Vers les 1 an du spot du rire – Nos étoiles du rire

Juliette Follin 27/05/2018

Il est l’heure d’ouvrir le second volet de la saga des humoristes qui ont compté pour moi cette année. Après les découvertes, je voulais revenir sur ma rencontre avec deux artistes que j’ai choisi de mettre en avant sur le site : Marion Mezadorian et Jean-Philippe de Tinguy. Je ne vous l’avais jamais raconté ; c’est donc l’occasion parfaite de relater ces rencontres !

Marion Mezadorian et ses pépites

Marion Mezadorian est une personnalité à part. Indéniablement celle qui m’a le plus plu humainement dans ce milieu humoristique. Oui, vous auriez peut-être pensé qu’un autre nom sortirait (mais soyez patients, ça va arriver). Je vous explique.

Dans le métro parisien, je lève la tête et j’aperçois une collection de visages mornes. Je les imagine peut-être penser « c’était mieux avant » ou « je veux tuer mon boss ». Ce ne sont que des possibilités, aucune étude scientifique est venue entériner tout cela. Et puis je rencontre Marion, la pépite parmi toutes les pépites.

Cette stakhanoviste de l’humour ne se ménage pas. Autoproduite, elle s’est démenée pour monter sa tournée. C’est pour cette raison que vous avez pu la voir aux quatre coins de la France (en dépit de la grève SNCF !). Je ne vous ai pas encore livré tous les détails de ce parcours, mais cela aurait pu faire un documentaire génialissime à capturer. Tiens, une idée en plus pour l’avenir.

La première fois que j’ai vu Marion…

J’ai eu une rencontre en deux temps avec Marion. D’abord, je l’ai découverte à Bobino, au Festival d’Humour de Paris le 17 janvier de l’année dernière. Le lendemain, j’allais la voir au bar les Ecuries pour l’enregistrement du deuxième Lève-toi et vanne, la scène-ouverte de Radio Nova (dont j’espère le retour un jour…). A l’époque, je n’étais pas vraiment intégrée au milieu de l’humour, donc on n’a pas discuté.

Le 21 avril, j’ai sauté le pas pour la voir en spectacle d’une heure. J’ai retrouvé ce que j’avais aperçu en scène ouverte. Et comme tout le monde, j’ai failli craquer pendant le spectacle. Ce n’était pas triste, c’était beau. Après le spectacle, elle a l’habitude de faire le tour de tout le public resté et leur propose de prolonger l’expérience. Le style Mezadorian : bonne humeur toujours apparente, bonheur de voir les gens allés jusqu’à elle.

Immédiatement, elle m’adopte, elle m’adoube. Sa manière d’entrer en contact avec les autres me fascine. Je l’envie de savoir le faire avec tant de naturel et de décontraction. C’est à elle que j’ai parlé du spot du rire en premier et c’est à elle que je parle de nombreux projets. Je lui fais totalement confiance pour me motiver et me rassurer quand j’ai une idée, parce que c’est la meilleure personne que je connaisse pour vous booster. Alors, j’essaie de lui rendre un peu cela, mais le fait de ne pas vivre la vie d’artiste me bride peut-être pour apporter un vrai soutien ? Enfin, elle prend avec beaucoup d’entrain tout soutien, donc une lèche-bottes comme moi en profite !

Récemment, je me suis dit qu’il fallait plus de spectacles comme celui-ci… Mais pour cela, il faut en parler ! Alors, les critiques abonnés à la culture ont intérêt de se sortir les doigts pour couvrir tout ça et tapoter des bons mots sur leur clavier. Sinon, je leur prends leur travail. Vous êtes prévenus.

Jean-Philippe de Tinguy, what else?

Si vous ne savez toujours pas qui est Jean-Philippe de Tinguy, je vous renvoie à sa biographie et son interview sur le site. Croyez-moi que si un jour, il a une page Wikipédia, j’en serai l’auteur initial. Je vais simplement faire comme pour Marion : vous raconter la première fois que je l’ai vu !

