Quand contacter la presse pour obtenir une critique ?

Juliette Follin 18/12/2019

Derrière cette question s’en cache une autre : mon spectacle est-il assez fort à mes yeux pour convaincre les professionnels ?

Toute la difficulté est là : ce délai ne se chiffre pas en temps, mais davantage en maturation artistique. Un début de spectacle, c’est un rodage et des critiques BilletRéduc indulgentes. En effet, le public tient compte de vos débuts (sauf certains oiseaux de mauvais augure, mais n’y prêtez pas trop attention).

4 astuces pour savoir si c’est le bon moment

  1. Vous avez un flyer de spectacle ? Parfait, prenez-le et lisez-le. Trouvez-vous que la bio du spectacle renvoie une image fidèle de ce que vous faites sur scène ?
  2. Concernant la mise en scène, êtes-vous satisfait de votre fil conducteur (s’il se dégage — en stand-up cela peut être moins évident parfois) ?
  3. Vous n’êtes pas seul à vous produire dans un théâtre. Que font les autres ? Proposent-ils quelque chose d’équivalent artistiquement, ou ont-ils une expérience similaire à la vôtre ? Jetez un œil sans trop vous comparer : chacun a sa trajectoire, l’idée est d’y aller à son rythme… Ce qui nous amène au dernier point.
  4. Quel est votre ressenti ? C’est votre dernier garde-fou, l’indicateur qui vous intime d’y aller ou non. Si vous ne le sentez pas, c’est que ce n’est pas le moment. En cas de doute, demandez conseil à une ou plusieurs personnes extérieures. Invitez-les à votre spectacle, demandez-leur leur avis sans les orienter ou leur jeter un regard digne du chat Potté.

Ensuite, allez-y crescendo. Inviter Télérama, cela prend du temps. Avant ça, il y a les journaux locaux, les blogueurs et médias spécialisés (le spot du rire, mais aussi la complaisante Parisienne Life, HAHA et d’autres).

Relances des journalistes : comment éviter le harcèlement ?

Pour mieux visualiser ce que vous risquez, voici un témoignage brutalement honnête de ce qu’on ressent en cas d’invitation non désirée.

Les journalistes ne vous diront jamais qu’ils estiment votre spectacle nul et indigne de leur déplacement. Croyez-moi sur parole, s’ils sont bien renseignés, ils le penseront dès réception de votre invitation, voire avant.

Pour ma part, je ne dis que très rarement que c’est inutile de m’embêter. En revanche, parfois j’apprécie gentiment un comique en plateau, mais cela ne me semble pas suffisamment solide pour y aller. Je vais donc dire que je ne suis pas disponible, mais une prochaine fois peut-être.

Le fait est que si j’ai envie de vous voir, je serai proactive. Je regarderai les dates disponibles et je vous donnerai une réponse précise. Si je suis évasive, c’est que je n’ai pas envie de venir.

Si vous me demandez de venir alors que mon agenda est vide, j’aurai du mal à prétexter que j’ai quelque chose. Alors parfois, je vais me laisser tenter. Attention : si je ne le sens pas, je vais passer un très mauvais moment. Renseignez-vous un minimum sur mes goûts, sous peine que je vous trouve ringard. Trois scénarios peuvent suivre. Si le spectacle n’est pas prêt, je vais vous épargner car je sais qu’il y a du travail. Je reviendrai, mais pas tout de suite. Sinon, je vais vous épargner en n’écrivant rien, et ne plus jamais avoir envie de vous voir sauf changement drastique de votre part. Dans le pire des cas, je vais écrire une critique négative, et ne plus jamais avoir envie de vous.

Réfléchissez-y à deux fois avant d’insister… Certains journalistes sont débordés et ont besoin de se faire harceler, d’autres non. C’est une relation commerciale : sachez à qui vous vous adressez, vos actions n’en seront que plus éclairées ! Pour cela, lisez les critiques précédentes de ces journalistes : pour qui sont-ils complaisants ou virulents ?

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