La découverte du mois – Août 2019 – Rosa Bursztein
Rosa Bursztein a mis du temps pour me plaire. Avant cela, la presse, le public et ses pairs me l’affirmaient : elle a un truc en plus. À l’époque, rien à faire : je passais à côté du délire. Et puis, j’ai pris le temps de comprendre. Aujourd’hui, je suis tellement heureuse d’avoir laissé la chance au produit compte-tenu du résultat !
C’est au Comédie Paradiso que la sauce a enfin pris. Que s’est-il passé ? J’y ai longuement réfléchi, même si cela ne m’étonnait pas. J’ai déjà soutenu des artistes de manière trop prématurée, et aujourd’hui, je regrette de les avoir vendus un peu trop vite. Rosa a vécu le phénomène inverse. J’ai décidé de m’accrocher : j’avais besoin de comprendre ce qu’elle essayait de faire.
Rosa Bursztein ou l’importance d’imposer son style
Ma première erreur, c’était de la juger sur une prestation compliquée. En prime, une autre humoriste m’a influencée : jalouse de son passage dans Télématin sur le Laugh Steady Crew, elle avait largement « bitché » sur sa camarade.
Cela partait très mal. Normalement, cela n’aurait pas eu d’incidence, mais le contexte était défavorable. Heureusement, Christo Ntaka et Hugo Gertner m’aiguillaient sur l’univers de Rosa.
Christo me parlait de névrose et d’absurde. Hugo, quant à lui, me disait qu’elle avait un personnage hyper fort. D’accord, il se peut que je me trompe. En prime, tout le monde me loue sa sympathie. Cela ne change pas le fait d’être drôle, mais cela compte à mes yeux.
Retournement de situation
Rosa a eu raison de m’envoyer paître avec mes doutes et de persévérer avec son originalité. Là où j’ai vu, à tort, une caricature de bobo France Inter paumée dans son premier spectacle, elle est venue remettre les pendules à l’heure. Elle me disait : « non, je n’ai rien d’une fille cliché et oui, ce que j’ai à dire va te faire rire ». Retour au Comédie Paradiso : les blagues étaient nouvelles, elles me parlaient à un point incroyable. J’étais impressionnée. Je la respectais d’autant plus qu’elle avait gagné la partie.
Depuis cette soirée, je pense régulièrement à ce passage. Je garde ce sentiment d’être impressionnée et de me dire « bien joué meuf ». Au début, je me disais qu’elle allait dans le trash par intérêt — et je déteste ça. Quelle erreur d’appréciation… Maintenant, son discours me convainc et me fait rire. Elle a peut-être un peu progressé, mais c’est surtout moi qui ai enlevé mes œillères. Je vous souhaite de la voir comme je la perçois aujourd’hui, car son talent va vous sauter aux yeux à vitesse grand V.
Bonus : le coup de grâce de Rosa Bursztein
Cet été, j’ai plus ou moins décidé d’écrire au sujet de Rosa au plus vite pour rétablir la réalité. Je précipite ma décision à la sortie de son podcast Les mecs que je veux ken. De mon propre aveu, je suis jalouse qu’elle ait trouvé et exécuté l’idée. En réalité, jamais je n’aurais eu le courage de le faire et elle est la meilleure personne pour amener ce sujet sur la table. Il était temps d’aborder cette thématique, assez taboue mine de rien, avec finesse, intelligence et beaucoup de drôlerie.
De quoi vous donner envie d’être en octobre pour voir la nouvelle version de son spectacle, Tenir debout. Comme d’habitude, cela se passera à la Petite Loge et ce sera probablement un moment charnière dans sa carrière d’humoriste. Soyez là pour voir l’éclosion de son talent au grand jour ! En plus, l’affiche est magnifique. J’ai eu la chance de voir Rosa juste avant sa réalisation, et je suis heureuse pour elle qu’elle ait réussi cet exercice si périlleux. Vivement la suite…
Crédits photo
© Christine Coquilleau / Portfolio Underground Comedy Club