Critique – Fanny Ruwet sort son premier roman, et c’est si bien
Fanny Ruwet publie son premier roman, Bien sûr que les poissons ont froid, aux éditions L’iconoclaste. Le spot du rire a pu le lire d’une traite avant sa sortie officielle. Autant vous dire qu’on s’est pris une claque.
Critique du premier roman de Fanny Ruwet, Bien sûr que les poissons ont froid : un voyage dans les méandres de MSN Messenger
Avertissement à toutes fins utiles pour les enfants des années 90. Une fois ce livre achevé et refermer, vous allez retourner vos archives. Sortir les disques durs externes, les vieux ordinateurs qui cachent encore des trésors du passé. Fanny Ruwet nous téléporte dans l’ère de MSN Messenger sans jamais parler de wizz. Si comme moi, vous avez plus parlé à des humains par pixels interposés à l’adolescence, vous allez vous reconnaître.
Outre l’identification, le livre est comme annoncé : mélancolique, drôle, profond, haletant même. On rit très très fort au début, le temps de nous relaxer. Puis l’intrigue (sous forme d’enquête) commence : Allie va-t-elle retrouver Nour, croisé via un commentaire sur un Skyblog ? Notez que certains éléments du livre sont réels, d’autres inventés de toutes pièces. Le lecteur vivra ainsi un plaisir assez dingue à essayer, lui-même, à démêler le vrai du faux.
Allie, l’Holden Caulfield version Huy ?
Une décennie plus tard, archives à l’appui, les sentiments réapparaissent comme à l’époque. Cette fable nous démontre à quel point le temps nous éloigne de ce qui nous animait autant, quitte à regarder cela comme un étranger. Au-delà de cette intrigue-enquête, on découvre la vie contemporaine d’Allie, ses relations, son rapport au deuil et ses quêtes.
Difficile de vous en dévoiler, même un peu, sans trahir de secrets. Sur le plan de la critique, le roman de Fanny Ruwet va vous embarquer comme un très bon film. Voire plus encore tant l’immersion est grande. Les personnages de Bien sûr que les poissons ont froid servent à merveille l’intrigue, qu’elle soit actuelle ou ancienne.
Bonus caché : si les références culturelles sont nombreuses, Fanny Ruwet n’imite pas Salinger en dépeignant la solitude mélancolique juvénile. Elle se réapproprie le thème avec un style qui colle parfaitement à son stand-up. Résultat : son premier roman est donc une réussite, que vous devez absolument lire sous peine de louper quelque chose de grandiose. Et comme pour Philippe Battaglia, l’usage des notes de bas de page est hilarant.