Cab Cab et sa Spatule électrisent la Nouvelle Seine
Cab Cab a fait ses gammes à Nantes avant de venir à la conquête de Paris avec son spectacle Spatule. À l’époque, on me décrivait un phénomène haut en couleur. Elle n’était pas en mesure de jouer lorsque je venais pour la première fois à Nantes. Quatre ans cet épisode de novembre 2019 qui est abordé dans le spectacle (!!), j’ai comblé le retard !
Cab Cab et le spot du rire : une rencontre en trois actes
L’acte I ne se jouait pas à la Nouvelle Seine mais aux Ouais Ouais Ouais. Un passage plein de promesses, avec un public qui ne semblait pas rechercher l’absurde. Il fallait vite trouver un meilleur écrin. Quoi de mieux que le Mokiri, avec sa soirée 100% barrée ? Yacine Belhousse, Patrick Chanfray, Cab Cab et Tristan Lucas… Comme dirait Philippe Manœuvre : « Est-ce que le pape est catholique ? ».
Troisième acte à la Nouvelle Seine, le soir du passage de la tempête Federico. À ce stade, j’ai bien en tête l’univers de Cab Cab. Elle semble à la fois hors de contrôle et en maîtrise totale. Son « personnage » ne part pas dans tous les sens, mais en arborescence. Est-ce véritablement un personnage ? Le public peut librement en décider. Montreux sent passer la tornade de plaisir Alexandre Kominek, Paris celle de la Cab Cab…
Spatule : le spectacle ébouriffant de Cab Cab à la Nouvelle Seine
Lunettes jaunes du plus bel effet, tenue de scène tout en velours (enfin, je crois), mobilité du corps à faire pâlir Kamel Ouali ou Thierno Thioune… Cab Cab a déjà un très haut niveau et n’a rien envier aux permanents de la Nouvelle Seine. Derrière cette folie esthétique et cette richesse vocale se niche un propos emprunt de sagesse.
Qu’avons-nous fait du grain de folie de notre enfance ? J’ai repensé à ce moment improbable où j’imitais la chaudière de chez moi à la cantine de l’école. Je scandais un « ouhhh » complètement déconnecté des autres. Jusqu’à ce que la main de la cantinière vienne me frapper au visage, bien qu’elle ne connaisse pas le détective Froussin. Un retour au réel brutal et qui ne passerait sans doute plus en 2023.
Toujours est-il qu’en 2023, Cab Cab fait un bien fou avec sa spatule. N’y voyez pas là un rituel BDSM de circonstance (je n’y connais rien, même si j’ai écouté Sept euros quarante). Elle revisite notre rapport aux boulangeries, rejoignant une élite composée d’Adrien Montowski sur ce thème. Le masque social, elle le détruit anecdote par anecdote.
Des histoires rocambolesques ponctuent des moments d’hilarité (les fous rires sont légion). Ce spectacle est vraiment à part, tellement prometteur pour la suite. Après William Pilet, Nantes continue d’exporter des humoristes incroyables de poésie, de justesse et d’absurdie. Même si Cab Cab vient de Bretagne, précisons-le pour éviter tout malentendu géopolitique.