Le spot du rire fête ses 3 ans !

Juliette Follin 10/06/2020

Ça y est, on a 3 ans ! On n’imaginait pas fêter ce nouvel anniversaire du spot du rire dans ces circonstances. Le flou artistique autour du sort du spectacle vivant est indéniable. Cependant, je voulais vous offrir un peu d’espoir pour la suite.

3 ans : trop tôt pour prédire le futur des nouveaux talents

Vous le savez, Le spot du rire est mon deuxième projet autour des jeunes talents. Après 3 ans à gérer ChequeredFlags, je me préparais encore à rencontrer Carlos Sainz, un jeune prodige de la discipline. Sa pointe de vitesse était indéniable. Son nom était si mythique qu’il accolait un « Junior » à la fin de son patronyme. Car son père n’était autre que la légende Carlos Sainz, un double champion du monde des rallyes.

Il aurait été simple pour Carlito de suivre la trajectoire de son père. Mais il a préféré l’asphalte des circuits à la terre et aux routes étroites des rallyes. Un choix que je trouvais à l’époque audacieux, et qui me faisait admirer grandement celui que je voyais déjà capable de faire partie intégrante de son sport. Nous sommes alors en 2013, et il me faudra encore attendre un an pour adresser la parole à ce garçon.

La rencontre

Mai 2014. La scène se passe en Belgique, et Carlos, malgré ses 19 ans, en impose déjà. Je savoure l’opportunité de dialoguer avec un homme en construction, à l’héritage familial conséquent. Une fille me dit que j’ai de la chance : Carlos Sainz est plutôt beau gosse. Il faut croire que nous ne partageons pas les mêmes priorités.

Au fil des années, Carlos a continué sa route. Pourtant, elle était sacrément mal indiquée. Au début, tout se passe bien : il gagne le championnat, dont les deux courses que je couvre en Belgique. Cela le propulse dans la catégorie reine.

Ensuite, ça commence à se corser. À son arrivée dans la catégorie reine, les observateurs l’attendent au tournant, dégainant une pluie de critiques. Jacques Villeneuve, consultant Canal+ et ancien champion du monde, passe son temps à singer sa jeunesse et sa fougue. Il est vrai que Carlos est parfois brouillon, sanguin. Or moi, j’y crois encore. Je sais ce que j’ai vu sur le terrain, quand Jacques jouait probablement à l’une de ses nombreuses consoles de rétro-gaming.

Après deux ans dans une équipe de jeunes pilotes, il voit l’un de ses camarades lui ôter son volant des mains. Il rebondit dans une équipe jaune (nous ne sommes pas dans Koh Lanta, mais je simplifie pour vous). Or l’équipe jaune, en quête d’un nouveau souffle et d’un leader charismatique, arrive à voler à l’équipe bleue un pilote d’envergure, un vainqueur de Grand Prix, qui force Carlos à prendre la porte. Son avenir dans la discipline est alors menacé…

En quête du bon coloris

Il se retrouve donc à la fin des soldes à devoir renouveler sa garde-robe, et il ne reste plus beaucoup de belles pièces à dénicher. Il chine une combinaison orange dont personne ne voulait, abandonnée négligemment par un influenceur de chez Desigual.

Étrangement, le vêtement lui va comme un gant, et il permet à sa crémerie de retrouver des couleurs. Appliqué, plus mature et expérimenté, Carlos révèle son meilleur profil. Les critiques et froncements de sourcils sont vite oubliés : le monde entier le découvre vraiment pour la première fois. Il était celui que les caméras de télévision ne filmaient plus. Or sur internet, avec son coéquipier, il devenait un Meme Lord que les plus grandes structures ne pouvaient plus ignorer.

Son nom revenait en haut de l’affiche à un moment qui semblait inutile. La crise du coronavirus passée par là, il devait prendre son mal en patience dans sa combinaison orange qui lui seyait toujours bien. Mais il faut savoir que de nombreux jeunes garçons rêvent d’une couleur : le rouge.

Le rouge, c’est le luxe, c’est la passion — il n’y a rien de plus prestigieux. On promet le rouge à ces jeunes loups assoiffés de victoire, mais peu réussissent à en acquérir.

Carlos, lui, a saisi l’occasion en or qui se présentait. En mai 2020, le monde entier apprenait que le gamin que j’avais interviewé 6 ans plus tôt allait courir chez Ferrari. J’avais gagné mon pari en donnant la parole à un talent en qui je croyais déjà, mais ignoré par le reste du monde.

Que se passera-t-il dans 3 à 6 ans ?

Si je vous raconte cette histoire, c’est parce que je me réjouis de l’avenir. Je sais qu’aujourd’hui, les gens que je mets en lumière n’intéressent pas grand-monde. Peut-être que certains ne croient pas en eux. Eux-mêmes doutent en permanence, et se demandent même s’ils veulent arrêter.

J’ai même vu l’un de ces humoristes rédiger une lettre pour annoncer sa retraite de comique, datée à 2021. Pensez-vous que Carlos Sainz Jr aurait perdu son temps à écrire cela sur son mur Facebook pour gratter deux-trois « J’aime » ? Non, bien sûr que non. Et pendant que cet humoriste perdait des minutes précieuses, Carlos, lui, continuait à s’entraîner. Il rongeait son frein sans se morfondre, prêt à saisir l’opportunité du siècle.

Si je parle des jeunes comiques depuis 3 ans, c’est parce que je crois que certains d’entre eux vont réussir à percer ou devenir professionnel. D’autres n’y parviendront peut-être pas, mais ils apprendront énormément et trouveront le chemin qui leur correspond. Peu importe s’il est plein de terre, et s’il faut un peu plus d’efforts pour le pratiquer. L’important, c’est de garder espoir et d’éviter de se retrouver dans une merde internationale. Il faudra être attentif à ceux qui ont vraiment besoin d’aide pendant cette période, bien sûr. Mais rien n’est joué, il ne faut pas baisser les bras avant de livrer bataille.

J’espère que l’histoire de Carlos vous donnera du baume au cœur. Parce que pour vous comme pour moi, ce n’est que le début.

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