En immersion dans le podcast de l’Assommoir

Juliette Follin 03/07/2023

Début 2022, j’ai découvert Albert Chinet et le podcast de l’Assommoir. Je me souviens d’avoir écouté l’épisode avec Patrick Chanfray chez Bruno Peki à Genève, avant de rencontrer pour la première fois Albert à Lausanne. Ma première impression côté podcast : un podcast très travaillé et monté, et un épisode hilarant. Et pour Albert, un mec passionné et habité par la musique.

Défi : incruster Albert Chinet dans le podcast de l’Assommoir

Un an plus tard, Jean-Sébastien cherche un invité pour l’épisode sur Harry Potter. Dans le même temps, Albert joue à Hogwarts Legacy sur Twitch et confie être fan absolu de la saga. Or l’enregistrement est à Paris et Albert en Suisse… donc l’affaire ne se fait pas. L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais c’était sans compter sur ce que j’ai appelé la « Chinet Week ».

En mai, Albert se produit en effet à Montreuil et je commence à parler de l’événement à tous ceux qui aiment passer leurs soirées dehors (et qui ne montent pas sur scène le même jour). Jean-Sébastien fait partie des élus conviés au concert : non seulement, il viendra au Théâtre Thénardier… Mais il a même invité Albert à l’épisode suivant, sur la nature. En d’autres termes, la passe décisive a été légèrement déviée… Je bookais ainsi une découverte humour sur un podcast assez hype. Je jubilais.

Thomas Croisière : tête d’affiche ou élément perturbateur ?

Ensuite, j’ai vu la liste des invités. La présence de Thomas Croisière m’a légèrement refroidie, puisque je l’avais croisé après un spectacle et je trouvais qu’il parlait beaucoup. Un type bien en vue sur France Inter avec des artistes souhaitant avoir pignon sur rue… Il y avait danger que le temps de parole ne soit pas équilibré. Et le CSA n’en a rien à foutre, chacun sa merde.

Mon sang n’a fait qu’un tour : je devais être là pour vivre le moment. D’une part, le temps qui s’écoule entre l’enregistrement et la sortie d’un épisode se compte en mois, et je n’aurais jamais pu attendre. D’autre part, je me sentais responsable si jamais quelque chose tournait mal. Je ne voulais pas laisser un Suisse habitué à des podcasts où chacun s’écoute et échange tranquillement dans une panade monstre.

Préposée aux photos dans le podcast de l’Assommoir

J’arrive donc à m’incruster, avec pour mission de faire des photos. J’ai un souvenir mitigé d’un tel exercice… Pour dépanner l’attachée de presse Léo Domboy quatre ans plus tôt, j’ai accompagné Ambroise et Xavier à Sud Radio et à France Bleu. Les photos que j’ai prises étaient inexploitables : je ne savais pas où je pouvais me mettre (la radio, c’est filmé, il y a des caméras partout…). Résultat, je n’ai pas bougé, c’était cadré à la pisse… Et je prends habituellement 2/3 des photos de manière floue — pas l’idéal. On aurait préféré opter pour un vrai photographe, comme Marius Mattioni, qui accompagnait Albert dans la Chinet Week parisienne… hormis en cet instant.

Mais nous sommes en 2023, je ne me démonte pas. Je commence à connaître les défis de soirées podcast dans des appartements parisiens du 18e arrondissement. Exemples :

  • Aura-t-on de la place pour se poser et manger une quiche préparée pour l’occasion ?
  • Est-ce flippant de pisser quand 5 personnes attendent leur tour derrière la porte ? Et que si on lève la tête, on se rend compte qu’on a la vue sur la chambre ? Ce qui signifie que si je vois ça, n’importe qui pourrait me voir à ce moment-là ?
  • En qualité de seul membre du public attitré au photos, où vais-je m’asseoir ? Va-t-on entendre le moment où j’enlève le casque pour bouger ?

Je ne sais pas si les autres personnes qui font des podcasts vivent de tels tourments intérieurs… Je ne leur souhaite pas. Mon plan, c’est de me recentrer : sur le chemin du lieu d’enregistrement, je me plonge dans la trance de Paul van Dyk. Ce réflexe idiot de distanciation me rassure : j’essaie de rester en marge du moule des podcasteurs parisiens, j’ai encore mon identité propre… (En réalité, c’est trop tard.)

La réunion du quintet du soir au podcast de l’Assommoir

J’arrive en avance comme Alexis Roy, que je crois reconnaître dans le métro. On ne descend pas au même arrêt, puisqu‘il en profite pour marcher vers l’Assommoir et annoncer sa présence en story. J’arrive sur place et il se tient devant la porte. Une chance, car je n’avais pas le code de l’immeuble et il me permet d’entrer et vivre cet épisode du podcast de l’Assommoir.

