La découverte du mois – Octobre 2020 – Guillaume Guisset
Guillaume Guisset a pris ses quartiers à la Petite Loge, le théâtre qui accumule les découvertes artistiques depuis plus de 10 ans. De l’avis de certains, cette pépinière aurait découvert à nouveau un humoriste à la sauce Gaspard Proust.
Sans aller jusqu’à cette comparaison qui vaut presque obligation de résultat, je vous confirme que la Petite Loge vient de flairer un talent rare.
Guillaume Guisset : ni agitateur, ni provocateur, mais…
Le spectacle de Guillaume Guisset, Cordialement, a pour affiche un portrait de l’artiste en pleine étreinte avec une batte de baseball. Et ce n’est pas tout : en bas à droite, un chaton « photobombe » le tout.
En si peu de détails, presque tout est dit. Cependant, on ne peut pas anticiper ce qu’il va se passer dans la salle. Par respect pour votre expérience future de spectateur, j’essaierai d’en divulgâcher le moins.
Une mise en scène audacieuse, un personnage jubilatoire
À chaque fois que je rentre dans la Petite Loge, l’artiste se cache derrière le rideau. Guillaume Guisset n’a pas envie de suivre cette tendance. Ce premier contact immédiat dérouterait presque et fixe notre attention dès les premières secondes.
Perrine et Mélissa, qui dirigent le lieu, me confiaient que même dans un petit espace, on peut proposer des mises en scène audacieuses. Guillaume Guisset n’a rien à voir avec Marie Kondo, mais il sait utiliser l’espace avec beaucoup d’intelligence.
Celui qui veut se libérer de la tendance stand-up s’en donne ainsi les moyens. Et ce n’est pas un hasard : contrairement à d’autres débutants, il a l’humilité de s’entourer et d’apprendre sans se voir déjà en haut de l’affiche. Sur scène, cette humilité se transforme en don de soi et en grande générosité pour le spectateur.
Autre détail important pour l’artiste, donc : l’art de tenir le spectateur en haleine. Il le confiait dans son interview, suite à sa victoire au concours Kandidator. Un concours qui, malgré ses étrangetés, révèle parfois des pépites phénoménales. C’était le cas d’Alexandra Pizzagali, dont le talent de comédienne et d’humoriste n’est plus à prouver.
Quid de son personnage ? Guillaume Guisset le décrit comme un misanthrope émouvant, assez cynique. Un être qui manie l’humour noir, qui a des avis arrêtés sur le monde, mais des fêlures. Car Guillaume Guisset ne veut pas tomber dans la facilité et faire de l’humour noir gratuitement.
Si on le compare volontiers à Gaspard Proust, ce comédien formé au Cours Florent précise qu’il s’inspire également d’un Rodrigo García. On devine déjà son ambition et son envie de marquer l’histoire…
Guillaume Guisset : technique irréprochable, originalité véritable
Ne pas céder à la facilité, c’est sans doute ce qui le distingue des autres. Même si, bien sûr, ceux qui manient l’humour noir le font souvent avec intelligence. Parfois, on se demande quel est la part du personnage ou de l’homme qui se tient devant nous. Un plaisir coupable du spectateur avec lequel Guillaume Guisset joue de la première à la dernière seconde.
Son clown est parfaitement maîtrisé. Rien qu’en modifiant ses mimiques, il fait naître des atmosphères diamétralement différentes en quelques secondes. C’est très fort, très fin, et l’ensemble ne laisse aucun répit au spectateur. J’ai pris tellement de plaisir que j’ai ressenti le besoin d’être pudique et de convulser au lieu d’exulter. Je retenais mes rires, car ça devenait presque indécent. J’avais presque envie de lui demander d’arrêter, sur la fin, histoire de reprendre mes esprits (et mon souffle).
Ça, c’est l’effet Guillaume Guisset. Et c’est à découvrir absolument !