C’est tout pour moi : Nawell Madani livre un film touchant

Juliette Follin 02/12/2017

Le spot du rire a été voir C’est tout pour moi, le film qui s’inspire de l’ascension de Nawell Madani. L’humoriste livre un portrait touchant du parcours de Lila vers le succès, un parcours semé d’embûches.

Un film à mi-chemin entre stand-up et personnages

Comme dans le stand-up, le spectateur s’amuse à décortiquer ce qui est vrai et ce qui est romancé. Le tout est assez bien mélangé : on retrouve Wary Nichen qui joue son propre rôle, mais d’autres humoristes comme Tareek ou Jo Brami incarnent des personnages. L’affiche du spectacle de Lila, c’est une adaptation de l’affiche du spectacle de Nawell avec les textes qui changent, etc.

Les lieux sont aussi mêlés entre le réel et la fiction. Le Stand-Up Show, c’est le Jamel Comedy Club… tandis que le Café Oscar reste le Café Oscar. On voit même la patronne des lieux se faufiler discrètement sur plusieurs plans. Pour un amateur d’humour, c’est agréable de voir ces moments et lieux d’éclosion d’artistes.

Vu par les humoristes : Arezki Chougar, Fabien Guilbaud, Emma de Foucaud et Gabriel Francès critiquent le film

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Un portrait des rapports humains dans le milieu assez fidèle…

Côté personnages, on profite d’un florilège de portraits finement dressés. Le producteur qui voit en toi une pépite un temps, et qui veut ta peau dès que la machine s’enraye. Un père qui veut protéger et préserver une fille ayant envie d’un autre destin, et qui finit par lâcher du lest. La clique d’humoristes qui fustige la nouvelle venue, vexée de voir un talent frais la devancer. La perception altérée de la vulgarité des blagues balancées par un homme et une femme. Et Lila, qui tombe dans les pièges du destin mais se relève toujours, ne s’avoue jamais vaincue.

Ces portraits sont vraiment réussis et touchent au cœur des problématiques des milieux de pouvoir où la gloire fait rêver tant d’âmes.

…Mais une description du milieu du stand-up quelque peu réductrice

Un bémol : pour romancer la narration, le film caricature légèrement le milieu du stand-up. Lorsque Lila dit qu’elle en a marre de se faire voler ses vannes, elle stoppe le stand-up pour monter un seul-en-scène. C’est opposer deux genres qui s’entrecroisent, c’est avancer que les personnes qui créent des personnages ne peuvent rien voler.

Ce raccourci est quelque peu dommageable, et il peut renforcer l’idée que le stand-up n’est pas un art, et ce serait dommage. Comme dans tous les milieux, il y a des choses qui ne se disent pas, des intimidations diverses… mais aussi des gens qui sont sincères dans leur démarche. Le public le voit : il y aura toujours des gens qui se prétendront ouverts, sincères, mais qui n’osent pas regarder dans les yeux dans le processus. D’un autre côté, il y aura aussi des artistes qui arrivent à être vrais, qui enflamment les salles pour les bonnes raisons.

On comprend que ce raccourci ne sert qu’à la narration, au genre cinématographique. On en apprend plus sur la promotion du film à la radio. Pour se faire une meilleure idée, attendons les documentaires sur la scène actuelle. Ça travaille en coulisses.

C’est tout pour moi : la bande-annonce

C’est tout pour moi : en salles depuis le 29 novembre. Crédit photo : © UGC / Capture d’écran de la bande-annonce.

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