Confirmations du rire : Tristan Lucas

Juliette Follin 12/12/2022

Lorsque début 2019, je nommais Tristan Lucas découverte humour, il faisait déjà partie des confirmations. C’est l’un de ces talents qui traversent les époques sans qu’on ne prenne la mesure du phénomène. Il a joué partout dans le monde et côtoyé plusieurs micro-générations du rire… L’heure est venue que vous le suiviez, si ce n’est pas déjà fait !

La nouvelle rubrique des confirmations vient suivre l’avancement des artistes nommés découvertes humour. Nous poursuivons avec un nomade du rire, polyvalent à souhait : Tristan Lucas.

Tristan Lucas parmi les confirmations du rire ? Il était temps…

Tristan Lucas traîne depuis plus d’une décennie dans le milieu de l’humour. L’artiste normand, féru du SM Caen comme son acolyte Harold Barbé, a su s’émanciper loin de sa Normandie natale. On le précise moins aujourd’hui, mais par le passé, on le connaissait car il avait joué dans le monde entier.

Tristan Lucas : 3 photos qui résument sa carrière d’humoriste

Ce que l’on sait moins, c’est qu’il a fait ses gammes en improvisation, notamment dans la troupe Les ours dans ta baignoire. Dire qu’aujourd’hui, il chronique sur les ondes de Couleur 3 aux côtés de Yacine Nemra ou encore Blaise Bersinger, également passés dans de telles écoles.

C’est assez paradoxal de voir Tristan Lucas seul sur scène, puisqu’il s’entoure constamment de ses pairs. Citons notamment ses tournées à vélo avec Haroun ou encore Rémi Boyes et Aymeric Lompret. Depuis des années, il organise des plateaux d’humour au Moki Bar, le Mokiri. Un concept qu’il exporte aussi à Pantin, sa ville d’adoption, et Caen bien sûr. Caen, où son frère Alexandre Lucas a ouvert un théâtre qui fait partie du réseau Théâtre à l’Ouest.

Sa polyvalence dépasse clairement la moyenne des humoristes en activité. Improvisation théâtrale, organisation d’événements, chroniques radio et spectacles à l’international, permis de conduire de vans et de drones, montages vidéo, réalisation sur Gulli il fut un temps, roasteur à ses heures perdues… Tout y passe.

Tristan Lucas s’attaque à un taulier du roast (rôtissage) : Thomas Wiesel

Des images d’archive qui en disent long sur l’appartenance de Tristan Lucas aux confirmations du rire

Pour préparer cet article, j’ai retourné internet. Ce voyage, truffé de clichés d’humoristes toutes micro-générations confondues, me fait saisir un truc. Tristan Lucas a traversé les années en restant là, productif comme peu d’autres et pertinent dans la grande majorité des cas. Il a probablement une pièce remplie de trophées de festival. Un peu comme les sportifs collectionneurs… d’ailleurs, il est étonnant qu’on n’ait pas encore de biographie du personnage.

En effet, avec toutes les images d’archive qu’on a glanées (les 3 ci-dessus ne sont qu’un modeste échantillon), on pourrait en faire un bouquin. Le Michel Drucker du stand-up, sans l’âge avancé.

Un spectacle, En douce puis un second, Entier, comme pièce maîtresse

J’ai donc vu les spectacles de Tristan Lucas à plusieurs reprises, dans des salles de 20 à 100 places. C’était étrange de le voir revenir à la Petite Loge sans vraiment renouveler le genre. À l’époque, j’avais choisi de m’abstenir d’écrire. J’étais déçue de ce manque de nouveautés, même s’il venait d’intégrer la salle et entamait sa collaboration avec Aude Galliou.

Et pourtant, il savait innover partout ! Prolifique, il produisait des chroniques, des vlogs et lançait aussi son podcast Sur un plateau. Podcast qui, par ailleurs, est une référence. Ces éléments extra scéniques semblaient prendre le pas sur la pièce maîtresse de sa carrière : son spectacle.

Il renouvelait une nouvelle fois l’affiche pour qu’elle colle avec celle de cet article. Il a joué Entier partout, avant de revenir cet automne au Point Virgule pour une exceptionnelle. Il sortait de plusieurs jours de tournée en Suisse entre Genève, Lausanne et Fribourg. Chaque jour, un événement. Et enfin, malgré cet emploi du temps surchargé, on voyait des nouveautés !

Entier, un spectacle de référence ?

La professionnalisation des talents tire tous les humoristes vers le haut. Il faut donc être de plus en plus solide sur scène pour exister. Tristan Lucas avait pour lui une voix iconique et un style, selon ses dires, entre humour noir et tendresse bienveillante. Mais il lui manquait un liant.

Au Point Virgule, il semble l’avoir trouvé. Après tant d’années passées sur scène, il propose un spectacle solide en parallèle de ses multiples talents. C’est tout simplement bluffant d’être un artiste aussi complet. On dirait un peu, pour poursuivre la métaphore sportive, un Fernando Alonso (sans le côté teigne, destructeur et poissard des choix de carrière).

Pour ceux qui n’ont pas la référence, c’est la quintessence de la polyvalence. Certains pourraient se dire que je le favorise car il a intégré la radio suisse. Mais quand je l’ai vu débarquer chez Valérie Paccaud, j’enrageais un peu. Il n’a pas déjà pris assez de place, les places sont chères sur Couleur 3 ! Or finalement, il a su prendre cette place comme un poisson dans l’eau (ou le lac…) et devenir une figure récurrente de l’émission dès qu’il se rend à Lausanne. Une leçon de légitimité.

A propos de l'auteur