Anne Cahen, la qualité sinon rien à la Petite Loge

Juliette Follin 31/10/2022

Anne Cahen propose un Moment de qualité à la Petite Loge depuis la rentrée. Découvrez notre critique de son premier spectacle de stand-up.

Anne Cahen et son Moment de qualité à la Petite Loge : promesse tenue ?

Dès ses débuts en stand-up, Anne Cahen a frappé fort. Comme nous vous l’expliquions déjà en 2021, l’humoriste se frayait facilement un chemin en plateau. Rapidement, elle avait 20 minutes à son actif. Le potentiel se dessinait, mais il fallait confirmer.

Le premier signal positif a été sa programmation à la Petite Loge. Elle a réussi à convaincre les directrices très sélect Perrine Blondel et Mélissa Rojo lors de l’audition à un moment assez concurrentiel. Tout le monde ne passe pas cette étape, surtout sans avoir des choses à dire.

Anne Cahen aurait pu se contenter de proposer un énième spectacle pour trentenaires parisiens. En avoir marre de ses collègues, de ses amies qui deviennent des mamans gâteaux et des invitations de mariage… Ce disque-là commence sérieusement à tourner dans les caves parisiennes. Alors, comment offrir de la qualité au public ?

S’entourer : l’apport de Nathalie Boitel

Pour y voir plus clair, Anne a donc misé sur le meilleur théâtre pour éclore et s’est lancée avec un peu d’aide. Nathalie Boitel, que vous connaissez peut-être pour son podcast Trac et ses passages au Paname, forme un binôme avec la nouvelle stand-uppeuse qui monte. Les deux femmes ont su se frayer un chemin avec méthode dans le monde de l’entreprise comme dans l’artistique.

On ressent cette rigueur dans l’exercice, cette efficacité dans les efforts fournis. On n’est pas là à tergiverser en se branlant intellectuellement devant les specials Netflix. Pas de complexe du genre « il faut attendre 10 ans pour sortir un spectacle ». On se jette à l’eau, et pas qu’un peu !

J’ai vu la quatrième représentation, où Anne et Nathalie venaient de remanier le tout. Pas forcément évident de se caler avec des nouveautés. Pourtant, les enchaînements étaient bons et tout roulait comme sur des roulettes ! Un peu de tics de langage à la « euh » et « voilà », heureusement bien rattrapés par le jeu et la structure.

Un spectacle rempli de bonnes ondes et de moments d’identification de qualité

La force de ce spectacle, c’est le comique d’observation. Anne Cahen arrive à retranscrire fidèlement le ressenti d’introvertis qui doivent se confronter à des moments sociaux qui nous emmerdent tous plus ou moins forts. Des photos de bébés reçues sans consentement au portrait fidèle de Bruno, ce collègue agaçant qui s’est perdu dans le monde de l’entreprise, on s’identifie facilement.

Mon moment préféré du spectacle est plus personnel et dépasse ces lieux communs. Anne Cahen a grandi sans la télévision, sauf chez l’une de ses amies. Un peu comme Guillaume Guisset qui rêve d’une vie au-delà du périphérique où l’on se goinfrerait de Nutella, Anne narre avec brio ses plaisirs culinaires. Tout cela est bien éloigné de l’absence de fun dans l’assiette de son foyer. Et elle mentionne une émission qui a marqué mon enfance, me ramenant instantanément au bonheur dingue de regarder ce machin. Je ne vous dévoile pas cette émission, mais ça m’a transporté.

Une anecdote sur l’introversion et le final

Anne Cahen n’est pas la première à parler de timidité et d’introversion. Forcément, cela rappelle un peu Thomas Wiesel. L’analogie se prolonge quand on sait que ces deux comiques ont vécu brièvement en Angleterre pendant l’enfance. Le rappel d’Anne est savoureux, pas trop long (ça, ce n’est pas pour me déplaire) et vient conclure un très bon spectacle.

Je me suis surprise à rire assez fortement, emportée dans les moments de jeu, le storytelling, un vécu raconté simplement. Pas besoin de rouler des mécaniques pour marquer les esprits, et ça fait du bien ! Bravo à Anne pour ce moment de qualité, qui en appelle de nombreux autres.

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