Jérémy Charbonnel : « Je travaille pour faire l’Olympia ! »
Jérémy Charbonnel est un touche-à-tout : petit écran, grand écran… mais surtout one man show ! L’humoriste lyonnais délecte la capitale depuis plusieurs années de son humour de gendre idéal pas si lisse que ça. Un régal pour les spectateurs, qui viennent remplir la salle du Point Virgule plusieurs soirs par semaine. Un beau succès artistique pour celui qui rêve de l’Olympia et qui travaille dur pour y parvenir ! Le spot du rire l’a rencontré pour faire plus ample connaissance…
L’interview
Les débuts
Tu as toujours alterné le théâtre, la comédie et le seul-en-scène, mais tu as rencontré la scène bien après le théâtre, par hasard. Quand tu as fait tes premiers pas sur scène, t’es-tu dit « je suis fait pour ça » ?
J’ai toujours aimé prendre la parole en public… Tu sais que tu es fait pour ça quand tu remontes sur scène. La première fois que tu montes sur scène, c’est horrible. Tu meures de trac, avant de monter, tu te demandes « pourquoi j’ai fait ça ? ». Si tu as envie d’y retourner ensuite, que ça te plaît et que tu as une motivation et une excitation pour y retourner, alors tu es fait pour ça. C’est comme ça que je l’ai vécu. Après, cela dépend des gens, ce n’est pas une vérité absolue.
En tout cas quand tu obtiens des rires, tu te dis que tu es peut-être à ta place et que tu fais bien ton boulot. Même si bien sûr, il y a toujours des hauts et des bas. Il faut passer par là aussi.
Penses-tu que quand tu t’es lancé, c’était plus facile parce qu’il y avait moins de concurrence ?
Il faudrait demander à ceux qui commencent aujourd’hui ! C’est vrai qu’il y a plus de prétendants, ce n’est pas évident de sortir du lot. A côté de ça, nous avons des outils comme Facebook et Twitter pour nous promouvoir.
L’évolution de l’artiste
Tu n’en es pas à ton premier spectacle. Comment as-tu construit, fait mûrir ton personnage ?
C’est lié à ce que je suis : j’ai avancé, acquis de l’expérience de vie. Le spectacle me ressemble et rend compte de cette évolution.
Pour ton spectacle, travailles-tu avec un co-auteur ?
Oui, on s’est rencontrés il y a très longtemps. On a fait nos premières scènes ensemble. J’avais très envie de partager cette aventure humoristique à deux. C’est bien plus intéressant que de travailler seul. Cela amène parfois plus d’idées, plus de créativité, une émulation…
Tu ne joues pas souvent en plateau d’humour, mais tu étais quand même à l’une des premières de The Joke. Comment as-tu vécu cette prestation très bien reçue par le public ? Prévois-tu d’en faire davantage ?
J’ai fait cette scène grâce à Choopa, de l’équipe de Lolywood. On a travaillé ensemble sur la pub Axe, avec quelques-uns de leurs YouTubeurs. C’est comme ça que je l’ai connu. On a déjeuné ensemble, il m’a dit qu’il montait un plateau et m’a proposé de venir. J’ai accepté l’invitation avec plaisir, je ne me voyais pas refuser.
Les plateaux, j’en ai fait beaucoup à mes débuts. C’est un exercice qui demande beaucoup de temps. Je joue 3 soirs par semaine, plus le reste… de fait, j’en fais moins. Mais je ne suis pas fermé, pourquoi ne pas en faire d’autres si je trouve le temps.
Vivre aussi, c’est important !
Carrément !
La notoriété, l’Olympia et le rapport avec le public
Dans ton spectacle, tu parles de ton rêve : jouer à l’Olympia. Au fil du temps, juges-tu ce rêve plus accessible petit à petit ?
Je travaille pour ! Je ne sais pas si j’y parviendrai… Une chose est sûre : je vais essayer de le réaliser, ce rêve !
En tout cas, on te sent dans ton élément, à ta place sous les feux des projecteurs. Ton attitude sur scène trahit cette envie d’y parvenir !
En tout cas, ça me plaît. Quand tu fais quelque chose qui te plaît, tu as envie de bien le faire. Dans le métier, il n’y a pas que le travail qui paie : c’est aussi l’affaire d’une bonne rencontre, une opportunité au bon moment… Ces autres facteurs que l’on ne maîtrise pas. Sinon, tout le monde serait à l’Olympia !
