Dans Bon anniversaire Jean, Fanny Ruwet remanie le storytelling
Bon anniversaire Jean, c’est le premier spectacle de l’humoriste Fanny Ruwet. La Belge joue chaque lundi à 21h30 au Barbès Comedy Club en janvier et février. Nous avons bravé la grève pour découvrir son premier spectacle.
Cet article est le deuxième d’une série qui retrace la soirée du 6 janvier au Barbès Comedy Club. Dit comme ça, ça sonne fait divers, mais c’est plus une bonne sitcom avec personnages récurrents.
Bon anniversaire Jean : un spectacle à intrigues multiples
Certains humoristes peinent à trouver un fil conducteur dans leur spectacle. Fanny Ruwet l’utilise au contraire jusqu’à la limite. Le fil n’atteint jamais le point de rupture. Elle parvient à garder l’attention du public tout en le surprenant.
Et cette surprise n’intervient pas tout de suite ou brutalement. C’est comme rencontrer quelqu’un, le trouver sympathique pour une raison qu’on s’est fabriquée, et le découvrir sous un nouvel angle agréable, mais bien différent.
Ici, ma tentative d’explication sans rien dévoiler patine, j’en conviens. Je vous souhaite juste de découvrir ce spectacle avec aussi peu d’attentes que moi. Parce qu’un passage de Fanny Ruwet en plateau ne résume pas ce que vous allez voir, c’est bien trop court.
C’est une heure qui se dévoile à mesure que les visages des membres du public réagissent. Je crois vraiment avoir changé d’expressions du visage 28 fois, et avoir observé le même phénomène chez mes semblables du public.
De quoi ça parle ?
Le sujet principal aborde l’invitation de Fanny à l’anniversaire de son camarade de classe Jean, quand elle avait 12 ans. Et si je me fie à ma vie quand j’avais 12 ans, le malaise allait être au rendez-vous. Attente validée, mais pas divulgâchée si vous regardez les vidéos de Fanny Ruwet sur le web.
Et bien sûr, puisqu’il s’agit de stand-up nourri par les blocages sociaux, l’humour thérapeutique prend une belle place. Sans que cela plombe l’ambiance, mais les habitués de ce genre le savent désormais bien.
Fanny Ruwet évite de tomber dans une heure trop technique
Très au fait du meilleur du stand-up, Fanny Ruwet a rapidement compris les codes de l’exercice. Elle passe son temps à leur faire la cour, et parvient même à commenter nos rires pendant son spectacle. « Vous êtes un public de jeux de mots », qu’elle nous balance 0,337 millièmes après les premiers rictus. Badass. Et, paradoxalement, ce n’est pas condescendant.
Habile, elle s’adapte ainsi à chaque soubresaut. Elle aurait déjà tout compris ? Pas si vite… Le risque des comedy nerds, c’est de tomber dans le scolaire. Produire une heure purement technique, ça peut peut-être faire fantasmer Fary, mais nous, ça nous ennuie.
Il faut de la substance, du drôle, pour porter le tout. Et c’est dans le mélange écriture/anecdotes que Fanny Ruwet apporte ce supplément d’âme. Elle peut remercier son appétence à nous surprendre, qui m’a rappelé Charles Nouveau. En somme, elle me fait penser à de nombreuses personnalités talentueuses tout en proposant quelque chose de personnel.
Bon anniversaire Jean : verdict
Bon anniversaire Jean n’a pas suscité en moi une réaction immédiate. Ce type de spectacle, c’est comme entendre une bonne chanson pour la première fois. On sent que c’est bien, mais on n’a pas eu le temps de s’imprégner du sentiment agréable qui nous fait quitter la salle.
On se dit juste qu’on a passé un bon moment, en écoutant l’air intrigué ceux qui ont déjà forgé leur opinion. L’attachement à l’artiste ne viendra que plus tard… On souhaite juste à Fanny du temps, pour qu’elle puisse travailler cette heure en toute sérénité.
La base est déjà très solide, comme ce pouvait être le cas pour Panayotis, avec le même ressenti post-spectacle que pour Jean-Philippe de Tinguy la première fois… Naturellement, j’ai demandé à Fanny si elle le connaissait (non). Que voulez-vous, c’est mon ice-breaker préféré pour éviter le malaise et mieux tomber dedans !
Bonus #1 : Le Barbès Comedy Club est toujours the place to be
Après le plateau suisse, les discussions allaient bon train entre les humoristes et le public encore présent. Entretemps, il y avait le plateau de Laura Domenge (déjà testé et approuvé). Pour éviter une perte d’attention, on a préféré faire une pause. Salvatrice, elle nous a permis de discuter avec des comiques et d’apprendre à Bruno Peki et Jean Paul leurs origines semi-communes. Oui, le plateau portugais du Brésil peut arriver au Barbès Comedy Club à tout moment…
Et comme on vous l’avait dit, Clément K est un ami décidément généreux. Incapable de m’envoyer deux boissons de suite, je lui ai proposé de lui payer un verre… juste pour obtenir un jeton. Et il a fini par payer sa propre boisson qu’il n’avait pas décidé de prendre, à la base. Le jeton en poche, j’ai accédé à la salle comme une voleuse (en ayant exécuté la danse de l’addition).
De nombreux autres souvenirs de conversation se bousculent quand je repense à cette soirée. Des souvenirs qui n’ont que très peu d’importance pour le lecteur. Mais c’était un moment parfait pour valider qu’au Barbès Comedy Club, on se sent un peu chez soi.
Bonus #2 : Fanny Ruwet dans le Journal de la Guebla
Crédits photo
© Barbès Comedy Club