Camille Lavabre, brillante dans Toxic à la Petite Loge

Juliette Follin 10/11/2021

Camille Lavabre joue son nouveau spectacle à la Petite Loge depuis la rentrée. Mis en scène par Grégoire Dey et coécrit avec Florian Nardone, Toxic est la preuve que collaborer dès le lancement d’un spectacle fait gagner un temps fou. Mais la patronne reste Camille. Critique.

Toxic : Camille Lavabre ne laisse rien au hasard dans ce spectacle

La Petite Loge est une salle de rodage. Quand certains artistes veulent attirer la presse rapidement dans leur salle, Camille préfère prendre son temps. Elle l’explique dans cet épisode du super podcast TRAC :

Cette approche raisonnée conditionne tout. En effet, Camille Lavabre ne laisse rien au hasard. On découvre ainsi un spectacle précis à la fois sur la mise en scène, le jeu et le texte. Soit le combo ultime où l’artiste brille de par son talent.

Itinéraire d’une championne du rire

Pour mieux comprendre, rembobinons le magnéto de sa carrière. Contrairement à ses camarades qui se lancent, elle jouit d’une vraie notoriété. Mais avant d’être la miss météo de Canal+, elle jouait déjà un spectacle. Il s’appelait Solitude partagée et il laissait présager d’une forme d’humour entre absurde et mélancolie.

Elle le décrivait comme « le seul-en-scène d’un personnage qui fait du stand-up ». Où ça ? Dans l’émission de radio hautement qualitative mais Ô combien confidentielle, Antek on R. Comme d’autres, elle a commencé au Sonart avant de jouer à la Nouvelle Seine.

Mais lors de cette émission, il se murmurait déjà que la porte Canal+ s’ouvrait et que l’expérience de miss météo allait freiner ses ardeurs scéniques.

Nouveau départ avec Toxic : quand la comédienne devient stand-uppeuse reconnue

Vous l’aurez compris : le premier départ de Camille Lavabre en stand-up a été quelque peu avorté. Après cette absence, elle revenait petit à petit au Paname Art Café. Je me demandais alors ce qu’elle nous réservait. En intégrant la Petite Loge, j’ai compris qu’il fallait revenir la voir.

À la Nouvelle Seine, son personnage scénique marquait une distance qui ne lui rendait pas service. On voyait le potentiel, mais c’était assez similaire aux débuts de Rosa Bursztein. Il fallait opérer la transition entre la comédienne et l’humoriste.

Camille Lavabre n’a pas eu besoin de roder trop longtemps à la Petite Loge avant de proposer une expérience scénique bien plus qualitative. Outre la technique irréprochable, elle fend le masque et casse l’image qu’elle a construite. Cette protection superflue en stand-up l’empêchait sûrement de communier avec son public.

De quoi parle le spectacle de Camille Lavabre ?

Je n’avais aucune idée de ce que j’allais voir. Le spectacle évoque les relations toxiques avec en toile de fond la pop-culture et un écrin marseillais, saupoudré de rayon charcuterie en grande surface. Autant vous dire que l’expérience est assez unique, tout comme sa présence sur scène.

Sur le papier, ce n’est pas forcément le spectacle qui m’attirait le plus. Artiste déjà bien installée, Camille Lavabre ne se hissait pas en tête de ma liste de soirées stand-up. Mais la comédienne et humoriste a su me convaincre et m’offrir une deuxième rencontre avec elle, quatre ans après.

Toxic : que retirer du spectacle de Camille Lavabre à la Petite Loge ?

Chez Camille Lavabre, il y a la science générationnelle d’une Morgane Cadignan, l’aura scénique d’une grande artiste et un absurde bien à elle. Toxic est un spectacle original, bien ficelé et parfois déroutant sur l’introspection. Le cerveau refuse d’assimiler qu’elle ait pu subir des relations toxiques, et quelques jours plus tard, cela me semble insupportable. C’est assez rare d’avoir une expérience de spectacle qui dure autant de temps, entre la légèreté des blagues, la force et la vulnérabilité d’une femme puissante, pour emprunter la formule à Léa Salamé.

Curieux ou fan de la première heure, vous passerez donc un très bon moment, qui vous marquera même si vous êtes du genre empathique. Une autre faisait cela : Blanche Gardin. Mais pas de comparaison hâtive chez nous : la plume et l’interprétation de Camille Lavabre sont bien authentiques.

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