Voir du stand-up en couple, en famille, seul… C’est quoi le mieux ?

« Vous êtes en couple ? » « Non, frère et sœur… » Voilà comment les artistes se prennent les pieds dans le tapis dans les comedy clubs. Au-delà de ces interactions au mieux basiques, au pire claquées au sol, comment apprécier au mieux sa soirée de stand-up ? Seul(e) ou accompagné(e) ? Avec sa famille, ses amis, son partenaire, ses partenaires pour les plus fifous ? Ou seul(e) pour les puristes qui s’en fichent du qu’en dira-t-on ? On fait le point sur tous ces scénarios.
Un bon plan méconnu : la sortie stand-up en solo
Le stand-up, c’est fait pour s’amuser. Aller seul voir un plateau d’humour, c’est démontrer une passion certaine pour cet art… Ou dans l’optique de se faire des potes sur place, qu’ils soient humoristes ou pas, d’ailleurs.
Le seul écueil, c’est l’interaction avec l’artiste sur scène. Dans le feu de l’action, les humoristes jugent souvent le public venu seul. Tout se passe comme s’il valait mieux que les solitaires jouent à des jeux vidéo… Ou regardent Twitch en mode incel, pour les cas les plus critiques.
Mon conseil : assumez ! D’autant plus que personne ne pourra se plaindre que vous avez mal choisi la soirée. À part vous-même, dans votre monologue intérieur.
Le meilleur choix : la sortie entre amis (mais en petit comité)
Le stand-up entre potes me semble être la panacée. On a envie de rire en toute convivialité, sans risquer la crise conjugale si une blague nous met devant le fait accompli.
En revanche, méfiance si vous venez à plus de 6 personnes. Le groupe aura tendance à préférer discuter dans son coin, au nez et à la barbe de l’artiste sur scène. Figurez-vous aussi que peu de gens sont véritablement férus de stand-up (choquant, je sais).
Ils veulent se détendre comme des noobs devant une comédie française sans saveur. Ainsi, comme vissés à leur canapé, ils jacasseraient ou inséreraient des pauses pipi dans le programme du soir.
Et entre collègues, ça passe ou ça casse ?
Attention : nous ne traitons pas ici des team buildings intégrant du stand-up. Le sujet est hautement inflammable. En effet, la clé des soirées stand-up réussies, c’est le consentement libre et éclairé de chaque participant. Cela vaut pour tous les cas de figure. Je me souviens de regards de désespoir d’un mec venu avec sa copine au Point Virgule, sur le côté, là où tout le reste du public peut le voir en 4K.
Ne traînez jamais des réticents en comedy club… Sauf si vous souhaitez vous venger en leur proposant un bourbier dans les pires caves de Paris. Mais cela est immoral, d’autant plus que de pauvres débutants humoristes vivent l’expérience au premier degré. Pensez à eux avant de commettre un crime de lèse-majesté.
Le stand-up entre collègues dépend surtout de la qualité de la relation avec vos collègues… S’il y a un rapport hiérarchique et que les sphincters sont tendus, c’est sans doute le mauvais plan. Sinon, tentez le coup (en comité restreint si possible) ! Ça remplira les plateaux d’humour — une pierre, deux coups.
Le bourbier : le date au comedy club
Attention danger ! Si vous amenez votre rencard au comedy club, vous pourriez lui signifier que vous n’avez pas trop envie de lui parler… Et que vous préférez sous-traiter les blagues à des professionnels.
Cela dit, pour avoir tenté l’expérience à plusieurs reprises, ce n’est pas la sortie qui cassera votre coup, mais sans doute votre incompatibilité avec la personne.
Pour poursuivre l’argument « avocat du diable », les soirées stand-up sont souvent peu onéreuses, surtout dans les petits plateaux. Les plus cyniques ou téméraires apprécieront ainsi de joindre l’utile à l’agréable pour décider si date ultérieur il y aura…
La mauvaise surprise : l’ancien date recroisé en comedy club… avec un autre partenaire
Si vous vous demandez si ça m’est arrivé, la réponse est oui. Le mieux, c’est sans doute d’ignorer ces personnes. Ignorez-les même si l’ex-date vous fixe, interloqué de vous voir ici.
Oui, même les blogueuses stand-up qui viennent en comedy club, cela peut choquer autrui, apparemment. Que voulez-vous… J’invoque Ted Mosby et sa carte d’endroits à éviter après sa séparation de Stella, qui l’a planté à l’autel. Faites-donc bien ce que vous voulez, par pitié.
