À un chat près : découvrez Julie-Albertine et son stand-up ronronnant

Juliette Follin 25/04/2022

Après des années à arpenter les scènes de stand-up, Julie-Albertine fait le grand saut. Elle propose son premier spectacle, Julie-Albertine dans à un chat près, à la Petite Loge depuis ce printemps.

Julie-Albertine dans à un chat près : un bonbon baba cool sur l’amour

On avait grandement besoin du spectacle Julie-Albertine dans à un chat près. Bien sûr, parler d’amour est une éternelle arlésienne tant cela obsède le commun des mortels. Mais le faire de cette manière en 2022 est finalement bien plus original qu’il n’y paraît.

Si l’on devait caricaturer le stand-up qui parle des relations hétérosexuelles, le schmilblick tourne toujours autour de la même chose. Une relation hétérosexuelle, c’est ce truc où la femme ne jouit jamais, et c’est un drame, prenez le pouvoir, etc.

On entend donc plus des récits d’indépendance, d’émancipation du patriarcat, joliment renommé pour l’occasion « patriarchat ». Un jeu de mot tout aussi plaisir coupable que cette ode à l’optimisme post #MeToo. La lutte, c’est bien, mais comment évoluer dans ces nouveaux codes ? Julie-Albertine livre une réponse séduisante à la question.

Et pour cause : on ne va pas se mentir, l’air devenait irrespirable. Blanche Gardin l’aborde joliment dans sa série avec cette ode au développement personnel et à ce délire de se marier avec soi-même. Traduction : pour s’émanciper du couple hétérosexuel #VadeRetroSatanas. Lou Trotignon assurait la première partie et parlait justement de cela, comme Marine Baousson et tant d’autres l’ont fait.

Il fallait une alternative « bonbon » pour apaiser, agiter un drapeau blanc. Vous voyez le tableau.

À la Petite Loge, Julie-Albertine délivre un antidote à l’aigreur sentimentale ambiante

Ces deux types de récit sont finalement complémentaires. Julie-Albertine aborde ces sujets avec beaucoup de légèreté, d’authenticité et ce grain de voix qui a conservé une forme d’innocence et d’espoir. Sans tomber dans le mielleux ou la naïveté, elle va à contre-courant de la musique d’ambiance actuelle. Au lieu de faire rire avec du dramatique pour purger des névroses, elle apaise et chasse le climat anxiogène. Ainsi, elle décrit simplement, sans aigreur aucune, les problématiques de ceux qui ne sont pas (encore) désabusés du genre humain. Quelque part, cette parenthèse enchantée fait drôlement du bien… Sans tomber dans le cliché inverse de la quête désespérée du prince charmant.

Le couperet, cela dit, est de savoir si c’est drôle. La réponse est affirmative. Pour cette deuxième, il y avait sans doute encore des choses à parfaire… Mais j’étais déjà conquise par l’adéquation entre l’artiste et son propos ainsi que la sincérité de la démarche. En outre, je n’ai pas vu le temps passer : toujours un bon signe. J’ai eu le sentiment de voir le spectacle qu’il me manquait parmi toutes les propositions actuelles, ce qui est assez jouissif. Alors venez ronronner de plaisir les samedis à 21h30, Julie-Albertine a tout prévu pour vous !

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