La fois où j’ai filé à l’anglaise pour d’autres humoristes

Juliette Follin 02/06/2019

Cela vous est-il déjà arrivé de sentir que vous deviez être ailleurs ? Plusieurs choix s’offrent à vous : rester sans rien dire, ou partir sans se retourner. J’ai choisi la même voie que les 2be3 un mardi soir pour voir d’autres humoristes. Il faisait beau, j’avais réservé dans un nouveau plateau et j’étais un peu contrariée de son changement d’horaire.

Composition d’équipes

Et puis j’ai vu les humoristes arriver un à un. Faire leur inventaire et échanger quelques mots m’a fait rapidement comprendre que j’avais été trop vite en besogne. J’ai lu en diagonale une programmation, puis une autre, avant de réaliser que les deux correspondaient à celles de la semaine d’avant et celle d’après.

Fébrile, je pars à la trace de l’annonce des humoristes présents ce jour-là. Le couperet tombe : rien ne m’emballe outre-mesure. Deux noms me sont sympathiques, mais le cœur n’y est plus. En plus, d’autres événements me font tourner la tête. Je prétexte en mentant avec les pieds que j’ai réservé autre part. Rien n’est plus faux.

La réalité, c’était que mes 2 interlocuteurs sont assez drôles. Je ne voulais pas les froisser, surtout à une demi-heure de leur passage sur scène. Il y avait suffisamment de réservations pour ne pas me sentir coupable. Alors, où vais-je ?

Perdue parmi les humoristes et les comedy clubs

J’ai annoncé fièrement que j’irai au 33 Comedy. Pourtant, arrivée au métro, je me souviens que la Cave à Vannes a aussi lieu ce soir. Chouette, c’est dans dix minutes à deux stations de métro. Plus près de chez moi, cette soirée remporte la course d’orientation que j’ai organisée toute seule. Je laisse le Jardin Sauvage derrière moi, même si j’adore l’atmosphère du plateau. J’enverrai un mot d’excuse à l’organisatrice et lui promettrai de revenir la semaine suivante. Là, j’ai bien le line-up en tête !

Je cours, et je me trompe d’adresse. Au loin, je vois les humoristes qui attirent du public. Mince, cet événement va-t-il être annulé comme tant d’autres en ce moment ? Après un retard d’une demi-heure (je n’en attendais pas moins), le show démarre.

Le destin va logiquement me punir de ma fugue originelle. Certes, le line-up sera respecté. Adrien Arnoux, hilare dans l’escalier en attendant son tour, livrera de nouvelles blagues (je vous jure !). Cyril Hives fera le job. Pierre Thevenoux, si souvent annoncé, et pourtant excusé en raison d’un calendrier de ministre, assurera une performance béton. Même une quinte de toux persistante ne l’a pas attiré vers le bide. C’était pourtant difficile de revenir à son niveau de forme, mais il était imperturbable. Le métier est rentré.

Soirées imparfaites

Bon, quel était le problème de cette soirée, imparfaite comme tant d’autres ? Une durée de deux heures, déjà. Avec l’expérience, j’aurais dû le prévoir puisqu’il y avait au moins 8 humoristes annoncés. C’est trop. Et malheureusement, parmi des passages de qualité, une sorte de trou noir.

On peut commencer la scène et ne pas être drôle. C’est excusable, voire logique. En revanche, imiter du stand-up avec un patchwork de sujets exécuté avec les pieds, ça me contrarie plus. Surtout quand on s’accroche au micro pendant 20 minutes à la fin de la soirée. On organise, on se met bien dans l’ordre de passage, mais on n’est pas au rendez-vous.

Dommage, cela manquait juste d’aller chercher du contenu plus authentique. Rien d’insurmontable, mais il faut accepter que l’on se plante d’angle. Ne pas se décourager par la critique, l’ignorer et faire son trou. Si vous perdez confiance parce que vous lisez ces lignes, vous commettez une énorme erreur. Encore une fois, je me répète mais ce message doit passer : cela ne dure qu’un temps. Vous finirez par trouver le truc, mais si vous arrêtez, ce ne sera pas à cause de moi. Tâtonnez, d’accord, mais pensez au public.

Résultat des courses : j’ai encore filé à l’anglaise au moment des actualités. Je mets encore de l’argent dans le chapeau même si je suis invitée partout, mais là, c’était au-dessus de mes forces. J’ai dit à certains humoristes que j’ai aimés que je leur paierai un coup. L’équilibre se fera ici.

Crédits photo

Yacine Belhousse et Fadily Camara à la Nouvelle Seine © Betty Durieux. Pour information, cette photo et les personnes qui y posent n’ont rien à voir avec ce récit.

A propos de l'auteur