C’est intéressant de voir la différence entre l’humour de vidéos Instagram et la repartie d’une personne dans un podcast. Puisque je m’intéresse aux artistes qui montent sur scène, je n’avais aucun intérêt à suivre Alexis Roy… Mais tout au long du podcast, je l’ai trouvé très drôle. Il reprenait souvent la même mécanique pour intervenir, mais arrivait toujours à surprendre son auditoire. En prime, il rentrait dans le lard de Thomas Croisière, déjà confortablement installé dans le canapé à notre arrivée. J’étais rassurée : les autres pouvaient bel et bien se faire une place dans l’arène.

Faux départ en deux temps : ça rappelle la fête aux drapeaux rouges (seuls les fans de F1 peuvent comprendre)

Albert arrivait dans la foulée, pile à l’heure. Enfin, Ophélie Damblé et son média Ta Mère Nature complétait le quintet du jour. À cet instant, un drame se jouait sous nos yeux… Un problème inédit de matériel, résolu grâce à l’abnégation de Jean-Sébastien et l’enquête minutieuse d’Albert (toujours inviter un musicien dans de pareilles circonstances). Nous étions là depuis une heure, mais le spectacle allait bientôt commencer !

Enfin, c’est ce que nous croyions. La première heure se passe plutôt bien, jusqu’au deuxième drame, hantise de tout podcasteur. Oui, vous l’avez sans doute deviné : l’enregistrement ne tournait pas. Il fallait tout recommencer. Mais nos convives du soir, tous très professionnels, ont joué le jeu et soigné la déception d’un Jean-Sébastien qui avait déjà vu sa vie défiler deux fois en deux heures.

Vivre l’envers du décor : les montagnes russes en plein Paris

Ré-enregistrer un début de podcast est déjà tout sauf une sinécure… Mais quand il faut refaire des jeux où chacun connaît les réponses aux questions… la coupe est pleine ! Néanmoins, chacun a réussi à raconter les mêmes anecdotes, proposer les mêmes raisonnements de manière fluide et authentique. J’étais impressionnée, honnêtement. En prime, ils le faisaient mieux ! Simplement, lors d’une anecdote signée Thomas Croisière, un rictus m’échappe. Il me gronde (je suis paranoïaque à mes heures perdues, Ndlr.), je m’excuse en boudant intérieurement. Nous sommes sans doute irréconciliables, mais je garde ma poker face. Je suis là pour vérifier qu‘Albert est bien accueilli, après tout.

Le saviez-vous ? Le podcast de l’Assommoir reprend la métaphore filée d’une soirée au bar : tournée générale, dernier verre… Ce faisant, plus la soirée passe, plus la concentration s’étiole. L’alcool n’aide pas et les prises sont nombreuses. Le montage, pour paraître si professionnel, est un vrai travail d’orfèvre. Il n’est pas simple de faire dans l’authentique tout en travaillant autant les lancements. L’enregistrement précédent avait pris 2h30. Nous avons doublé ce score, au grand dam de ceux qui avaient des obligations.

Précisons toutefois que tout le monde a continué à s’amuser comme si de rien n’était (la quiche en a aidé certains). Les pauses pipi se multipliaient (pour mon plus grand bonheur, la deuxième tentative fut la bonne, LOL). Et même si je chambre Thomas Croisière depuis le début de ce récit, il m’a bien fait marrer avec son histoire de biche et de vaseline (entre autres).

Bilan du podcast de l’Assommoir : 5 heures inoubliables, des invités qui vivent un moment unique… que vous allez adorer écouter

J’ai finalement adoré cette ambiance foutraque, véritable créatrice de souvenirs. Pour clôturer une Chinet Week d’anthologie (l’emphase est forte, c’était juste monstre cool), Jean-Sébastien m’a fait vivre un moment inoubliable. Chaque personne a ainsi pu dévoiler ses talents et son savoir entre moult éclats de rires. Ophélie était la caution sérieuse en qualité d’experte ès nature (elle n’a pas volé ses 100K). Et le fait de voir le patron du bar enchaîner clope sur clope n’était même pas si gênant (merci la fenêtre ouverte). Merci le podcast de l’Assommoir pour tout !

Bilan de la soirée : je recommande à quiconque de vivre une soirée de ce type, en protagoniste ou spectateur. Depuis le lancement de ce site, j’ai vécu des situations rocambolesques. Celle-ci se hisse dans le top 3, dans la catégorie souvenirs certes foireux mais qualitatifs. Les photos n’étaient pas toutes ratées, Albert a parfaitement géré cette invitation sur des terres parisiennes, j’ai pu dormir sur mes deux oreilles. Merci à Jean-Sébastien de créer cet ovni podcastesque avec à la fois du professionnalisme et un lâcher-prise. Vous savez désormais à quel point il travaille pour rendre le résultat final concis, audible et délectable…

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