Lucie Carbone, joueuse dans Badaboum
Badaboum, c’est comme un bon roman. Tu patines au démarrage face à tous les éléments que l’auteur, Lucie Carbone, t’expose. « Pourquoi tout ça ? Je veux entrer dans le vif du sujet, moi ! »
Patience… Sais-tu que ces détails sont essentiels et te serviront tout au long de l’œuvre ? Oui, cette phrase sonne comme celle d’un professeur. Or cela n’a rien d’étonnant, tant Lucie Carbone aime ce rôle d’élève modèle et appliquée.
Dans la classe des humoristes, Lucie ne figure pas encore sur le tableau d’honneur, mais elle y travaille. Depuis que je la vois jouer sur scène, je ne l’ai jamais rien vu lâcher. Même pas lors de cette soirée à la Comédie Passagère, l’ancien plateau de Betty Durieux puis Cyril Hives, où un homme passablement éméché venait perturber le spectacle.
Lucie Carbone n’est pas une humoriste de plateau. Elle en fait beaucoup, mais ce n’est pas là qu’elle dévoile vraiment son talent. Le format est trop court : elle a besoin de plus de mise en scène, de plus de temps, pour instaurer son univers.
C’est donc dans son spectacle Badaboum que Lucie Carbone montre le plus son potentiel. Le mieux, c’est de passer en revue les forces et points d’amélioration de son spectacle.
Lucie Carbone dans Badaboum : les réussites
Les passages avec du jeu sont les plus percutants. Grâce à la mise en scène de Matthieu Lemeunier, Lucie instaure des ambiances très soignées. C’est un écrin parfait pour transmettre tous types d’émotion. J’ai trouvé qu’elle le faisait très naturellement, et que cela passait instantanément de l’artiste au public, par le regard et la voix notamment. On peut proposer quelque chose de très fort avec beaucoup de simplicité, et c’est généralement là où on emporte mon adhésion. Bien joué, Lucie Carbone !
L’écriture est également chirurgicale dans Badaboum. C’est très poétique et le fil conducteur nous guide grâce à des running gags bien pensés, auxquels on ne s’attend pas. Je craignais, connaissant Lucie et son amour des jeux de mots, qu’elle en abuse. Il n’en est rien : à la place, elle propose des images et des métaphores très fortes.
Là où Badaboum pourrait frapper plus fort
Le début du spectacle était un peu poussif, puis tout est devenu très fluide. La faute à un problème de concentration, ou à un stress supplémentaire dû à la captation ce soir-là ? Ce qui est sûr, c’est que le jeu lui a permis de bien rentrer dans ce qu’elle devait proposer.
J’ai trouvé que l’entrée sur scène volontairement chaotique faisait perdre en efficacité, tout comme l’explication de texte sur le concept « Badaboum ». Oui, c’est important de l’expliquer. Mais quand on lit le descriptif du spectacle, on s’attend à entendre parler de Lucie plus vite, et on se retrouve à attendre un peu pour que cette partie débute.
Pourquoi rencontre-t-on ces éléments ? C’est tout bête : un spectacle, ça se peaufine. Il demeure encore en rodage, et quelque part, on mise beaucoup sur celui-ci. On vous explique pourquoi tout de suite !
L’arme fatale de Lucie Carbone : la prise de risque
Badaboum, c’est un spectacle original. Je pense que seule Lucie aurait pu l’imaginer et l’interpréter. Pas seulement parce qu’il s’agit de sa vie, mais parce qu’on sent toute la sophistication qu’elle met dans son œuvre et sa capacité à pousser son imagination assez loin.
Autre élément décisif : son amour de la prise de risque et son audace. Ce spectacle a de fortes chances de devenir un bijou dans la catégorie seul-en-scène. On le voit clairement cartonner en Avignon, avec un bon marketing et une Lucie Carbone encore plus rodée. Affaire à suivre ?
Crédits photo
© Camille Pourcel