Les mecs que je veux ken : on a lu le livre de Rosa Bursztein
Le livre de Rosa Bursztein, Les mecs que je veux ken, est sorti en début d’année. Comme son podcast éponyme, ce nouvel objet s’ajoute à la panoplie des créations de l’humoriste.
Les mecs que je veux ken : que vaut le récit intimiste de Rosa Bursztein ?
Contrairement aux livres d’Avril et d’Emma de Foucaud, qui sont des romans, Les mecs que je veux ken est un récit. Rosa Bursztein va y livrer son intimité, mais une intimité possiblement altérée. Je l’écoutais à la fois dans son podcast éponyme, mais aussi dans Hot Line, puis j’ai décroché.
Les podcasts de discussion sur des sujets de société (féminisme ou sexualité, par exemple) véhiculent des opinions plutôt que des raisonnements rigoureux ou scientifiques. À ce compte-là, je préfère écouter l’avis d’un professionnel (psy, sociologue ou sexologue) ou lire des articles de presse. Je trouvais aussi que la parole de Rosa évoluait en fonction des personnes qu’elle côtoyait davantage qu’en fonction de ses réflexions personnelles.
D’actrice à stand-uppeuse : les coulisses peu reluisants de l’industrie du spectacle
Ce qui m’a donné envie de découvrir le livre, malgré tout ? Rosa Bursztein y parle de Ghislain Blique. Il n’apparaît que très rapidement, lorsque Rosa l’a côtoyé lors des auditions du Trempoint. Antoinette Colin, directrice artistique du Point Virgule, les a tous les deux mis de côté. C’était avant que le Point Virgule entame une dégringolade en qualité, qui atteint probablement son paroxysme aujourd’hui. La toxicité du Paname Art Café, souvent tue par peur du boycott, a aussi sa place.
De la même manière, décrire la misogynie d’un pan du stand-up français permet au grand public de comprendre ce que vivent les artistes en coulisses. Un environnement à la fois toxique pour les femmes et les hommes. Ces derniers se virilisent sous la contrainte pour se faire « accepter » de certains groupes d’humoristes qui se cooptent depuis des années.
Rosa dénonce, comme à son habitude. Elle prend des risques. Son audace et son ambition transparaissent du livre. Sur ces aspects-là, je la retrouve dans son meilleur. En revanche, tous les passages liés à sa vie sentimentale m’ont moins emballée. Certes, son côté Marguerite Duras des temps modernes a son charme. Certains passages sont même poignants, et son vécu lui donne de la matière à raconter.
En revanche, recevoir son point de vue sans contexte ou regard extérieur suppose qu’on la croie sur parole. Le passage de l’amour au dégoût de moult hommes, les travers de l’univers des acteurs en herbe qui tombent en dépression… Tout finit par errer dans une redondance et une envie de changer de disque.
Les mecs que je veux ken : à lire par curiosité, pas pour la postérité
C’est pourtant ce genre de récit, à la limite de l’influenceuse, qui draine le plus d’intérêt médiatique. En soi, le livre de Rosa est assez agréable à lire, mais il est de ceux qu’on délaisse. À titre de comparaison, j’ai un attachement bien plus fort aux créations d’Emma de Foucaud et d’Avril. Si leurs romans n’ont pas la même exposition, ils sont pourtant bien mieux ficelés, plus touchants et exaltants.
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Couverture du livre Les mecs que je veux ken © Les Arènes