Double A défie la sclérose en plaques sur les planches

Juliette Follin 28/10/2017

Le spot du rire a assisté au showcase de Double A, Spectacle de malAAde. Le one woman show traite de la maladie de la comédienne, la sclérose en plaques. Retour sur une prestation originale jouée au théâtre de Ménilmontant.

Autant vous le dire tout net : rire sur la sclérose en plaques, c’est compliqué. On n’en a pas envie tous les quatre matins. Peut-être même à aucun moment du jour où de la nuit.

Ça, c’est le point de vue du non-malade, ou valide. Mais pour Double A, qui vit avec la maladie, le rire est une thérapie indispensable. Partager ce rire a sûrement quelque chose de vivifiant. Travestir une maladie incurable, c’est un défi culturel de taille.

Double A livre une prestation poignante

Parfois, le spectacle est rentre-dedans. Comme si la violence de la maladie revenait en boomerang sur le public. Le spectateur est amené à réfléchir sur le regard qu’il porte sur la maladie, sur l’autre. Double A joue sur nos regards de peur ou de pitié pour nous rappeler qu’un malade peut se permettre de prendre la place assise d’une personne âgée. Parce que celle-ci devrait rester debout histoire de rester en bonne santé.

A plusieurs reprises, j’ai remarqué que mon rire était le seul de la salle. D’autres moments rassemblent la salle en éclats de rire compatissants ou approbateurs. Différents niveaux de lecture et perceptions du côté dramatique de la comédie gouvernent la soirée. Le pari de faire rire sur une maladie incurable est en tout cas relevé. Difficile de trouver un spectacle comme celui-là ou de s’y préparer.

Un rythme complexe à appréhender

Showcase oblige, le spectacle peut s’améliorer. Double A aura la chance de s’y atteler car elle ira défendre sa prestation au festival d’Avignon !

L’émotion et l’accroche du spectateur sont déjà là. Reste à peaufiner le fil conducteur et la structure de l’ensemble. Un détail qui me paraît souvent moins important que le reste, mais cette fois-ci, j’ai eu du mal à identifier la fin du spectacle. Il aurait pu se conclure sur n’importe quelle idée des 20 dernières minutes, car le basculement dans l’émotion était soigné dans chaque réplique.

Une telle uniformité prouve que les idées sont là, solides, mais la progression rend l’ensemble un peu long et peut-être moins percutant. Ces petites imperfections ne sont en rien inquiétantes à ce stade du spectacle et lui promettent une évolution fructueuse. Si vous avez l’occasion, tentez l’expérience… mais contrebalancez rapidement avec un plateau d’humour pour casser la dynamique comédie dramatique, si besoin.

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© Double A

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