Jack Line et Josquin Chapatte : ça ne se raconte pas (encore)
Ces derniers mois, nous avons assisté aux spectacles de Josquin Chapatte et Jack Line. Ces deux humoristes atypiques ne nous ont pas permis d’écrire de critiques à proprement parler. Pourquoi certains spectacles ne se racontent-ils pas encore ? Et l’exercice de la critique est-il le bon pour parler de ces artistes ?
Jack Line et Josquin Chapatte : ne les mettez pas dans des cases !
Jack Line est un humoriste surréaliste, qui veut nettement se distinguer du reste du monde. Tout est particulier dans son humour, même si vous retrouvez des éléments auxquels vous raccrocher. Ce qu’on appelle un OVNI de l’humour utilise les mêmes procédés comiques, mais il le fait autrement.
Jack Line : des ressorts comiques reconnaissables, mais transformés pour une originalité inégalée
Commencer un spectacle par une lecture de la biographie de Mike Tyson, hacker les blagues de Toto et proposer une ambiance poétique… Tous ces ressorts participent à créer quelque chose de différent. Mais la qualité suit-elle ?
Lorsque la proposition artistique est audacieuse, elle est plus difficilement accessible. Elle ne se consomme pas comme un hamburger dans votre fast-food de quartier. Elle est nébuleuse, insaisissable… Parfois, certains trouveront cela aussi inutile que l’art contemporain, tandis que d’autres s’extasieront devant tant d’audace.
Josquin Chapatte : quelques fulgurances, un pas de côté dans l’humour qui déroute parfois
Josquin Chapatte avait un spectacle qui s’appelait Femme qui rit il y a encore quelques mois. Cela, couplé à une affiche peu engageante, donnait envie de tourner les talons.
Mais Josquin a changé de fusil d’épaule. Il a mis en avant son côté « professeur » et dégainé un titre qui n’avait rien à voir. Il est donc passé d’un titre à sonorités beauf à « Les enseignements aléatoires et incongrus du professeur Mass ». Ce n’est plus un virage à 180°, ce sont toutes les figures du jeu Coolboarders 3 combinées ! Oui, en cette période de confinement, les références vont être obscures…
Revenons à notre sujet. Alexis le Rossignol contribue à la mise en scène, et ça se ressent un peu dans la performance. Dans ce spectacle, il y a de tout : des chorégraphies, des jeux de mots audacieux sur des airs de samba et un rapport de séduction perturbant avec le public. C’est bizarre, parfois brillant, parfois plus compliqué à suivre… En somme, le spectateur vit une expérience très peu commune.
La critique traditionnelle meurt sous ces performances artistiques
Comment juger ? Aucune idée. Recommanderais-je ces spectacles à un ami ? Pas n’importe lequel, sans doute. Encore que… Je reste indécise. Rien à voir en apparence, dans quelques jours, vous pourrez écouter l’épisode du podcast Sur un plateau consacré aux blogs sur l’humour. Tristan Lucas a eu la gentillesse de nous y convier avec un expert ès critique humoristique, Criticomique.
Avant de vous en parler en détail dans un prochain article, sachez que pour moi, critiquer Jack Line et Josquin Chapatte n’est pas évident.
Il n’y a parfois pas de mot assez juste pour rendre compte de telles expériences. Est-ce bon ou mauvais ? Personne ne peut l’affirmer avec certitude, et cela me pose problème. Comment trancher ? Distinguer le chef d’œuvre d’un raté ? Je caricature, mais là, je trouve que vous êtes les mieux placés pour décider.
La meilleure manière de vivre ces spectacles, c’est de prendre la responsabilité d’aller les voir. Établir un contrat de confiance entre vous et l’artiste qui vous livre le pitch de son spectacle. Laissez-vous tenter, venez sans arrière-pensée et vous serez surpris d’adorer ! L’histoire dira si vous aimerez l’ensemble ou quelques perles disséminées ici et là…
Soyez courageux, audacieux dans vos choix : ils vous le rendront, et vous donnerez un signal fort à l’industrie. Oui, on peut être clivant et iconoclaste en humour, il y a un public pour cela. Vous serez à la hauteur de l’enjeu, et ces artistes atypiques s’élèveront avec votre curiosité. Merci de les soutenir, et rendez-leur rapidement visite après le confinement !