New York, deux comiques et des photos

Juliette Follin 31/10/2018

Depuis la semaine dernière, le monde du stand-up est en émoi… pour des photos a priori volées. Deux personnalités de premier plan ont eu le malheur de croiser un photographe prêt à mettre leur vie privée dans les mains du public. La machine médiatique a pu redémarrer de plus belle, à coups de conditionnels et de points d’interrogation.

Je n’avais pas l’intention d’en parler. D’abord, il s’agit d’une affaire privée, et ensuite, à part voir deux personnes main dans la main, il n’y a pas grand-chose à en dire. Mais Seb Mellia m’a confié qu’il était surpris que je n’en parle pas. Il pensait que c’était mon travail de journaliste que de relayer un événement de cette ampleur sur le stand-up. Sa réflexion est intéressante, et il m’offre un vrai cadeau pour aborder ce sujet à ma façon.

Photos volées et déontologie

Contrairement à de nombreux journalistes, je n’ai pas une direction pour me forcer à écrire un article racoleur à la va-vite. Je n’ai pas à faire du chiffre et apparaître en premier sur Google par tous les moyens. C’est un luxe qui me permet une indépendance certaine. Relayer une affaire privée pour attiser le voyeurisme des gens et leur faire perdre cinq minutes de leur temps n’est pas ma tasse de thé.

Pour autant, je peux m’exprimer sur un aspect de l’affaire. Dans les titres des articles, on retrouve souvent le terme « idole ». La présentation de l’information n’est pas anodine : cela induit que la personne a une chance inouïe de vivre cette histoire. C’est comme si une hiérarchie tacite existait entre ces deux-là, alors qu’on n’en sait pas grand chose. On peut bien sûr interpréter, mais il y a une différence fondamentale entre le faire dans une discussion « bar PMU » et sur un grand média.

Pour la grande famille du stand-up

Je n’ai qu’un vœu suite à la sortie de ces clichés. J’aimerais que les humoristes qui qualifient l’intéressée comme « une grande dame du stand-up », s’ils la connaissent personnellement, lui demandent comment elle gère cette médiatisation. Le stand-up est une grande famille, mais j’aimerais que ses membres se soucient davantage du bien-être de leurs confrères plutôt que de se perdre en commérages.

De mon expérience, quand on vit une relation idole-fan, on a l’impression de se faire voler une part d’intime alors qu’on a plutôt besoin de gérer ça soi-même. Ne pas avoir de fardeau de réputation quand on veut juste aller de l’avant et apporter une pierre à l’édifice du monde du stand-up : tel est l’idéal poursuivi. Mais dans cette affaire, j’ignore comment les personnes concernées se sentent, donc je ne peux pas considérer ces quelques lignes comme une vérité générale. Peut-être que ça va. Ce n’est pas à moi de vérifier, mais à ses proches.

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