Critique – Les punchlines de Ngo s’attaquent aux discriminations

Juliette Follin 22/05/2024

L’humoriste Ngo joue son spectacle Petites discriminations entre ami·e·s depuis début 2024 à la Comédie des 3 bornes. Découvrez notre critique de cette première heure prometteuse sur un thème plus que jamais d’actualité.

Les Petites discriminations entre ami·e·s contées par Ngo : un regard singulier sur la société

Si l’artiste évolue dans les comedy clubs depuis 2019 (si on en croit son Instagram), je ne l’avais jamais vue sur scène. Pourtant, elle en a fait, des soirées dans les bars et péniches de la capitale ! Si elle évoluait dans mon angle mort, son stand-up prenait vie à travers des punchlines bien senties.

Rattrapant mon retard, je profitais donc d’un horaire idéal (dimanche à 18 heures) pour la voir enfin. Ngo a une plume très rare dans le milieu, qui lui permet d’offrir un propos original. Les vannes font mouche, c’est précis et toujours bien senti. L’art du désamorçage et du pas de côté amènent aussi Ngo à surprendre quel que soit le thème.

Un show engagé sans lourdeur qui offre une perspective unique

Quand on aborde les discriminations (racisme, sexisme, âgisme…), il faut choisir entre un regard grinçant ou espiègle. J’avoue préférer l’espièglerie car je trouve que ça passe mieux. On est là pour s’amuser et désamorcer la gravité de la chose. Ngo fait exactement cela et va même plus loin.

Parfois, elle nous emmène à contre-courant. En effet, lorsque les discriminations sont si ordinaires, si ancrées dans nos sociétés… Nous avons tous un rapport intime avec les préjugés et ce que l’on prend pour argent comptant. Comment pense-t-on vraiment notre rapport aux autres ? Les questions, elle nous les pose sans tabou. Chacun réfléchit tandis qu’elle tend un miroir à chaque spectateur face à ses valeurs, ses us et coutumes.

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Des interactions avec le public en toute convivialité

Les interactions avec le public sont à la mode. Encore faut-il bien les faire. Ngo brise le quatrième mur subtilement, sans agresser l’auditoire. Même le plus timide d’entre vous oublierait ses crispations. Il faut dire que la salle est propice aux petits comités. En résulte un spectacle très agréable, toujours en construction, mais qui dispose des bases solides.

Cette convivialité masque les instants, surtout en début de spectacle, où l’on a l’impression d’une récitation. On sent que l’écriture est là, mais que l’interprétation peut manquer de fluidité. Ces quelques imperfections des premiers instants disparaîtront au fil du temps passé sur scène. En outre, je préfère cela à une prestation livrée sans impair, mais qui manquerait cruellement de fond ! Surtout que sur ses vidéos Instagram, Ngo démontre qu’elle sait se renouveler et ferait une excellente chroniqueuse.

L’originalité ne s’acquiert pas aussi facilement que la technique… C’est exactement ce qui fait le charme des nouveaux spectacles et des lancements de carrière. Et si vous tentiez l’expérience avec Ngo ?

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