Ironie de l’histoire : l’œuvre de l’inclassable Réda Seddiki

Juliette Follin 07/09/2020

Ironie de l’histoire, c’est le nouveau spectacle de Réda Seddiki. Le spot du rire a profité de l’ouverture estivale du Théâtre du Marais pour y assister à deux reprises. Avec à chaque fois le même verdict : ce spectacle et cet artiste sont inclassables !

Ironie de l’histoire : la nouvelle création de Réda Seddiki

Après Deux mètres et davantage de liberté, Réda Seddiki continue son chemin dans la salle des outsiders, le Théâtre du Marais. Dans ce lieu, les artistes oscillent entre stand-up et seul-en-scène. Ils manient généralement l’émotion, l’écriture et les traits d’esprit inspirés.

Réda Seddiki est un de ceux-là, cela ne fait aucun doute. Avant de voir son spectacle Ironie de l’histoire, j’imaginais découvrir un univers très poétique, où les blagues légères ou potaches seraient absentes. Un truc à la Félix Radu, qui mise tout sur le verbe et le prestige.

Mais Réda est plus inattendu et surprenant que cela. En regardant son affiche, on s’attend à voir un spectacle assez noble, à message, quitte à verser dans la philosophie. Réda joue pourtant sur le pas de côté : il alterne de véritables prises de position, un univers poétique et des one-liners plus terre-à-terre.

Les sujets qu’il aborde sont variés, parfois même des lieux communs : les relations, l’identité… Réda fuit pourtant la facilité grâce à des métaphores bien senties et une manière très originale d’étayer son propos. Par contraste, des artistes comme Fary, malgré leur aura et leur prestige, sont déjà tombés dans les écueils de spectacles vus et revus autour de la religion.

L’œuvre d’un esprit libre

Car les artistes qui pensent par eux-mêmes, mûrissent leur réflexion et la livrent simplement sont encore trop rares. Réda est un homme libre, qui se désolidarise de tous les qualificatifs qu’on pourrait lui attribuer. Il est de ceux qui peuvent rire d’un rien. L’un de ceux qui, aussi, ont gardé un brin de naïveté et de légèreté. Ceux qui se détachent brillamment de l’accumulation d’actualités montées en épingle pour plus de dramaturgie.

S’engager sans se perdre dans du cynisme et sans céder au pessimisme… Voilà ce qui pourrait (un peu) résumer ce grand gaillard de l’humour, même si ce serait cantonner cet esprit libre à une description trop réductrice.

Des anecdotes qui s’enchaînent

Ironie de l’histoire, c’est finalement une série d’histoires qui se savoure à une vitesse folle. Lorsque j’ai vu le spectacle pour la première fois, je n’ai pas vu le temps passer. L’heure m’a paru 30 minutes.

C’est tellement rare, j’ai eu du mal à y croire. Il n’y avait pas de première partie la première fois, Avril l’assurait la seconde fois. L’association des deux artistes, nouveaux coups de cœur du dénicheur de talents Gérard Sibelle, fonctionne très bien.

Quel bilan tirer de ces deux soirées ? En très peu de temps, Réda a déjà consolidé ce rodage. Grâce à ce quasi-record de vitesse, il est donc fin prêt pour jouer à la Nouvelle Seine dès le mois d’octobre. Pour l’heure, il achève les deux premiers mois de vie du spectacle avec brio au Théâtre du Marais. Une chose est sûre : on reviendra, et on continuera à être surpris.

Crédits photo (affiche)

© Bazil des îles

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