Un soir au Random Comedy Club
Le Random Comedy Club, c’est le plateau qu’Étienne et Antoine ont créé avec Guiguipop. Cette phrase n’a pas de sens pour vous ? C’est sûrement car, comme moi, le monde des créateurs de contenus et de l’influence reste obscur. Avant de vous raconter l’ambiance de la cave du Kibélé, un petit rappel s’impose.
Étienne et Antoine : ceux qui vous donnaient rendez-vous le 30 juin
Qui sont Étienne et Antoine ? Deux gars qui apparaissent dans les podcasts branchés (qui parfois même les gèrent), pour simplifier. Étienne 4U mixe aussi pas mal. Antoine PMB, vous le connaissez via le podcast 2 heures de perdues, mais probablement pour d’autres trucs. Encore une fois, le monde des créateurs de contenu n’est pas ma spécialité.
Dans le milieu du stand-up, ces deux-là se lancent actuellement un défi fou : proposer un spectacle au Trianon en moins d’un an, sans expérience scénique. Ils savent écrire, comprennent la discipline et alimentent une chaîne YouTube depuis le début de leur épopée.
Random Comedy Club : la preuve qu’ils prennent la chose au sérieux
Malgré leur relative inexpérience, Étienne et Antoine fédèrent une communauté dingue. Plus forte même que celle de Sacha Béhar et Augustin Shackelpopoulos. À tel point qu’ils ont cassé la billetterie du Trianon : tout était écoulé en quelques minutes. Idem pour chaque session du Random Comedy Club du mercredi soir.
Difficile de regarder tout cela avec un enthousiasme franc. Voir des gens devenir fous indépendamment de la qualité des blagues, comme si les mecs étaient des gourous, c’est terrifiant. Pourtant, on les aime bien parce qu’ils respectent le stand-up. Ils ont choisi le Kibélé, une cave chargée d’histoire, pour peaufiner leurs blagues. Ils rencontrent des personnalités plus ou moins connues (Fanny Ruwet, Mahaut, Elsa Bernard et Anissa Omri) pour préparer leur projet. Et surtout, ils bossent dur. Ainsi, ils ne font pas croire que le stand-up est facile et que tout le monde peut en faire. Ils comprennent les codes, ne sont jamais satisfaits d’eux-mêmes, et ça fait du bien.
Le Random Comedy Club du 8 février
C’est grâce au piston des organisateurs qu’on a pu assister à la soirée (car tout le monde se ruait sur les places comme des morts de faim, comme d’habitude). Je n’ai jamais vu le Kibélé aussi rempli. Même le plateau d’avant, qui n’avait rien à voir, était blindé.
Parmi les humoristes de métier, on retrouvait Adrien Montowski et Alice Lombard. Deux découvertes humour du spot du rire, mon capitaine ! Je me réjouissais : au moins, il y aurait un lien avec mon expérience du stand-up.
La force de ce plateau, c’est l’identité et l’ambiance singulière que les organisateurs créent. Je vous parlais de Guiguipop, et là encore, ça a l’air d’être un gars hyper connu qui apparaît partout. Sa chauffe était très cool, comme la manière d’honorer les blagues qui tombent à plat. Créer une ambiance unique n’est pas donné à tout le monde.
Hormis Kemar, tout le monde fonctionne
Dans cette cave emblématique du LOL, je renoue ainsi avec le plaisir de voir un plateau d’humour. Les têtes que je connais me rassurent, les nouveaux visages créent et rodent devant mes yeux. Mais dans ce village d’irréductibles travailleurs, un influenceur YouTubeur de mes deux résiste toujours en jouant au stand-upper.
Kemar avait plus d’un mois pour bosser sur son set. Je ne connais pas son travail, j’ai juste vu qu’il a commencé avec Norman et Hugo Tout Seul. Et il n’avait rien à proposer. À part travailler son style, il a joué au funambule sans respecter le public ou les organisateurs. Aux antipodes du travail qu’Étienne et Antoine abattent pour produire de l’humour de qualité. En plus, le passage était misogyne à souhait, et derrière nous 3 fanatiques brandissaient des téléphones pour filmer une star.
À en juger le dépit des organisateurs après la soirée, cet incident isolé ne se reproduira plus. Mais, fait intéressant, ce n’était pas si grave. On a regardé ce crash test avec bienveillance, car on faisait la part des choses. J’ai vu bien pire, c’était simplement un type qui avait dit oui à un truc qui le dépassait. Peut-être a-t-il eu peur de vraiment se frotter à l’exercice et se mettre en danger, là où ailleurs, il est adulé par sa communauté.
Étienne et Antoine osent la mise en danger
Alors allez au Random Comedy Club (si vous arrivez à récupérer des billets un vendredi midi pour le mercredi suivant). L’initiative d’Étienne et Antoine apporte un nouveau coup de projecteur à une discipline qui fascine le grand public autant qu’elle le déroute. Tout ce qui pourra vulgariser cet art auprès du grand public est un énorme plus.