« Un stand-up sincère, organique, sans trucage »
Si vous surfez sur le web ce soir, vous pourrez croiser un nouveau hashtag, ou mot-dièse comme il faut désormais le nommer pour sauver la francophonie. Et vous tomberez aussi sur une vidéo de Tomer Sisley éloquente.
Plagiat ou coïncidence ?
L’habillage de la vidéo fait très théorie du complot, et en même temps lanceur d’alerte à la Ed Snowden.
J’ai appris cette histoire de plagiat il y a peu, quand j’ai commencé les interviews. Déconfite, j’ai admis que j’ai découvert le stand-up via Tomer Sisley. Comme peut en témoigner l’image de ma DVDthèque… J’en suis normalement ultra-fière : quand Eric et Ramzy assument des projets en solo ou en duo, où ils se sentent libres de partager ce qu’ils ont en eux quitte à perdre du public, ça, j’aime.
Importer la culture pour mieux la comprendre ?
Et ç’aurait pu s’arrêter là. Pour moi, le rôle de DJ qui mixe des bons sons de vanne aurait été acceptable. Avant d’acquérir le savoir, on commence par l’imitation. Et normalement, on passe à une étape supérieure et on livre un peu plus de soi. Après tout, c’est un peu grâce à lui qu’aujourd’hui, je comprends le stand-up sans difficulté, que je l’aime.
Or, quand j’ai vu la blague sur le mur, qui m’avait tant fait rire quand j’avais 15 ans, jouée sur scène plusieurs années plus tôt par Mitch Hedberg… L’idole du Détective Froussin, soit dit en passant… Tu ne peux pas t’empêcher d’être floué. Il y avait ce petit contrat de confiance, par DVD et tube cathodique interposés, qui s’est brisé. La gamine que j’étais n’avait pas accès à toute cette culture stand-up américaine. Elle a donc goulûment ri dans le spectacle, sans calcul aucun.
Voir cette vidéo, c’est un peu comme voir la tempête qu’il y a eu lorsque l’affaire François Fillon avait éclaté. Comme si auparavant, il y avait une omerta qui nous empêchait de dire que quelque chose ne tourne pas rond par là-bas.
Que penser ?
Je n’ai pas la prétention de vous dire que penser de ça. Je passe déjà beaucoup trop de temps à essayer de remettre de l’ordre dans mes propres affaires pour me mêler de tout ça. J’ai, à la rigueur, une pensée émue pour ceux qui aiment le spectacle vivant et respectent le travail d’autrui, même par superstition. A tel point qu’ils pourraient se mettre dans tous leurs états, quitte à supprimer un passage s’il évoque le même sujet que l’un de leurs confrères.
Je vais juste vous dire ceci : en ce moment, je commence à me faire inviter pour des spectacles. Comme dirait Hakimjemili, l’un des humoristes habitués du Paname Art Café, ça fait plaisir. Le truc moins sympa, c’est qu’après, on s’attend à ce que je rende compte de ces spectacles. Je me suis demandée quoi faire si j’assistais à un spectacle qui ne me plaisait pas, et pour lequel je ressentais une obligation morale d’en parler.
Merci d’être venue, sans rancune
Allais-je me préparer à mentir pour ne pas froisser untel ou untel, ou bien descendre le spectacle ? Grâce à ce Tomer Sisley-gate, j’ai ma réponse : je ne dirai rien, simplement merci de l’invitation, sans rancune si l’affaire est classée sans suite. Parler d’humour, c’est compliqué car c’est subjectif. Quand on n’aime pas un spectacle, cela ne veut pas forcément dire qu’il est mauvais. Ce serait dommage que vous, lecteurs, vous désertiez une salle de spectacle parce que je suis passée à côté. Il peut faire trop chaud ou trop froid dans une salle de spectacle, on peut avoir passé une mauvaise journée. Ou pire : que je vous attire dans les filets d’un humoriste que j’aurais sur-vendu et que vous soyez floués dans l’autre sens, à votre tour.
Mais au bout du compte, tout le monde a sa chance. Il suffit d’y aller avec sincérité, qu’on soit dans le public ou sur scène.