Critique spectacle – Vega se révèle à la Petite Loge
Vega jouait pour la première fois son spectacle à la Petite Loge en mars dernier. Dans cette pépinière de talents, le stand-upper y dévoilait un récit poignant et hilarant.
Vega : avant ce spectacle, l’humoriste se forme à bonnes écoles
Vega est du genre besogneux. Pour préparer son spectacle, il l’a construit brique par brique… Tel un bricoleur (l’usage du terme n’est pas anodin), il a posé les bases d’un spectacle de stand-up marquant. Pourtant, lorsqu’on le voyait travailler aux Batignolles Comedy, on avait l’impression que ça tournait en rond.
C’était peut-être le cas pour celui qui, comme bon nombre de jeunes artistes, cumulait deux métiers. Au fil du temps, il a pris le taureau par les cornes. Formé au Campus du Barbès Comedy Club puis à l’Académie d’Humour, il mettait le turbo, tel un Fernando Alonso du LOL. Avec la même abnégation que le Taureau des Asturies, l’humoriste franco-espagnol attendait son heure. Il s’entourait aussi de son acolyte Gabin Schittek, rencontré sur les bancs de l’académie.
Un stand-up introspectif, thérapeutique… mais hilarant !
Vega a « digéré ». Son histoire est aussi riche que lourde. Une famille qui papote plus qu’elle ne communique, un père militaire et bricoleur et une mère qui pâtit de cette absence de mots… C’est dans les détails qu’on découvre à quel point cette histoire familiale n’est pas si banale qu’il n’y paraît.
Comment se construit-on sans les mots ? Les mots, pourtant, ils envahissent le monde des taiseux. Comme ils gardent plus ou moins le silence, tout un tas de gens viennent s’y engouffrer pour raconter leurs histoires. Forcément, l’ennui guette et la sociabilité est une épreuve. Les choses les plus simples deviennent un enfer…
Mais si tout cela s’arrêtait là, ça n’aurait pas d’intérêt. Ajoutez à cela, tapi dans l’ombre, le feu sacré qui anime Vega… Plus on contient, plus ça bouillonne et cela donne des péripéties excessives. Face à ce tableau assez lourd, Vega devait produire un spectacle hilarant… Sous peine de faire sa thérapie sur scène et ennuyer à son tour.
Surpasser les attentes avant de fignoler un spectacle marquant
Vega risquait par ailleurs de devenir un stand-upper comme un autre. Celui qui raconte une série de blagues et d’anecdotes sur sa vie sans sortir du lot. Pourtant, il ne tombe pas dans le piège tant son histoire sort de l’ordinaire tout en autorisant l’identification.
L’humoriste livre une véritable leçon de vie à tous ceux qui manquent d’assertivité. Il parle autant de sa quête d’amour (fructueuse) que de ses enfants. Le spectacle dresse aussi le portrait de plusieurs générations de Vega, une famille étonnante de drôlerie tant les punchlines fusent.
Précisons que cette heure est inédite. Jamais jouée ailleurs, elle manque uniquement d’élagage. Autre tour de force : la présence scénique de Vega, déjà aperçue dans les vidéos du Barbès où il jouait le rôle d’un méchant envoûtant. Sans oublier le storytelling, sur lequel Marion Mezadorian a mis son grain de sel quelques heures durant… pour un résultat probant !
Caustique à souhait, il arrive tout de même à nous garder de son côté malgré son côté « rageur » (sic !). Les mimiques sont parfaites, ce qui le rapproche d’un Charles Nouveau sur ce point. Mais contrairement au talentueux suisse, il ne met pas de distance vis-à-vis du public, jouant avec lui avec beaucoup d’aisance. Alors imaginez quand ce spectacle sera fignolé… On suivra ça de près !