Monter sur scène : ce qu’il se passe après (Netflix)
Juste après être montée sur scène, mon discours était unanime : je n’y retournerai pas. Or, je suis désormais détentrice d’un abonnement Netflix et d’une liste de spectacles américains en attente de visionnage. Et puis, il y a le retour à la réalité qui te visse bien au sol. Soudain, l’envie de s’exprimer te sectionne de l’intérieur.
Le stand-up et la vie réelle
Quand je vous ai raconté mon passage, j’ai omis un point. La perception de mon entourage et des humoristes stand-up. Les humoristes m’encourageaient à continuer et soulignaient les points positifs. Les autres étaient focalisés sur les défauts. Tu parles trop vite, on ne comprend pas tout, arrête de trembler, etc. Mais surtout, on veut te revoir sur scène, reviens vite.
Le truc, c’est que chaque groupe veut dire la même chose : c’est en faisant qu’on apprend et qu’on progresse. Simplement, la manière est complètement différente et je sais exactement pourquoi. La scène peut t’apprendre l’humilité. Par ailleurs, quand on monte sur scène, c’est qu’on a appris à observer, explorer les situations. La différence entre les gens de la vie réelle et les stand-uppers semble donc être leur sens de l’observation. Justement, ce sens de l’observation va dicter leur philosophie de vie.
Tout n’est pas tout blanc ou tout noir
Plein de gens (détracteurs) pensent que les artistes sont des gauchistes, formés du même moule uniforme et progressistes par défaut. Il m’est arrivé un truc drôle en découvrant vraiment ce monde : j’ai vu que ces gens étaient bien plus riches de leurs différences et qu’ils voyaient le monde autrement. Alors que mon entourage est plus sur un réglage bichromique.
C’est pour cela que ce monde du stand-up est si riche et passionnant. Observer, c’est développer son sens de l’empathie. Je ne dis pas que tous les artistes en sont dotés ou que tous les Moldus du rire en sont dépourvus. Tout ce que je sais, c’est que lorsque je suis avec des humoristes et avec des connaissances, le plaisir d’être là est très, très différent.
Retour sur terre
Je ne sais pas s’il s’agit d’une période de lune de miel, parce que cela fait 2 ans que ce monde fait partie intégrante de ma vie. Récemment, je me suis retrouvée dans une soirée avec une majorité d’artistes. D’habitude, ce sont plus des gens qui bossent dans l’informatique.
Dans cette soirée, j’ai rencontré une fille qui a dit qu’il fallait que je garde ma singularité, parce qu’elle la trouvait cool et que ce n’était pas donné à tout le monde. Ok, c’est un peu lune de miel comme discours.
Avec les cracheurs de code, l’ambiance est différente. Je vous passe les détails, mais à un moment donné la discussion dérive sur un rêve dans lequel j’apparais sans trop de vêtements, et heureusement que je n’ai pas l’image. Bref, j’aurais certainement beaucoup à dire si je faisais ce que m’a dit Lenny. A savoir : pousser mon sketch sur mes difficultés relationnelles avec les chats, le ski et les êtres humains que je viens de rencontrer.
Envie de parler et inspirations
Je parle en permanence du film Hibou, parfois dans le vide. Ce film, c’était le pire démarrage au cinéma en 2017 : tout le monde est passé à côté. Fait intéressant : le personnage principal, Ramzy, est tellement invisible qu’il en vient à mettre un costume de hibou pour tenter de se faire remarquer.
Faire du stand-up, c’est exactement la même chose. C’est traverser la vie en voyant que les gens ne t’écoutent pas ou ne te comprennent pas, parce que tu n’es pas comme eux. Il arrive un point où tu te réveilles (souvent après une rupture amoureuse ou une dépression, ou les deux…) et tu te dis que ce n’est pas aux autres de raconter ton histoire. Donc, tu prends le micro. Tu reprends le contrôle du récit.
Après ce passage au 33 Comedy, j’ai vécu plusieurs situations nulles où l’envie de parler s’est faite ressentir. Mon entourage du monde de l’informatique m’a dit qu’il n’avait pas le temps, était injoignable, m’a posé un lapin sous la neige.
Alors, j’ai pris un abonnement Netflix pour me plonger encore plus dans le monde du stand-up. J’ai finalement reconsidéré l’idée de remonter sur scène. En plus, j’ai vu quelqu’un qui débarquait sur scène avec des blagues très datées en me disant que j’avais peut-être un peu plus ma place que lui. Est-ce pour moi ? Rien n’est moins sûr. Mais, quand tu ignores la réponse, seuls le voyage et l’apprentissage te permettent de le découvrir.