Avec J’ai tout écrit hier, Rémi Boyes s’installe au Point Virgule

Juliette Follin 20/03/2024

Rémi Boyes continue de jouer son spectacle J’ai tout écrit hier au Point Virgule chaque jeudi à 20 heures. Ce show, on l’a vu naître au fil des années. S’il évolue en permanence, certains éléments perdurent et l’érigent en stand-upper incontournable.

Rémi Boyes : bien plus qu’un humoriste de plateaux

Il était « arnouïste ». Comprenez : comme Adrien Arnoux en son temps, il ne voulait pas se lancer en spectacle. Rémi Boyes est de ceux pour qui le stand-up se rode en comedy club des années durant. Il y passe sa vie, n’hésitant pas à renouveler son matériel en permanence.

Voir un spectacle de Rémi Boyes à quelques mois d’intervalle, c’est la garantie de voir une œuvre évolutive, différente. C’est aussi connaître la pointe de déception, celle où vous avez déjà entendu certains passages en plateau d’humour dans les 30 derniers jours.

Le public s’habitue petit à petit à ce désagrément, comprenant les us et coutumes de la discipline. Mais il serait triste de cantonner Rémi au rôle de comique de comedy club. En réalité, ce toulousain d’origine a toujours eu du propos. On le voyait déjà dans son rodage au Barbès Comedy Club, bien différent que le spectacle au Point Virgule… Certaines de ses saillies impriment dans la mémoire collective du stand-up. Dans la version vue le 15 février, bien sûr que Batman et les souris me manquent. Tout comme les anecdotes de Tony à vélo après les attentats du 11 septembre.

J’ai tout écrit hier : quand Rémi Boyes lie spontanéité et perfectionnisme

Mais l’ADN perdure. Ce mec complètement détente se présente à nous dépourvu de problèmes. Alors que notre maison brûle, Rémi semble s’accommoder du tout. Il s’étonne de la facilité avec laquelle il a pu avancer, non sans rencontrer des difficultés. Viré de tous ses jobs — c’est ce qu’il nous raconte, en tout cas — ne semble pas le faire transpirer. C’est comme si le syndrome de l’imposteur lui avait permis de chasser toute forme de sérieux ou d’austérité dans la vie. En effet, pour lui, le stand-up lui semble enfantin par rapport à ses emplois d’antan.

Mais ne vous y méprenez pas. Dans J’ai tout écrit hier, Rémi Boyes feint la désinvolture. Il n’a jamais rien laissé au hasard. Son perfectionnisme transparaît après une prestation. Quand je passe un bon moment, il lui arrive de me confier que c’était un soir difficile. N’y voyez pas là de la fausse modestie : il place juste la barre le plus haut possible, comparant ses multiples prestations. L’homme semble plus complexe que son œuvre, où le naturel, la joie et la spontanéité sautent aux yeux. Il a d’ailleurs un sacré potentiel d’acteur, qui l’a même amené à jouer dans la série Enterrement de vie de garçon avec Panayotis Pascot, Guillermo Guiz ou encore Fary.

Un podcast d’Adrien Arnoux avec Rémi Boyes, comme par hasard…

Un spectacle léger, optimiste et hilarant à voir au Point Virgule

À une ère où tout le monde érige sa santé mentale bancale pour attirer l’attention, Rémi Boyes évolue à contre-courant. Quand il nous parle de son enfance campagnarde, la légèreté nous gagne aussi. Il en profite pour rire de L’amour est dans le pré et, l’air de rien, souligner notre rapport conflictuel à la beauté.

C’est sans doute pour cela qu’il pourrait autant plaire à Télérama ou Rire et Chansons. Télérama, d’ailleurs, lui octroyait 3 T l’an dernier. En somme, Rémi Boyes est à ça de devenir incontournable, même si pour nous, ça fait des années que ça dure. Sur scène, il s’impose partout. Le système médiatique va-t-il suivre ? Pour l’heure, profitez de ses histoires qui font du bien : elles vaudront une fortune dans une paire d’années !

En bonus, cette archive de 2015 : Rémi a bien changé… 😉

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