Le classique qui ne marche pas si bien : le stand-up en couple
Soyons honnêtes : le stand-up s’apprécie davantage quand on doit combler le vide temporel du célibat. D’une part, être célibataire, cela signifie souvent avoir davantage d’énergie. Dormir à deux, le cul, les week-ends et autres brocantes pour les plus englués dans la vie de couple… Ça baisse inévitablement votre capacité d’attention en soirée stand-up…
Je l’admets volontiers, je suis mauvaise langue. En revanche, les interactions avec les artistes sont dangereuses. Pour le vivre actuellement, je n’ai pas très envie de partager mon intimité avec toute une salle pour les faire rire à mes dépens. Je comprends que cette ficelle est facile à tirer pour les artistes, mais ça me met plus mal à l’aise que quand il faut claquer des doigts, chanter ou faire une ola à la demande de l’artiste. Toutes ces situations me sont arrivées, évidemment.
Enfin, pensez à tous ces couples naissants (ou pas), où la nana se coltine une cystite post-coïtale. Cela a l’air de rien, mais les soirées stand-up censées durer une heure peuvent dépasser les 90 ou 120 minutes. Les pauses pipi perturbent l’artiste et le public, mais avec l’expérience (du dépassement du temps, pas de la cystite), je risque de très vite ne plus rien en avoir à faire d’interrompre une punchline mal formée… Ou pas formée du tout, tant qu’on y est !
Et en trouple ? Le stand-up à la sauce polyamoureuse
J’imagine que cela doit être sensiblement la même chose que les couples. Prévoyez des multiplications de malaise à hauteur du nombre de personnes impliquées, sans doute. Idem pour la cystite ? Si vous avez envie de témoigner, l’espace commentaires est ouvert…
Avis parental conseillé : quid du stand-up en famille
Vous les voyez, ces pré-ados égarés dans les soirées stand-up ? Le pire, c’est ceux qui sont là parce que le show est gratuit en plein air. Vous me copierez cent fois : « L’École des fans n’a rien à voir avec le Paname Comedy Club ! », parce que ça a du mal à rentrer.
Si vous voulez vous aventurer dans des plateaux d’humour en famille, vérifiez s’il y a une interdiction de venir pour les moins de 16 ans, par exemple. C’est gênant pour tout le monde… Bien sûr, ces interdictions ne visent pas à préserver des oreilles chastes mais à éviter tout malaise pendant et après le spectacle.
Quant à l’avocat du diable, il vous rétorquerait que j’aurais rêvé de voir de l’humour en vrai adolescente… Alors je laisse la liberté aux familles d’arbitrer pour leur tribu ! Veillez simplement à ne pas trop stationner au premier rang. Et si les mioches sont trop petits pour voir quelque chose, mettez-leur des boules quies. Ne faites pas ça, cela ressemble à de la maltraitance…
Et si la vraie question, c’était de savoir choisir sa soirée stand-up ?
Jusqu’ici, on a bien ri (ou subi un article sans grand intérêt). Mais sachez qu’il n’y a aucune règle, à part de ne pas filmer les passages des artistes sur scène.
Peu importe si vous venez seul ou en meute, c’est surtout la qualité de la soirée stand-up qui déterminera celle de votre soirée. À ce sujet, les choses sont plus complexes depuis l’apparition des programmations secrètes. Je ne vais pas vous répéter que la promesse « le meilleur du stand-up » ne se vérifie jamais, Ô grand jamais…
Les soirées stand-up se multipliant dans les grandes villes, il devient de plus en plus probable de se faire chier. En revanche, la qualité de ces soirées augmente-t-elle à certains endroits ? Ou le stand-up a-t-il atteint son plafond de verre ? Les amateurs de théâtre et de personnages le souhaitent sans doute.
Mon expérience, sans pouvoir l’affirmer avec certitude, c’est que les choses se détériorent depuis le Covid et l’arrivée des artistes qui font le buzz en vidéo (lire à ce sujet le super papier de Libération). Plus de temps à concevoir des vidéos face cam’ consommables sur la cuvette des chiottes, c’est moins de temps alloué à l’amélioration des blagues dans des carnets ou sur scène.
Également, si après des années à sillonner les événements humour, je continue de vivre des soirées décevantes… J’ai de la peine pour les personnes qui découvrent cet art plus ou moins naissant ! Consolons-nous, cela dit : le public parisien est devenu bon public. Je le constate avec étonnement dans de plus en plus de soirées à la qualité variable…
Charge aux artistes de ne jamais blâmer le public si leur performance est en dents de scie. Croyez-moi, cette tendance revient comme jamais et cela ramène les artistes à un niveau d’amateurisme qu’on ne peut plus tolérer en 2024…