A qui t’identifies-tu sur la scène actuelle ou au cinéma, théâtre, etc. ?
J’adore les acteurs comiques comme Louis de Funès ou Robin Williams. Ces gens ont une sensibilité et une sincérité énormes en comédie. Dans le one-man, je connais peu les humoristes américains. En France, j’accroche plutôt à certains univers. J’adore l’écriture d’un Gaspard Proust, les personnages d’un Alex Lutz, l’univers complètement décalé d’un Monsieur Fraize…
C’est varié !
Oui : c’est comme en musique, on ne se contente pas d’aimer un artiste, avec tous les styles différents qui existent… On peut être fan d’un artiste et aimer toute sa musique, mais ce n’est pas mon cas.
Ton humour est-il reçu de la même manière si l’on est une femme ou un homme ?
A partir du moment où l’on sait que c’est du second degré, je dirais oui. Au premier degré, ce serait non. C’est comme les végans ! C’est un sketch, cela reste de l’humour. D’ailleurs, j’ai eu des végans qui sont venus voir le spectacle et qui ont passé un bon moment.
Je vais rouvrir le débat sur une question qui t’a été posée : une fan n’arrête pas de t’envoyer des messages. Elle est à fond. Tu la bloques, et tu fais une main courante, ou bien une vraie fan, ça ne se laisse pas, elle t’aime vraiment, tu acceptes ça car c’est la rançon de la gloire. As-tu eu davantage de fans « intrusives » ou à qui tu apportais du positif, quelque chose qui évade du quotidien ?
Les gens sont très gentils dans l’ensemble. J’ai des messages très sympathiques sur les réseaux sociaux. J’essaie de répondre à tout le monde. La majorité sont des gens super.
Comment gères-tu la notoriété ?
Je n’ai pas la sensation d’être connu. Je fais mon métier, j’ai la chance de faire des chroniques dans Les enfants de la télé. Mais je reste le même : je viens avec mon sac à dos au Point Virgule… Je n’ai pas l’impression que ma vie ait changé. Quand on fait de la télé, on dit parfois qu’on prend la grosse tête, mais je ne pense pas. C’est surtout le regard des autres qui change. Ce n’est pas parce que je passe à la télé que je vais avoir un regard différent sur ce que je suis ou ce que je fais.
Et puis la progression a été graduelle. Les affiches dans le métro, les chroniques à la radio, puis à la télévision…
Oui ; on a besoin de cette exposition. Elle nous permet de remplir les salles. Le fait d’être vu, c’est important. Je suis sûr que cette interview aura un succès incroyable sur les réseaux sociaux !
On l’espère ! Tu mentionnes les chroniques, dans certaines, tu évoques le sport. A ce qu’il paraît, tu es un grand fan de tennis ?
J’aime beaucoup le sport, notamment le tennis. Cet été, j’ai eu l’occasion de faire des chroniques sur Europe 1 tout l’été. A part Julien Cazarre qui est très axé sur le football et qui est très drôle, les chroniques sur le sport sont rares. Et on avait la chance d’avoir une actualité sport riche cet été : les mondiaux d’athlétisme, la natation, l’Euro de football féminin. Pour le prime des Enfants de la télé du 28 décembre, il y a eu une chronique sportive des événements marquants de la décennie 1980. [l’interview a été réalisée en décembre 2017, ndlr.]
Tu as dû beaucoup te documenter, alors ?
L’avantage, c’est que plusieurs sports étaient mêlés : football, tennis, cyclisme. Même si je n’étais pas né ou tout jeune pour certaines choses, j’en ai entendu parler ! Un passionné de sport s’intéresse à l’histoire du sport, pas seulement ce qu’il s’est passé de son vivant.
« Je rêverais d’être un connard mais j’ai une tête de gentil ! » Paraître consensuel et ne pas l’être du tout, ça a un côté jouissif ou castrateur ?
Beaucoup plus jouissif ! Ainsi, tu peux bien plus surprendre les gens. Cela crée un décalage, toujours bénéfique en humour. On ne s’y attend pas ! Et sur mon visage, cela se lit que je ne suis pas méchant. L’idée, c’est d’arriver à bien le faire.