Avis, critiques : comment choisir sa sortie stand-up en 2025 ?

Juliette Follin 12/05/2025

Comment choisir sa sortie stand-up en 2025 ? Les spectateurs ont l’embarras du choix, à la fois en matière d’offre mais aussi de sources d’information. Je vous partage mes réflexions sur le sujet en espérant vous éclairer dans votre quête des meilleures expériences humoristiques à vivre…

Cela fait dix ans que je vais voir des spectacles en quantité supérieure à la moyenne. La consommation des sorties stand-up a bien changé entre 2015 et 2025. Entre les avis partout sur BilletRéduc et autres, les critiques de spectacles plus ou moins journalistiques et la multiplication des sources d’informations tantôt virales, tantôt shadowban, vous arrivez à vous en sortir, vous ? Tentons de prendre de la hauteur (c’est pas gagné).

Critiques de spectacles de stand-up : du rodage à la captation, des avis figés dans le temps transfigurés par l’IA générative ?

Je viens de terminer l’écriture la critique d’un spectacle qui vient de naître. Il m’arrive souvent de juger les spectacles à différents stades, dont leur rodage. Cette pratique, je l’assume. Cependant, elle suppose que le public lise mes contenus en intégralité et non de manière diluée.

Or aujourd’hui, avec l’émergence des modèles d’IA générative et de leur modèle probabiliste de recrachage de contenu, ce contenu risque d’être malmené à coups de prompts rédigés avec le cul. Si vous n’avez rien compris, ce n’est pas grave. Le message-clé, c’est de comprendre que vous ne pouvez pas vous arrêter à une lecture hâtive d’un avis, réel ou recraché par un LLM, pour juger les artistes, émergents comme confirmés.

J’ai déjà parlé du fléau de la copie des concepts de vidéos virales, qui pousseraient sans doute CopyComic au burn-out. Mais celui-ci, moins, car l’IA évolue vite, mais pas seulement. En effet, on peut rapidement passer pour un gros réac technophobe à côté de la plaque quand on aborde le sujet. Et pourtant, je suis une consommatrice assidue de « Silicon Carne », le podcast tech le plus marrant de la toile, sans doute.

Je vous propose de ne pas répondre à la question posée par cet article. En revanche, je vous invite tous à vous la poser dès que vous souhaitez sortir voir de l’humour ou du stand-up. Cela n’a jamais été simple de voir des spectacles, tant l’art peut se révéler subjectif. On est souvent dégoûté ou exalté, ou inversement. On ne sait jamais vraiment ; il faut parfois revenir pour s’assurer d’un avis. Pour pondre la critique du nouveau spectacle d’Avril avec justesse, il m’a fallu voir deux rodages à la Ferme et un spectacle au Théâtre du Marais. Avant, j’avais le temps pour ces conneries… Ce n’est plus vraiment le cas, mais je m’y efforce.

Plaidoyer pour un esprit critique spectateur (nos excuses pour la charge mentale occasionnée)

Nous devons continuer de faire l’effort, de nous creuser la tête. Malgré des centaines de spectacles vus et critiqués depuis le début de l’aventure du spot, j’ai loupé bien des phénomènes. En plus, je les voyais parfois filer à toute allure consciemment. Exemple : Ana Godefroy, que j’ai considéré différemment lorsque j’ai appris que Pierre Thevenoux participait à l’écriture de son spectacle. J’étais vraiment à 50-50 sur son profil. J’ai bien sûr regardé l’épisode du podcast « Bientôt la fame », apprécié l’un de ses passages au Cartel, antre des cool kids du stand-up. Mais sa popularité, couplée à des dates vite complètes à la Petite Loge, m’a fait procrastiner. Si j’avais eu cette information de collaboration en amont, j’aurais saisi ma chance. Parce que maintenant, la Petite Loge, c’est hype, il faut réserver instantanément…

Autre profil déroutant, toujours à la Petite Loge : Guillaume Guisset. En matière de trajectoire improbable de carrière, vous avez un excellent spécimen. Celui-ci, je ne l’ai pas loupé. Dès le début, j’ai flairé le bon cheval. Mais à une époque, les gens le voyaient comme un OVNI. Il n’existait pas sur la scène stand-up. Maintenant, il met tout le monde d’accord. Pourtant, son premier spectacle, lancé sur des chapeaux de roues, a fini dans une impasse. Mon hypothèse, c’est que son coauteur de l’époque a détruit l’œuvre dans sa chair. Une bonne fée, du nom d’Emma de Foucaud, couplée à un gros travail introspectif de Guillaume sur sa communication, a remis l’artiste sur les bons rails. À la Petite Loge, il a vendu tout en un battement de cils, ou presque. Je n’ai toujours pas vu le spectacle à l’heure où j’écris ces lignes, à mon grand désespoir. Mais tous les voyants sont au vert, alors j’en fais l’une de mes 98 priorités du moment ! Deadline : 2026…

Quand les enfants terribles de l’algorithme font naître une culture de masse indigeste et éclipsent les nouveaux open-micers

Pour choisir sa sortie stand-up en 2025, il faut donc être réactif, flairer le bon filon et prendre le temps dans un monde qui le dévore. Ces deux exemples sont loin d’être exhaustifs, mais je les ai choisis car ce n’est pas évident de trancher. Pour d’autres, c’est clair comme de l’eau de roche. Citons par exemple David Voinson et Thomas Marty. On est vraiment sur deux artistes qui ont hacké la viralité, dont la popularité les propulse partout, tout le temps. Mais quand j’en parle avec d’autres critiques, ils sont dégoûtés de les voir là. Ils résistent, même, seuls dans une barque à contre-courant d’un algorithme qui emporte tout sur son passage.

Jusqu’ici, je n’ai parlé que d’artistes qui cartonnent sur les réseaux. Alors imaginez les galériens d’open mic ? Je ne sais même plus qui ils sont, moi non plus. Mon cerveau enregistre parfois leurs noms, si je les vois plusieurs fois sur des plateaux indé. Je pense ainsi qu’il va falloir faire preuve de beaucoup d’endurance pour les détecter et raconter leurs histoires. Malgré tout, je demeure optimiste. De la même manière qu’on parvient encore à tomber amoureux, je suis certaine qu’entre comiques et critiques, on finira bien par se rencontrer.

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