La découverte du mois – Mars 2021 – Urbain

Juliette Follin 10/03/2021

Urbain est l’une des personnes les plus connues du microcosme du stand-up. C’est aussi « le gars de Topito », 50% du podcast Plutôt caustique et bien d’autres choses encore. On fait le point sur ce talent que vous connaissez déjà probablement, mais qui fait rarement l’objet de portraits…

Urbain ou celui qui a l’air de faire du mainstream

Quand il jouait sur scène sous son nom complet, Urbain représentait le stand-upper pur et dur. Physique passe-partout, caractère prononcé, blagues sur le fait de devenir parisien qui va dans un bar pour prendre une bière… C’était sympa, bien construit mais cela ne sortait pas du lot. Juste agréable. Mais nous étions alors en 2015 et tout paraissait un peu plus original que maintenant.

Si vous êtes un habitué des vidéos de Topito, vous l’avez forcément vu sans le savoir. Aussi habile pour produire de la qualité que de la quantité, Urbain semble ni plus ni moins vouer sa vie à l’humour. Avec comme particularité de capter les aspirations de sa génération avec beaucoup de justesse.

…mais qui se révèle plus fin qu’il n’y paraît !

Au delà de répondre aux attentes de son public, Urbain est aussi capable d’être radical, caustique… tout en conservant ce grain qui parle à une génération habituée aux codes (de) Netflix.

Avec sa nouvelle affiche qui rappelle visuellement les séries TV et le stand-up à l’américaine, le décor est planté. Ça rode comme aux States, et en prime, ça se passe au BO Saint-Martin. Là-bas, il côtoie les Alexandre Kominek et autres Clément K. Avant eux, il y avait Seb Mellia (qui troquait la bière contre l’Ice Tea) ou encore Jonathan O’Donnell.

Bref, des mecs efficaces, qui font rire un public varié et qui, pour certains, n’hésitent pas à s’engager sans trop en faire. Parce que c’est l’humour qui prime, ces artistes sont des amuseurs qui ne se prennent pas au sérieux… Mais, s’il faut le faire, ils le peuvent.

C’est notamment un passage sur Internet qui m’a fait aimer davantage Urbain. Je l’ai vu aux Écuries (encore un lieu génial pour le stand-up) à une soirée de Sacha Béhar et Augustin Shackelpopoulos. Quelques temps plus tard, il le jouait à son premier Montreux.

Que voit-on ? Un stand-upper expérimenté, qui comme Rémi Boyes, a appris à monter sur scène comme s’il parlait simplement au public. En d’autres termes : amuser avec le plus de naturel possible, sur tous les sujets possibles et imaginables.

Bonus : avec Plutôt caustique, Urbain change d’univers et offre une expérience loufoque

Avec son acolyte Clément, Urbain partage ses péripéties très régulièrement. Les deux compères se vouvoient avec beaucoup de complicité, parlent aussi intensément de François Cluzet et de périples à risque en Suède… Un podcast de copains sans queue ni tête hyper-référencé, dans lequel vous rentrez pour ne plus jamais en sortir.

Au premier abord, cela ressemble un peu à Sympa la vie — et quelque part, je ne pouvais pas écouter les deux en même temps. Sympa la vie a dû s’éclipser pour me laisser voguer vers Plutôt caustique. Comme Plutôt caustique, j’ai parfois du mal à décrire Urbain. Parce que cet humoriste scrute tout, analyse tout comme un ordinateur. Comme un Thomas Wiesel, il roaste et ironise plus vite que son ombre. Quelque part, cela peut amener le public à le craindre, à faire un pas de côté avant de le découvrir. Et tout à coup, car il est partout, on finit par écouter Urbain.

Au fil de ses apparitions en vidéo ou en podcast, il convainc méthodiquement le public, spectateur par spectateur. Là où d’autres sont plus clivants et provoquent soit l’adhésion ou l’aversion immédiate, Urbain peut plaire au plus grand nombre sans être lisse. Et si c’était ça, le secret pour être un humoriste reconnu ?

Crédits photo

Urbain à la Cigale © Thomas O’Brien / Paname Art Café

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