Mélodie Fontaine : début spectaculaire à la Petite Loge
C’est fait : Mélodie Fontaine vient de débuter son nouveau spectacle à la Petite Loge. Intitulé De manière plus générale, il laissait planer le doute sur son contenu. D’où un bel effet de surprise et un démarrage en trombe !
De manière plus générale : Mélodie Fontaine passe du général au particulier
Au début du spectacle, j’ai eu peur que Mélodie Fontaine se cantonne à un spectacle scolaire. Pour commencer son heure, elle aborde en effet des lieux communs : dans le Nord, les gens n’ont pas le courant à tous les étages… Entamer son spectacle par une vanne de pet, c’est aussi un ressort assez facile.
Heureusement, tout ceci n’est qu’une ruse pour nous désorienter. Prêcher l’attendu pour offrir un univers bien plus singulier. Sur la forme, je me suis donc fait avoir comme un bleu. Ainsi, Mélodie désamorce les critiques de tous ceux qui pourraient dire : « c’est une bonne comédienne, mais elle n’a rien à dire ». Traduction : les gens comme moi. Bien joué.
Mélodie Fontaine incarne une palette de personnages bruts
J’aurais pu classer les personnages de Mélodie dans la catégorie « trash », mais j’ai peur que ce qualificatif bien trop répandu soit réducteur. Avec sa voix grave, Mélodie alterne explications et incarnations immersives de personnages.
C’est un peu du Zola version spectacle vivant : une absence de raffinement totale, un traitement brut de décoffrage… La vraie vie des vrais gens qu’on ne regarde plus, en somme. Le fil conducteur, c’est la vie de Mélodie : son entourage, puis ses aventures de comédienne et de mère.
Un spectateur happé, pleinement imprégné par les histoires qui s’enchaînent
Mélodie Fontaine avait prévenu : dans son stand-up, il y aura des histoires qu’on ne raconte pas. Alors quand est venu le moment de parler de son accouchement, je commençais à suffoquer.
C’est un ressenti très personnel : je suis pédophobe, si vous me mettez devant Baby boom ne serait-ce que 5 secondes, je vais faire des cauchemars pendant 6 mois. Amateurs de sensations fortes, vous ne serez pas déçus par ce passage. Personnellement, au lieu de me faire souffrir, Mélodie me tenait en haleine. Je me disais : « Bon sang, cette heure va-t-elle aboutir à un final plus apaisé ? ».
Car Mélodie dépeint la noirceur du monde — le sien, comme celui des autres — avec beaucoup de maîtrise. C’est un témoignage de résilience, plutôt dans l’air du temps, qui vient dédramatiser l’ordinaire. Car si les anecdotes sont à couper le souffle, elles s’ancrent à chaque fois dans le quotidien. Rien d’extraordinaire dans tout ça, il s’agit simplement de souvenirs, d’étapes de vie qui, une fois surmontées, vous font dire : « ça y est, je suis un adulte ».
De manière plus générale : notre verdict (et une recommandation)
Cette atmosphère particulière ne m’a pas gâché le spectacle, bien au contraire ! La conclusion du spectacle vient sublimer l’ensemble. C’est une heure marquante, bien construite et déjà solide pour une première. Je suis curieuse de savoir comment elle évoluera.
Je me permettrai de formuler un conseil pour votre samedi soir à la Petite Loge. Enchaînez les spectacles de Mélodie Fontaine et d’Avril. Ce n’est pas mon amour de ce lieu qui parle, promis. En réalité, Avril et ses questionnements permanents vous offriront un sas de décompression, un retour à un état plus candide et innocent.
Vous passerez d’un traitement réaliste du quotidien au vécu d’un type qui fait parfois une montagne d’un rien. Son absence manifeste de problèmes vous fera dire qu’il y a encore de la place pour l’insouciance dans ce monde. Une expérience rendue possible grâce à deux artistes de talent, qui partagent la même scène exiguë le samedi soir.