La première fois que j’ai vu Jean-Philippe…

J’ai mis un peu de temps entre la découverte de l’existence du spectacle de Jean-Philippe et l’achat de billets. De mémoire, deux semaines, mais ce n’est pas très daté. J’ai longuement hésité avant de sauter le pas. J’amenais une amie et je ne voulais pas qu’elle soit déçue. Après tout, c’est une prise de risque d’aller voir un humoriste méconnu, surtout quand on n’a jamais rien vu de lui. Même pas sa tête, simplement l’affiche illustrée. Vous savez, celle qui fait que l’on me dit toujours : « je ne l’imaginais pas du tout avec sa tête ». C’est peut-être de là d’où vient l’expression « trop bizarre d’avoir un visage »…

C’était un samedi d’août, il faisait 35 degrés. Généralement, je ne suis plus vraiment consciente à partir de 29 degrés, donc il fallait s’accrocher. La régisseuse de la salle de spectacle nous a donné des éventails pour survivre à l’heure de spectacle. Je dois aussi dire que c’était la première fois que je découvrais La Petite Loge, qui a accueilli Gaspard Proust avant son explosion médiatique. Excusez du peu.

Conversations névrosées : acte I

Tickets jaunes en main, nous entrons. Pas de doute : il s’agit bien de la plus petite salle de la capitale ! Le rideau est troué, je suggère à mon amie Virginie de regarder à l’intérieur, ou d’y glisser le doigt – il s’agit là encore d’un souvenir vague. Evidemment, j’ai choisi le premier rang. Fayote un jour, fayote toujours.

Quand il arrive sur scène, Jean-Philippe relève l’anecdote du rideau, et aujourd’hui, je n’ai plus aucune idée de ce que j’ai pu raconter d’autre avant le spectacle. Les éventails qui nous ont été exceptionnellement distribués le distraient peut-être, mais il semble hésiter. De mon côté, j’ai peur d’avoir déçu mon amie, alors, j’oublie de lâcher prise. Elle rit pourtant, et moi, je découvre de belles références : La cité de la peur, les Que sais-je ? sur les nouvelles technologies et bien sûr l’utilisation de ma chanson préférée de Daft Punk, avec mon fruit préféré, la banane. La machine est lancée, mais je reste sur ma faim. Plus tard, je comprendrais que comme la notion du temps est altérée dans le spectacle (on ne voit pas le temps passer), j’ai l’impression de voir seulement quinze minutes de création artistique alors que l’heure est bien remplie !

Conversations névrosées : acte II

Au terme du spectacle, Virginie n’est pas pressée, alors nous discutons dans la rue. Jean-Philippe déboule alors avec cette banane entamée lors du show. Ce qui suit est le premier moment d’une lignée de conversations étranges qui caractérisent nos échanges. L’incompréhension règne, je me suis réglée sur le mode « premier degré ». Je ne comprends pas tout, je ne sais pas s’il me faut livrer de bonnes ou de mauvaises réponses.

– Vous êtes venues comment ?
– Euh… en métro ?

Le rire prend alors place. Je finis par expliquer que je vais découvrir des spectacles et que j’invite Virginie pour l’occasion.

Le lundi suivant, la canicule a disparu. Je reprends donc le plein usage de mon esprit et je vois que Virginie a beaucoup plus apprécié que moi. Je me dis que quelque chose cloche dans mon jugement, donc je vais sur YouTube et je découvre Bien clair entre nous. Là, je comprends tout, alors je donne une deuxième chance le samedi suivant. Je reviendrai deux autres fois avant la fin de sa programmation dans cette salle. Après, j’ai arrêté de compter. « Ça vaut mieux pour tout le monde. »

Conclusion

Ainsi s’achève ce flashback. Comme vous pouvez le constater, je pourrais me rouler par terre assez longtemps pour que ces deux personnes puissent jouer leur spectacle devant un public averti, convaincu et nombreux. Heureusement, il s’agit d’une image : je crains que cette action soit même contreproductive.

Bon, il faut que je l’avoue : je suis capable d’écrire à Emmanuel Macron et lui proposer de découvrir ces spectacles pour se détendre. J’aimerais vous dire que je n’ai pas eu l’idée… mais si, et j’étais même très convaincue ! Genre : « Tu te souviens, quand ton bon vieux pote Jean-Marc Dumontet t’a apporté un soutien, y a moyen de moyenner, mec ! » Comme Jean-Philippe a terminé son spectacle au Point Virgule l’été dernier, je peux même dater cette idée à juste après son élection…

Encore une preuve que ce que vous lisez sur le spot du rire, vous ne le verrez nulle part ailleurs. Merci de votre fidélité cette année, c’était très agréable de partager cette passion avec vous !

Crédits photo

Marion, Jean-Philippe et David Bosteli © Marion Mezadorian / Le Point Virgule on the Road

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