Thomas Wiesel
 On lui pardonne. DeuxiĂšme prĂ©cision : soit c’est l’artiste qui profite de l’appartement, soit c’est vous. Mais il n’y a pas les deux en mĂȘme temps. À la relecture, ce n’était pas hyper clair


A propos de l'auteur