Avec L’amour, c’est surcoté, Mourad Winter transforme l’essai

Juliette Follin 07/07/2021

Mourad Winter, auteur et humoriste, n’est pas de ceux qui parlent des années durant de sortir un livre. Il se lance dans l’aventure sans se poser de questions et se retrouve avec un roman de 274 pages, L’amour, c’est surcoté. Insolence ?

L’amour, c’est surcoté : le livre de Mourad Winter plébiscité à raison

Tout commençait avec une réception très chaleureuse de ses pairs. Paru comme un cheveu sur la soupe, ce premier roman semblait être une merveille. Il me restait quelques ouvrages récemment achetés à finir, donc je n’ai pas couru l’acheter. La pression populaire aidant, je voyais de plus en plus de monde se ruer dessus.

J’ai alors demandé à l’un de ces acheteurs de me le prêter quand il l’aurait fini, et finalement je n’ai pas pu attendre… Pas envie de louper un phénomène.

L’idylle au XXIe siècle, le prisme d’un auteur de stand-up

Les humoristes investissent donc le sujet de l’amour en mode réaliste et contemporain. Paul Dechavanne quand il évoque ses dates dans Sympa la vie, Guillermo Guiz dans son nouveau spectacle… Mourad, lui, opte pour le broché.

En l’espace de quelques heures, j’ai dévoré la moitié du livre. J’ai choisi de m’arrêter à ce stade pour écrire cette première partie de critique. En effet, je ne veux pas être influencée en commençant la fin. Je veux conserver ce suspense haletant : Wourad va-t-il ken Imène ? Car c’est ce dont il s’agit : un mec qui oscille entre sexe et amour. Tout cela au sein de moult références télé-poubelle et France Culture.

Le texte est dense, le récit se lit d’une traite. Il y a l’oralité d’un Salinger dans son livre L’attrape-cœurs. Pourquoi cette idée ? Peut-être vient-elle de l’influence de Fanny Ruwet, qui a signalé son vif intérêt pour les deux œuvres sur les réseaux sociaux. Elle est surprise de mon verdict, mais le comprend.

Alors j’assume l’idée. Je pense même à Natacha Polony qui grimace sur un Beigbeder qui écrit comme Salinger, quitte à oublier la singularité de sa plume. J’espère tellement la voir un jour réagir à ce livre de Mourad Winter, comprendre le lien avec Salinger sans la volonté de le copier, souligner la qualité du livre et mettre en PLS des cadres de la droite. Fin du délire médiatique.

Verdict

J’aurais regretté d’attendre davantage pour découvrir ce livre. Quand un bon auteur et comique d’observation s’empare de sujets comme l’amour, ça fait du bien. Exit les clichés des podcasts sans queue ni tête, bienvenue dans le concret d’une fiction qui dépasse la réalité.

Sa plus grande force ? Elles sont multiples, en réalité. D’abord, les références culturelles, politiques et sociétales sont d’une richesse rare. Ensuite, le rythme de l’intrigue, entre péripéties et introspection, offre une vraie variété dans l’écriture. Enfin, le plaisir de lecture atteint son paroxysme tant les personnages et leur psychologie sont travaillés. Maintenant que je vous livre ce verdict, en connaissant le dénouement, je peux vous assurer que vous resterez happé jusqu’au bout…

Les montagnes russes des débuts d’une intrigue amoureuse vous angoissent ? Lisez ce livre. Vous ne trouverez pas forcément de solution immédiate, mais vous vous sentirez moins seul. Assez utile pour un profil de célibataire, surtout pendant l’été de la chlamydia qui s’annonce (c’est l’ARS qui le dit). Sortez couverts, achetez L’amour c’est surcoté et tout ira bien.

A propos de l'auteur