Dans Bon anniversaire Jean, Fanny Ruwet remanie le storytelling

Juliette Follin 07/01/2020

Bon anniversaire Jean, c’est le premier spectacle de l’humoriste Fanny Ruwet. La Belge joue chaque lundi Ă  21h30 au BarbĂšs Comedy Club en janvier et fĂ©vrier. Nous avons bravĂ© la grĂšve pour dĂ©couvrir son premier spectacle.

Cet article est le deuxiĂšme d’une sĂ©rie qui retrace la soirĂ©e du 6 janvier au BarbĂšs Comedy Club. Dit comme ça, ça sonne fait divers, mais c’est plus une bonne sitcom avec personnages rĂ©currents.

Bon anniversaire Jean : un spectacle Ă  intrigues multiples

Certains humoristes peinent à trouver un fil conducteur dans leur spectacle. Fanny Ruwet l’utilise au contraire jusqu’à la limite. Le fil n’atteint jamais le point de rupture. Elle parvient à garder l’attention du public tout en le surprenant.

Et cette surprise n’intervient pas tout de suite ou brutalement. C’est comme rencontrer quelqu’un, le trouver sympathique pour une raison qu’on s’est fabriquĂ©e, et le dĂ©couvrir sous un nouvel angle agrĂ©able, mais bien diffĂ©rent.

Ici, ma tentative d’explication sans rien dĂ©voiler patine, j’en conviens. Je vous souhaite juste de dĂ©couvrir ce spectacle avec aussi peu d’attentes que moi. Parce qu’un passage de Fanny Ruwet en plateau ne rĂ©sume pas ce que vous allez voir, c’est bien trop court.

C’est une heure qui se dĂ©voile Ă  mesure que les visages des membres du public rĂ©agissent. Je crois vraiment avoir changĂ© d’expressions du visage 28 fois, et avoir observĂ© le mĂȘme phĂ©nomĂšne chez mes semblables du public.

De quoi ça parle ?

Le sujet principal aborde l’invitation de Fanny Ă  l’anniversaire de son camarade de classe Jean, quand elle avait 12 ans. Et si je me fie Ă  ma vie quand j’avais 12 ans, le malaise allait ĂȘtre au rendez-vous. Attente validĂ©e, mais pas divulgĂąchĂ©e si vous regardez les vidĂ©os de Fanny Ruwet sur le web.

Et bien sĂ»r, puisqu’il s’agit de stand-up nourri par les blocages sociaux, l’humour thĂ©rapeutique prend une belle place. Sans que cela plombe l’ambiance, mais les habituĂ©s de ce genre le savent dĂ©sormais bien.

Fanny Ruwet Ă©vite de tomber dans une heure trop technique

TrĂšs au fait du meilleur du stand-up, Fanny Ruwet a rapidement compris les codes de l’exercice. Elle passe son temps Ă  leur faire la cour, et parvient mĂȘme Ă  commenter nos rires pendant son spectacle. « Vous ĂȘtes un public de jeux de mots », qu’elle nous balance 0,337 milliĂšmes aprĂšs les premiers rictus. Badass. Et, paradoxalement, ce n’est pas condescendant.

Habile, elle s’adapte ainsi Ă  chaque soubresaut. Elle aurait dĂ©jĂ  tout compris ? Pas si vite
 Le risque des comedy nerds, c’est de tomber dans le scolaire. Produire une heure purement technique, ça peut peut-ĂȘtre faire fantasmer Fary, mais nous, ça nous ennuie.

Il faut de la substance, du drĂŽle, pour porter le tout. Et c’est dans le mĂ©lange Ă©criture/anecdotes que Fanny Ruwet apporte ce supplĂ©ment d’ñme. Elle peut remercier son appĂ©tence Ă  nous surprendre, qui m’a rappelĂ© Charles Nouveau. En somme, elle me fait penser Ă  de nombreuses personnalitĂ©s talentueuses tout en proposant quelque chose de personnel.

Bon anniversaire Jean : verdict

Bon anniversaire Jean n’a pas suscitĂ© en moi une rĂ©action immĂ©diate. Ce type de spectacle, c’est comme entendre une bonne chanson pour la premiĂšre fois. On sent que c’est bien, mais on n’a pas eu le temps de s’imprĂ©gner du sentiment agrĂ©able qui nous fait quitter la salle.

On se dit juste qu’on a passĂ© un bon moment, en Ă©coutant l’air intriguĂ© ceux qui ont dĂ©jĂ  forgĂ© leur opinion. L’attachement Ă  l’artiste ne viendra que plus tard
 On souhaite juste Ă  Fanny du temps, pour qu’elle puisse travailler cette heure en toute sĂ©rĂ©nitĂ©.

La base est dĂ©jĂ  trĂšs solide, comme ce pouvait ĂȘtre le cas pour Panayotis, avec le mĂȘme ressenti post-spectacle que pour Jean-Philippe de Tinguy la premiĂšre fois
 Naturellement, j’ai demandĂ© Ă  Fanny si elle le connaissait (non). Que voulez-vous, c’est mon ice-breaker prĂ©fĂ©rĂ© pour Ă©viter le malaise et mieux tomber dedans !

Bonus #1 : Le BarbĂšs Comedy Club est toujours the place to be

AprĂšs le plateau suisse, les discussions allaient bon train entre les humoristes et le public encore prĂ©sent. Entretemps, il y avait le plateau de Laura Domenge (dĂ©jĂ  testĂ© et approuvĂ©). Pour Ă©viter une perte d’attention, on a prĂ©fĂ©rĂ© faire une pause. Salvatrice, elle nous a permis de discuter avec des comiques et d’apprendre Ă  Bruno Peki et Jean Paul leurs origines semi-communes. Oui, le plateau portugais du BrĂ©sil peut arriver au BarbĂšs Comedy Club Ă  tout moment


Et comme on vous l’avait dit, ClĂ©ment K est un ami dĂ©cidĂ©ment gĂ©nĂ©reux. Incapable de m’envoyer deux boissons de suite, je lui ai proposĂ© de lui payer un verre
 juste pour obtenir un jeton. Et il a fini par payer sa propre boisson qu’il n’avait pas dĂ©cidĂ© de prendre, Ă  la base. Le jeton en poche, j’ai accĂ©dĂ© Ă  la salle comme une voleuse (en ayant exĂ©cutĂ© la danse de l’addition).

De nombreux autres souvenirs de conversation se bousculent quand je repense Ă  cette soirĂ©e. Des souvenirs qui n’ont que trĂšs peu d’importance pour le lecteur. Mais c’était un moment parfait pour valider qu’au BarbĂšs Comedy Club, on se sent un peu chez soi.

Bonus #2 : Fanny Ruwet dans le Journal de la Guebla

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© BarbÚs Comedy Club

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