32e Festival National des Humoristes : William Pilet au sommet
Le spot du rire assistait pour la premiĂšre fois Ă une institution du rire : le Festival National des Humoristes Ă Tournon-sur-RhĂŽne. Un rendez-vous pris de longue date, qui a suscitĂ© beaucoup dâattentes⊠et de pression puisque nous figurions dans le jury.
Avant de vous livrer les coulisses dans un papier qui reviendra sur chaque prestation et les à -cÎtés du festival, faisons le point sur les primés.
William Pilet et Harold Barbé, artistes aguerris et trop longtemps ignorés, séduisent le jury du Festival National des Humoristes
Lâhumoriste William Pilet a remportĂ© les faveurs du jury du Festival National des Humoristes Ă Tournon-sur-RhĂŽne. Cet humoriste absurde a dĂ©ployĂ© son comique dâaccessoires pour surprendre tout en finesse un public en liesse.
Interview de William Pilet par la presse locale (source : le Dauphiné Libéré)
Harold BarbĂ© a quant Ă lui remportĂ© le second prix du jury grĂące Ă un passage qui montait en puissance. Entre stand-up caustique et act-outs savoureux, lâartiste Caennais a confirmĂ© son statut de vieux routard du rire.
TroisiÚme artiste et meilleur des autres, Avril a été le dernier artiste largement cité par le panel de professionnels autour de la table. Le jury a récompensé ses choix scéniques originaux et son travail soigné de mise en scÚne. Prometteur, mais pas suffisant pour recevoir un Bouffon au contraire de William et Harold !
Envie de voir ces artistes Ă Paris ? William Pilet jouera Ă la Petite Loge les vendredis 17 et 24 septembre Ă 20h. Harold BarbĂ© nâa actuellement pas de programmation parisienne, mais si vous ĂȘtes chauds, il sera Ă Lagny-sur-Marne (77) le samedi 6 novembre Ă 21h. Avril reprend son spectacle au MĂ©tropole tous les mardis Ă 20h Ă partir du 14 septembre.
Au Festival National des Humoristes, les Apollons restent les chouchous du public
Entre le public des festivals et les Apollons, lâhistoire dâamour continue. Ne vous fiez pas au nom de ce duo comique. Il donne lâimpression de voir des artistes jouer la carte dâun humour 100% vieillot⊠Leur prestation techniquement trĂšs soignĂ©e sĂ©duira un public familial venu sâamuser sans prise de tĂȘte.
William Pilet terminait lĂ©gĂšrement derriĂšre ce duo, ce qui nâa rien dâĂ©tonnant. Lors de la premiĂšre soirĂ©e de dĂ©couvertes, il a largement creusĂ© lâĂ©cart en matiĂšre de volume de rires.
Dans les coulisses dâun des festivals dâhumour les plus cotĂ©s : zoom sur la programmation et le jury
Avec plus de 30 ans dâexistence, le festival de Tournon est lâun des plus en vue. Câest lâun des rendez-vous phares pour dĂ©couvrir de nouveaux talents. La recette : des talents triĂ©s sur le volet, jugĂ©s sur un passage de 30 minutes. Les ordres de passage et les mĂ©langes dâunivers sont savamment orchestrĂ©s.
Pour le comparer aux Best de lâHumour dans lequel jâĂ©tais Ă©galement jury, lâapproche est beaucoup plus professionnelle. Vous connaissez forcĂ©ment le prĂ©sident du jury, Alexandre Pesle. Pas forcĂ©ment de nom, mais si vous ĂȘtes dĂ©jĂ tombĂ© sur CamĂ©ra CafĂ©, vous avez forcĂ©ment aimĂ© Sylvain de la compta. Alexandre Pesle est Ă©galement un auteur aguerri, qui a notamment contribuĂ© Ă lâĂ©criture de la sĂ©rie HâŠ
Un panel variĂ©, aux sensibilitĂ©s artistiques diffĂ©rentes mais animĂ© de la mĂȘme passion
Jâai croisĂ© Ă de nombreuses reprises Amandine Guillot lorsquâelle travaillait Ă lâAlhambra. Aujourdâhui, elle Ćuvre pour le festival Performance dâActeur Ă Cannes et a rĂ©cemment rejoint lâĂ©quipe du Montreux Comedy. Sa prĂ©sence aussi soutenue Ă©tait forcĂ©ment un gage de qualitĂ©. Marion Monin-Iacono Ă©crit pour le magazine We Love Comedy, rattachĂ© au Paname Art CafĂ©. Depuis son arrivĂ©e, Ă©trangement, les contenus de ce site web sont meilleurs. Elle a rejoint lâun des comedy clubs historiques de la capitale dans le cadre de son master en alternance en journalisme culturel. Sa curiositĂ© et son regard artistique dĂ©jĂ bien affĂ»tĂ© lui ont permis dâĂȘtre tout de suite Ă lâaise dans lâexercice, bien loin dâĂȘtre impressionnĂ©e par le cadre du festival.
