Timide ou introverti et humoriste stand-up : un avantage ?

Juliette Follin 09/03/2019

Dans l’émission Dans la tête d’un timide, l’humoriste Thomas Wiesel est formel : oui, vous pouvez faire de la scène en étant timide. Au spot du rire, on est au courant.

Mais personne n’a jamais vraiment expliqué pourquoi cela fonctionne. Pourquoi des artistes comme Paul Dechavanne triomphent-ils avec leur introversion ? Vous allez le découvrir très vite…

On me demande régulièrement comment les introvertis peuvent monter sur scène, surtout quand j’évoque mon expérience personnelle. C’est l’occasion d’en parler pour de bon ! En plus, en tant que timide, j’ai vraiment trouvé cette émission de qualité. Et j’ai quelques anecdotes d’empowerment en stock.

D’ailleurs, pour certains humoristes comme Miri, vaincre sa timidité par l’humour devient une composante du développement personnel…

Timide et humoriste : comment ça marche ?

Ce samedi, je profite encore une fois du service public… suisse. Le français, on voit ce que ça donne, mais l’heure n’est pas à la polémique. Après avoir regardé religieusement le dernier épisode de Mauvaise langue, je tombe sur le compte Instagram de Thomas Wiesel et sa dernière publication.

Ni une, ni deux, je commence à regarder. Il faut dire que l’humoriste suisse, passé par Paris la semaine dernière, n’a jamais caché son introversion. Dans ses blagues comme dans ses tenues, c’est une marque de fabrique qui attire la sympathie, l’affection et les rires.

A titre personnel, ça me fait du bien de voir des humoristes comme cela. Comme le soulignait Paul Dechavanne dans Sympa la vie, il y a un côté rassurant à voir des humoristes réservés. Il y a de tout, et on n’est pas obligé de parcourir l’équivalent de 12 stades de football en hurlant ses blagues vues et revues dans un spectacle comique (coucou Djal).

Les plus pour le public

Pour le spectateur, c’est aussi agréable : plus les humoristes sont différents, plus ils vont refléter la diversité des gens et permettre à des gens dans le public de se sentir bien dans la société.

Ça vous parait fou ? Je l’ai vécu, pourtant. D’ailleurs, c’est drôle que Thomas Wiesel en parle : ça me rappelle l’anxiété sociale ressentie au début, quand j’allais dans les plateaux d’humour. Quand je l’ai rencontré, j’ai vécu à nouveau ça (je vous le raconte ici).

Avant de lire la suite, petit spoiler : je vais surtout vous raconter ma vie dans les lignes qui suivent. Si vous voulez d’autres anecdotes sur l’humour, je vous conseille de parcourir le blog.

Timide, mais prête pour une confidence

Quand j’ai lancé ce site, je n’ai pas vu le regard des autres changer tout de suite. Certains savent que c’était une réaction d’orgueil : je ne voulais plus subir de regards accusateurs, à juger ce statut de groupie. J’ai mis un temps fou à faire la paix avec ces choses-là. Maintenant, dès que je croise Certe Mathurin, il me dit que je n’ai plus du tout le même comportement, et que je ne suis plus voutée. D’autres disent me craindre pour mes critiques cash. Ce n’est pas vraiment un retournement de situation, c’est juste que ça a fini par éclore.

Sans vous mentir, j’étais en flippe de l’acceptation des autres. J’avais peur au travail comme à la sortie des scènes ouvertes ; je trouvais que toute la société n’était pas tendre avec ceux qui n’ont pas d’aisance sociale. Dès que j’ai commencé à traîner à Paris, j’ai ressenti cette difficulté à m’intégrer à cette ville. L’humour était pour moi salvateur, une sorte de renaissance, mais ça a pris du temps et ça reste difficile.

De timide à sans-filtre

Pourquoi vous partager cela ? Là, je viens de quitter Koober – vous savez, la société pour laquelle j’ai failli arrêté le site. J’aurais eu l’air maligne. C’est là où les bienfaits du stand-up sur ma vie sociale ont le plus porté leurs fruits. Ce n’était pas gagné d’avance, mais tous ces gens ont accepté mes blagues (ils en pondaient une quantité astronomique), ma personnalité sans filtre et le reste.

Pour revenir à l’humour, même si je ne monte plus sur scène, c’est vraiment un environnement propice à la construction de soi-même. Vous croisez des gens qui regardent leurs névroses en face. Ils ne les cachent pas pour en tirer des bénéfices professionnels ou personnels. C’est un appel d’air dont on a vraiment besoin.

C’est pour ça que vendredi soir, j’ai vu le spectacle de Nadim avec un enthousiasme plus grand que jamais. Et samedi soir, je me rends encore à La petite loge pour m’extasier devant la prestation d’Aude Alisque (c’est complet !). Ces deux formes de folie sont d’une humanité et d’une sincérité remarquables.

Je continuerai à me battre pour les promouvoir, car c’est ce qui m’a sauvé il y a maintenant plus de deux ans. Et tant pis si le journaliste du Parisien n’avait attribué que 3 étoiles au spectacle de Jean-Philippe de Tinguy #genèse pour cause de « manque flagrant de confiance en lui » (sic !). C’était ça que je suis allée chercher, alors vous pouvez remballer vos critiques WTF, les gars.

Bonus : le témoignage de Panayotis Pascot

Crédits photo

© Betty Durieux

A propos de l'auteur