Je vais Ă©galement citer Nina Lamparski, la touche internationale du jury. Si elle travaille Ă lâAFP sur des questions internationales, elle a lâexpĂ©rience de plusieurs festivals internationaux rĂ©putĂ©s en Ăcosse (oui, câest le Fringe) et en Australie. ArrivĂ©e lĂ©gĂšrement plus tard car supposĂ©e cas contact, lâhumoriste CĂ©cile Giroud apportait une vision dâartiste Ă ce jury, complĂ©tant ainsi celle du prĂ©sident Alexandre Pesle.
Il y avait aussi des amateurs dâhumour plus populaire comme Thierry Roudil, Ă la tĂȘte dâune salle atypique et rĂ©putĂ©e, lâAppart CafĂ©. Capable dâapprĂ©cier un Harold BarbĂ© Ă lâhumour trĂšs soignĂ©, il se dĂ©fend aussi dâapprĂ©cier Julien Bing (nous y reviendrons). Vincent Pillet, responsable des programmes Ă lâantenne locale de France Bleu, avait lui aussi un regard plus rustique.
Des programmations à la pelle, la promesse de carriÚres qui décollent
Outre les prix, chaque artiste a bénéficié de la présence de professionnels francophones du spectacle vivant. Venus des quatre coins de la France mais aussi de la Belgique et la Suisse, ils venaient faire leur marché.
Plusieurs artistes ont reçu des propositions de programmation, tremplins humour et mĂȘme des masterclass. Tout est bon dans lâaccompagnement. Plus sĂ©rieusement, la rĂ©putation du festival apporte toujours un boost apprĂ©ciable aux artistes qui marquent sur scĂšne.
Cette annĂ©e, la programmation Ă©tait comme souvent trĂšs bonne. De lâaveu des organisateurs, elle Ă©tait meilleure que prĂ©cĂ©demment car tous ont donnĂ© le meilleur dâeux-mĂȘmes. Pas un seul bide nâa Ă©tĂ© observé⊠Peut-ĂȘtre Ă©tait-ce la prĂ©sence dâune premiĂšre partie quotidienne et malaisante qui explique Ă elle seule le dĂ©samour des jeux de mots. Vincent Roca arrivait chaque jour sur scĂšne avec un PowerPoint dâimages quâil commentait avec des jeux de mots. RĂ©sultat des courses : le soulagement de voir un artiste faire autre chose, sous rĂ©serve quâil ait bien travaillĂ©, allait aider le public Ă se dĂ©tendre.
Du gĂ©nie festivalier ou une erreur de casting ? Je nâai pas osĂ© demander : aprĂšs tout, ils prenaient en charge tous les frais sur place. RĂšgle dâor de lâinvitĂ© : on fait profil bas sur la critique sur place. AprĂšs, câest autre choseâŠ
Des jeux de mots, quand câest bien fait, pourquoi pas. Sur un ton professoral et sans votre consentement, vous rigolez moins.
Il allait en chercher quelques-uns trĂšs loin, mais davantage pour montrer quâil connaĂźt le dictionnaire que pour apporter quelque chose de plus Ă la comĂ©die. Il les annonçait avec un ton nonchalant, presque celui dâun professeur sans histoire qui jouit de voir son audience devoir Ă©couter sans pouvoir sâĂ©chapper. Le fond et la forme rendaient ce moment gĂ©nĂ©ralement ratĂ©. Les petits rires, disparates et pas toujours homogĂšnes, contenaient malgrĂ© tout cela de vrais mordus de son univers. Nous sommes en festival, tout est normal.
Tournon en bref : dans le prochain Ă©pisode
La retenue, câest bientĂŽt fini. Ce festival a Ă©tĂ© une expĂ©rience trĂšs intense. Je vous ai racontĂ© mon expĂ©rience Ă Tournon-sur-RhĂŽne de la maniĂšre la plus neutre possible⊠Sauf pour Vincent Roca, car câest important de garder des bases « spotiennes ». Objectif : rĂ©duire lâinfluence de ces expĂ©riences qui contribuent au nivellement par le bas de la comĂ©die.
Dans le prochain Ă©pisode, on passe Ă ce quâon a vraiment pensĂ© de tous les protagonistes. Nous avons traquĂ© tout dĂ©part de feu menant Ă des injustices comiques, surveillĂ© tout dĂ©rapage non contrĂŽlĂ© dâartistes ou de professionnels. Mais aussi chassĂ© les anecdotes inĂ©dites au plus prĂšs des artistes (mĂȘme sâils ont tentĂ© de nous sĂ©parer, ces petits malins de bĂ©nĂ©voles). CâĂ©tait Ă©pique, il y avait des larmes (je nâai pas dormi) mais pas de sang, donc ça va. Impatients ? Moi aussi, car Ă lâheure oĂč jâĂ©cris ces lignes, la suite nâest pas encore Ă©crite et le mystĂšre demeure sur la forme que cela va prendreâŠ
Crédits photos
© François Maquaire / Festival National des Humoristes